Agonies - 1ère partie : la solitude d'Elena

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Février 1997
 
Après plus de trois mois à être ballottée d'une famille d'accueil à l'autre, Elena s'était vue confier à ses parrain et marraine, le jeune frère de sa mère et sa femme. Le couple, déjà parents d'un petit garçon, avaient entamé la procédure d'adoption. En attendant l'accord définitif des services de la D.D.A.S.S, une assistante sociale rendrait des visites régulières aux Martin. Ceux-ci habitaient une petite ville non loin de Dijon.
La petite fille, encore meurtrie, connaissait peu ses nouveaux parents. Elle ne les voyait que deux à trois fois par an, lors de réunions familiales. Elle n'avait même pas pu assister à l'enterrement de ses parents, morts quelques jours après leur arrivée à l'hôpital.
 
Elle n'avait noué aucun lien avec les membres des différentes familles d'accueil qui l'avaient prise sous leur aile. Enfermée dans son chagrin, elle s'était bâtie une carapace que rien ni personne n'entamait. Elle s'était retranchée dans son monde intérieur. Son univers était peuplé de peurs, de tristesse et de cauchemars.
 
Le jour où elle retrouva les Martin, même son petit cousin lui parut être un étranger bien qu'elle l'adorât. Malheureusement, il lui rappelait Dorian, ce qui rajoutait à son mal-être.
 
 
Novembre 2000
 
Elena venait d'avoir quatorze ans. Une vraie jeune fille. Après quelques mois difficiles, à son arrivée dans sa nouvelle famille, elle avait peu à peu retrouvé le sourire. La vie avait repris son cours, même si ses nuits étaient encore agitées. Un cauchemar, toujours le même, ne lui laissait guère de répit. Le petit Léo avait fini par réussir à l'amadouer. Malgré tout, elle faisait en sorte de passer le moins de temps possible avec lui car, à chaque fois, elle revoyait Dorian et cela la ramenait inévitablement à ce jour fatidique de novembre 1996.
 
Ces dernières années, les jours, puis les mois et les années s'étaient écoulés dans un calme lénifiant.
 
Sa quinzième année allait marquer un tournant. En effet, la jeune fille ressemblait de plus en plus à sa mère, aussi bien physiquement que dans son caractère. Son oncle, qui faisait office de père, se mit à boire, supportant très mal ce rappel supplémentaire du décès de sa soeur. Il l'aimait tant "sa Paula". Sa femme, Nina, ne parvenait pas à le raisonner. Boire devint une occupation à temps plein et, chaque soir, il finissait par s'en prendre à Elena. Ce furent d'abord des joutes verbales car la jeune fille ne se laissait pas faire puis vinrent les coups. L'adolescente, comprenant pourquoi il agissait ainsi, ne le dénonça jamais.
Au fur et à mesure que le temps passait, elle apprit à esquiver. Elle savait que quand l'heure du dîner était passée, il était temps qu'elle se soustraie au regard de Fred. Elle regagnait alors sa chambre.
 
Les heures de classe lui apportaient un soulagement immense. Elle retrouvait ses copains et copines. Elle réussissait même à rire, comme si de rien n'était. Le rares personnes qui connaissaient son passé l'avaient surnommée "la courageuse". De courage, elle ne manquait pas, en effet.
 
Chaque jour, elle rêvait à une vie meilleure. Elle ne voulait plus rester chez ses parents adoptifs. Elle devait trouver une solution ! Elle en avait bien une à l'esprit, mais elle était trop jeune pour la mettre en oeuvre. Comment allait-elle opérer ? Combien de temps devrait-elle encore subir l'atmosphère délétère de sa nouvelle demeure ? Quand cela cesserait-il ?

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