Le Lac des Rêves

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Toujours envie de dormir. Toujours envie de fermer les yeux sur le monde qui nous entoure. Toujours envie de voir autre chose que l'extérieur de notre esprit. Toujours à un cil des rêves, à un pas du cauchemar, à un saut de l'insomnie.

Et pourtant. Tout comme la chute, plus long est le sommeil, plus dur est le réveil. Oh, comme on souhaiterait se recoucher. Cinq minutes de plus, dix, trente, une heure... Tout pour ne pas devoir retourner marcher au milieu des autres. Tout pour ne pas quitter notre bouclier de rêves éphémères.

A l'arme que l'on tient dans ceux-ci, on compare la lourdeur de nos sacs. Aux quêtes fantaisistes, le travail, les devoirs, la paperasse. Quant aux ennemis sans visage, ils sont partout. On ne les compare qu'à eux même. Mais à chaque charges victorieuses que l'on mène contre eux durant les heures du sommeil, on s'épuise un peu plus pour le combat à l’extérieur.

Alors, une fois dehors, on repousse. Plus tard. Je ferais ça dans une heure. Je ferais ça demain. J'ai le temps, et puis, j'ai envie de dormir là…

Et puis on réalise d'un coup qu'on est sur le fil. L'échéance se rapproche trop vite. Le sol aussi. Les ailes du sommeil nous ont quitté. Les rêves se sont effacés. La panique nous saisit à la gorge comme cent mains glacées.

Toutefois, on ne bouge pas. On ne bouge plus. Toujours paralysé par le sommeil, par la panique, par l'hypothermie d'un monde bien trop froid. On ne réagit plus au monde extérieur. On essaye de s'évader. On tente de s'enfuir dans des rêves qui s'étiolent de plus en plus rapidement. Le réveil est toujours plus difficile. La main qui éteint le réveil devient plus lourde.

Mais c'est toujours plus tentant de replonger.

La réalité est au bord du lac des rêves et à force de plonger dans ses eaux, on en oublie où se trouve la surface. Toujours plus loin, toujours plus longtemps. On retient sa respiration non plus sous l'eau, mais sur terre. Petit à petit, on devient un personnage de rêve, une sirène dans le lac. Mais on en oublie que l'on a pas été conçu pour ça.

Nos poumons s'écrasent, nos lèvres s'assèchent. Notre dos courbe toujours plus sous la charge extérieure qui s'accumule. Le vent terrestre semble toujours nous pousser à l'eau, toujours plus loin de la rive.

Jusqu'au jour où celle-ci disparaît, ne laissant derrière elle que l'eau placide. On part dans nos rêves, en laissant notre corps dans le froid. On en meurt petit à petit, le sourire aux lèvres, la peau bleuie mais avec des yeux brillant d'étoiles fictives aux paupières ensommeillées.

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