Chapitre 27 : Innocence biodégradable

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Quelques instants auparavant, l’agitation de la foule me rendait fou. Désormais, le clapotis des rames apaisait mon cœur.

Si l’eau était une symphonie, Khárôn en était le chef d’orchestre. Il s’agrégeait autour de lui une musique fluide, composant une ode réconfortante à la gloire des flots.

Aux rames se joignirent un chœur de vagues qui immédiatement donnèrent de l’ampleur à cet orchestre naturel. Le vent, si léger quelques minutes auparavant, sifflait désormais les lamentations de cette plaine liquide.

Entendre la mer, ses remous, les vagues qui s’entrechoquent me donnaient la curieuse sensation, celle d’entendre la planète elle-même respirer.

Le mutisme était le meilleur moyen de louer la candeur de cette composition. Même si le marin et moi communièrent en silence, je savais que mon silence n’avait rien avoir avec le sien.

Le sien englobait la promesse de ne pas trahir le dôme, de respecter le sort qui m’avait été destiné. Qu’importe si ce dernier lui paraissait injuste, il s’agissait d’un silence cérémoniel qui rendait hommage au condamné.

Le mien… était simplement le silence de celui qui n’attend ni n’espère rien. Une pré-mort.

Libéré de l’espoir, mon esprit vagabondait au hasard, me hasardant à composer quelques vers pour tromper l’amertume.

Fondu pour correspondre aux moules d’autrui, on m’a détruit.

Du dépit à l’ennui au mépris, j’en ai trop vite déduit

Proches et rêves ont succombé avec mon innocence.

Empathie ? déçue ! Bonté ? Déchue ! Cousu d’ignorance.

Mon odyssée m’a redonné ce que le dôme m’a volé.

Mon voyage m’a élevé, vers l’échafaud désormais.

Pas plus peur de la mort que de l’homme. Ame en berne.

Pas plus honte d’espérer, puisque plus rien à perdre

La malice des puissants provoquera leur trépas.

Ma vengeance m’enrichie, dans ma colère je purifie.

Le seul qui me terrifie réside dans mon esprit.

Je fuis les hommes pour n’être soumis qu’à mes pas

Manipule ton prochain et trompe ta bonté

Caresse ton orgueil et souille par vanité

Quand compassion rime avec inhumanité

Fuis leur monde et sois libre d’aimer.

Fuir leur société préfabriquée, deviens libre.

Ne te laisse pas apprivoisé, deviens leur enfer.

Mords, Imprègne ta colère dans leur chair.

Mords, sois libre d’aimer, de sombrer et de vivre.

Une fois satisfait, mon regard se perdit dans le ciel où à nouveau j’eus la surprise de contempler ce même rapace qui ne m’avait jamais quitté.

Quel oiseau attendrait sa proie des jours aux abords d’une habitation humaine ? Un nécrophage est sensé guetter sa proie alors qu’elle est déjà affaiblie, pas à l’attendre au chevet de son foyer.

-Dis-moi Khárôn, on voit souvent des oiseaux arpenter la mer comme ça ?

Le passeur qui semblait jusqu’alors totalement concentré dans son œuvre, reporta son attention sur moi, suivant mon regard.

-Des oiseaux, oui. Des mouettes, des pélicans, pas de problèmes. Des comme ça, non.

Je haussais les sourcils.

-Etrange.

Khárôn dut penser que je brisais la glace en lui parlant du vautour puisqu’il enchaîna directement.

-Ton séjour parmi nous fut de courte durée, j’ose espérer que tu y as trouvé ce que tu y cherchais.

Qu’est-ce que j’y cherchais au juste ? Jusqu’à présent, je voyageais pour découvrir, m’immerger dans d’autres cultures, légitimer ma lutte pour transformer le dôme de l’œil. Lorsque j’ai appris la mort de Cyclope, la raison même de mon voyage était devenue vaine.

Un jour, je rentrerais au dôme de l’œil. Je partirais à la rencontre d’Aquifolius et lui imposerait un contact télépathique. Je lui montrerais alors tout ce que j’aurais découvert et son règne changera pour le mieux.

A supposé que mon professeur soit encore en vie à mon retour.

A supposé que le dôme lui-même…

Qu’importe, tout ceci ne sera pas vain. Si je survie à cette rencontre, j’irais jusqu’au bout, au dôme du toucher puis au dôme de l’esprit.

-Sois sans crainte, mon ami. Dès l’instant où j’ai mis les pieds dans ce dôme, mon objectif était déjà atteint.

Je dévisageais un moment le marin en prenant conscience qu’il s’agirait probablement du dernier être amical que je croiserais de ma vie.

Je décomposais alors ses gestes comme s’il s’agissait d’un rituel primordial : Il maniait sa rame avec fluidité, ses bras entrainant avec agilité la longue pièce de bois selon une chorégraphie bien précise.

