La Toc au taquet

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Je peux quand même faire du cadre ;) 

 C'est comme ça qu'on a toujours fini par m'appeler : la Toc... Très sympa !
 Chaque fois que j'y pense j'aggrave mon alopécie : trichotillomanie !

 Ouais, ben on fait ce qu'on peut !

 C'est pour ça que je ne veux personne dans ma vie. Etre jugée, enjointe, agressée ou la cible de pitié... C'est bon, ça ne m'aide pas !

 C'est mieux si je ne me relève pas ; ce serait comme un progrès ? Et je suis sûre que j'ai fermé la porte, je me revois tourner la clef et secouer la poignée. Ce n'est pas la peine que je me relève !   

 Rohh ! Mais voilà, il me manque encore quelques poils sur la tête, je ne m'en rends même plus compte, maintenant, quand mes doigts saisissent un cheveux et l'arrache d'un coup sec et puis ça ne me calme plus.

 C'est cette porte !
 Je la ferme tous les soirs, peut-être que là, c'est un souvenir érroné, qu'elle est ouverte...

 Bon, les progrès c'est un jour après l'autre, de toute façon, je n'ai plus de valium, si je ne me relève pas, je n'aurais plus rien à arracher demain.

 Il est déjà onze heure, le carrelage est froid et bien évidemment, elle est fermée cette porte ! Evidemment !

 Ici et maintenant... Le poids de mon corps sur le lit... détendre les épaules... relacher le masque du visage... respirer avec le ventr...

 Je lui avait dit : "Une tranche de conté, une belle tranche bien régulière..."
 Il l'a cassé ! Et il trouve encore le moyen de me dire que ça a le même gout ! Je crois bien que je lui ai souri à cet empoté... J'aurais préféré le mordre tient !

 Bon sang ! Lâche ce putain de cheveux !

 Raah ! Vider sa tête... respire...
 Je suis épuisée...

*

 Non ! Non ! NON ! Je suis fatiguée, je ne vais pas me lever !
 Qui se lève à quatre heures lorsqu'il n'a pas d'emploi .

 Non ! Allez ! Dors ! Et cale tes mains sous tes fesses ! Respire... avec le ventre... vide ta têt...

 Il faudra que je m'attaque à la poussière du salon. Lorsque le soleil frappe en biais, je la vois toute cette poussière dans son rayon de lumière... Ces particules qui se déposent sans cesse. D'où peuvent-elle bien venir ? Pourtant mon appartement est un laboratoire : tout ce que j'ai pu faire carreler, je l'ai fait carreler.

 Merci papa pour cet héritage inattendu et en passant merci d'être mort !

 Mes mains ne peuvent pas rester en place dès que je pense à ce salopard méprisant et radin d'amour et d'argent.

 "Je t'ai élevée et nourrie, grâce à moi tu as une belle formation de comptable, on peut pas dire que ça te serve à quelque chose avec ton handicap ! ça vient surement de ta mère... Si seulement elle t'avait emmenée !"

 Ok, je suis à fond !
 Une boule d'angoisse dont je ne pourrai pas me débarrasser creuse douloureusement mon ventre. Il est temps que je me lève, que je m'astique avant de passer à la poussière ; je mangerai plus tard, si j'ai faim et j'appellerai la pharmacie, il me faut du valium.

 Au moins, quand je brique, je n'ai pas autant de pensées intrusives. Et si j'ai de la chance, lorsque je me coucherai ce soir, avec les mains douloureuses et sèches malgré les crèmes hydratantes, lorsque la maison ne pourra dissimuler ni la moindre tache, ni la moindre salissure et qu'épuisée, encore, le valium fera taire ma tête, je pourrai dormir...

 A condition de ne pas penser à la porte, à condition de ne pas penser à la moquerie insolante sur le visage de la voisine... A condition...

 Je tire un cheveux, un seul, le temps de me rendre jusqu'aux produits ménagers... Et seigneur ! Que mon esprit se vide, enfin...

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