En maintenant son torse bien droit et en jouant avec ses épaules, il ramait selon un rythme d’une régularité sans faille. On aurait pu croire le geste reposant tant il ne souffrait jamais de la moindre imperfection. Le clapotement de sa rame me rappelait le bruit d’une horloge. Ce métronome humain battait la pulsation de mon désarroi. Chaque « battement » me rapprochait toujours plus de la fatalité.

Dans mon désespoir, je me raccrochais à l’idée que tout était fini : j’avais le droit d’être soulagé puisque je n’avais plus rien à espérer.

Je gravais dans ma tête les traits de son visage qui, buriné par le sel marin, présentaient tantôt l’amertume tantôt la sagesse. J’enregistrais chaque mot qu’il prononçait comme s’il s’agissait d’un éloge funèbre.

Lentement, à forces d’efforts, je construisais la fin de mon existence en meublant mon esprit de souvenirs stériles.

Prenant conscience de ma propre vanité, je repris le contrôle sur la fatalité.

Penser tes actions, tes sensations comme les dernières ne fera que précipiter ta fin.

-Assez parlé de moi. Ce n’est pas tous les jours que tu pourras discuter avec un condamné. T’es-tu déjà imaginé ce que tu aimerais dire, ou entendre au seuil de ta mort ?

Le marin ria dans sa barbe avant de me rétorquer.

-Voilà ce que j’aimerais entendre. Ce que j’aimerais que mon esprit croit au moment de sa mort.

Il se racla la gorge avant de reprendre.

Tu n’as rien fait de mal, tu as fait ton devoir. C’était difficile mais tu peux être fier de toi, tu as bien vécu.

Je plantais mon regard dans le sien. Sans ciller, sans défaillir et d’une voix profonde je lui rétorquais.

-Tu n’as rien fait de mal, tu as fait ton devoir, tu peux être fier de toi, tu as bien vécu.

Khárôn marqua un temps de pause dans sa manœuvre pour réajuster son képi.

-J’aimerais m’en convaincre, ou à défaut qu’un proche me le dise.

Un sourire amusé aux lèvres, je ripostai.

-Comment peux-tu dire que l’on n’est pas proche ? Tu es probablement la personne qui accompagne mes derniers instants. Qui d’autre saurait être qualifié de proche ?

Je surpris le marin en train d’étirer ses bras, réajuster les plis de son veston, rajouter un tas de gestes absent de sa routine habituelle. La traversée ne représentait pour lui aucune difficulté, c’était bien pour profiter de ma compagnie qu’il retenait sa progression.

-Je pense que tu te trompes. Ce n’est qu’un rapport froid, éteint. J’utilise les morts pour travailler et les morts m’utilisent pour partir. Ce n’est qu’un rapport d’utilité.

Mon regard se promenait sur le rivage au loin. La vue paradisiaque qui m’avait tant émerveillé était maintenant synonyme d’effroi. Le sable chaud, la mer d’un bleu azur, la douce brise portant la chaleur de contrées lointaine, tout ceci me ramenait à l’imminence de ma mort prochaine.

-Tu aimerais bien continuer à le croire. Tu ferais tout pour ne pas considérer ta propre valeur. Tu camoufles ta noblesse derrière de l’humilité. Je préfère penser que si les vivants te voient en parias, les morts célèbrent ta sollicitude. Ne t’en déplaise, si la puce n’ote pas la conscience, chacun d’entre eux t’auras considéré comme son frère.

La barque était à l’arrêt depuis une dizaine de minute, à mi-distance du dôme et de la plage. Il devenait évident que notre arrêt ne devait en rien à la fatigue du marin.

Silencieux ou loquace. Pour eux, tu étais la dernière frontière entre la vie et la mort, le héros qui empêche les défunts de partir seul.

Il rit jaune à la mention de son héroïsme.

-Et toi ? Qu’aimerais-tu que l’on te dise ?

Mon regard se figea alors que j’accordais à sa question un moment de réflexion. Perpétuellement insatisfait des réponses que me fournirent mon esprit, je laissais mon cœur s’exprimer.

- « Ils avaient tous torts. Tu as changé le monde. L’humanité s’est retrouvée grandie de ton passage. »

C’est la réponse la plus sincère que je peux lui fournir pourtant en rien elle n’est vraie. Aucune parole ne saurait éclairer mon cœur. Je ne veux pas entendre ces paroles, je veux les ressentir, je veux les lire dans les yeux de mes frères.

-C’est donc la gloire qui t’anime ?

Je défaisais lentement les boutons de ma chemise comme pour m’imprégner une dernière fois de cet air marin, de ce soleil, de cette traversée.

-La gloire supposerait que je cherche l’admiration de mon prochain. Non, je m’en fous, c’est par philanthropie que je veux voir ce monde changer. Je m’en fiche que mon nom soit oublié. Ce que je veux, c’est qu’un jour, un homme soit fier d’être un humain plutôt que d’en désespérer.

Khárôn arborait un sourire éloquent qui semblait me dénoncer ma naïveté.

-Toi comme moi, on veut dans nos dernières paroles être rassuré sur la pertinence de nos actions. Comme si on nécessitait une approbation. Aucun mot d’amour adressé à nos proches. Juste le besoin d’être validé.

Il éclata d’un rire sincère.

À peu de choses près, nos réponses sont très similaires. On cherche juste à savoir ce que les autres ont pensé de notre « prestation ». Rien d’étonnant pour deux parias solitaires.

Les pensées du marin reflétaient une vérité que je refusais d’entendre. Je me sentis animé par une pulsion de violence, renforcée par une intense frustration.

Un large sourire sardonique aux lèvres, je repris.

-Je te garantis qu’ils n’oublieront pas ma « prestation ».

Plus que d’approbation, c’est de vengeance dont je rêve, sur l’humain, sur la civilisation.

Je ressens un désir impérieux de malmener l’humanité, de tordre, de mordre, de décevoir, de tromper et de briser comme ils m’ont brisé.

Le marin renfonça son képi sur son crane puis agrippa sa rame pour se remettre à l’œuvre.

-Je n’en doute pas mon ami, je n’en doute pas…

J’aurais aimé que le trajet ne se termine jamais, que ce monde se limite à cette vaste étendue d’océan et notre barque, que nous fûmes les derniers humains sur terre. Je n’osais plus observer le rivage de peur d’observer ma propre mort. Malgré cela, le reste de la traversée se déroula sans encombre.

L’embarcation ne chancela que très légèrement alors que la coque s’enfonçait dans le sable.

-Khárôn, je n’aurais pas rêvé meilleur compagnon pour ce dernier voyage. Merci pour tout.

Le marin affichait aux lèvres un sourire énigmatique, qui exprimait autant de la tristesse que de la gratitude.

-Je déteste dire adieu et tu m’es sympathique. Tiens, prends ceci.

Il fouilla dans ses affaires pour en sortir une sorte de boule blanchâtre qu’il me tendit. Je la récupérai afin de la soupeser, l’agiter pour voir si elle renfermer quelque chose.

C’est une grenade à lumière. Si tu reviens, il me faudra un signal pour savoir quand venir te récupérer.

Instantanément, cet objet incarnait l’espoir que je muselai dans mon cœur. Je la serrais contre moi, comme pour m’apaiser.

Immédiatement la bête humaine qui sommeillait en moi saisit cette opportunité pour me tourmenter.

-Quel aspect de cet objet t’intrigue le plus ? Quelle partie cet objet te ressemble le plus ? La lumière ? Ou la grenade ?

J’entrais ensuite dans un état qui dépassait l’espoir et le désespoir. Au-delà de la colère, de l’envie et des regrets. Par le passé, la douleur m’avait façonné, j’en appréciais ses vertus, elle m’avait appris la prudence, la méfiance, la discrétion, elle m’avait appris à survivre. Pourtant je sentais qu’il n’y aurait aucun enseignement à tirer de cette leçon.

Je m’en remettais au hasard, à la fatalité pour nullifier ces énergies épuisantes.

Je détournais alors mon regard du marin pour le reporter sur la plage où demeurait les restes du campement de fortune que nous avions installé avec Cyclope. Nos affaires étaient là, n’attendant que notre départ.

Je savais ce qui se trouvait sur la plage, aussi, je faisais mon possible pour retarder ma vision de ces choses. Pourtant, je finis par succomber à la tentation et à embrasser du regard les quatre arthropodes géants et infectes qui trônaient là.

Je déglutis péniblement en observant ces mastodontes de la nature. Ils avaient beau être repoussant, on ne saurait les limiter à cela, ils étaient bien plus que ça. Je détaillais ces bêtes avec une certaine fascination pour mes bourreaux. C’était la première fois que j’en voyais d’aussi prés.

Chacun possédait trois paires de longues pattes auxquelles les antennes semblaient faire écho.

Leurs têtes étaient de forme ovoïde, leurs yeux positionnés sur les côtés latéraux de leur boite crânienne paraissaient indépendants l’un de l’autre. Sous leurs globes oculaires, leurs antennes formaient deux filaments élégants, constamment dressés et démesurément longs. Pour terminer ce visage cauchemardesque, deux mandibules acérées semblaient défier quiconque aurait l’audace de provoquer ces géants.

Leur thorax était de petite taille comparée au reste du corps et paraissait faite d’une matière bien plus solide, comme un collet naturel qui liait la tête à l’abdomen, d’où s’extirpait une première paire de pattes.

Leur abdomen gigantesque couvrait tout le reste du corps. On pouvait y observer, derrière leur épaisse carapace translucide, les reflets brun et roux de leur organes internes. Pourtant ce qui attirait mon attention, ce fut surtout cette longue paire d’aile, dont la délicatesse tranchait avec le grotesque de cette monstruosité. Finement nervurées, elles dessinaient des arabesques magnifiques, témoin d’une ingénierie naturelle de pointe. Malgré la taille de ces ailes imposantes, j’avais du mal à croire qu’un insecte aussi gigantesque pouvait voler.

Enfin, trois longues excroissances soutenaient ces terrible colosses. Curieusement elles paraissaient bien trop fines pour des êtres de cette taille. Si les pattes avants partaient du thorax, les autres débutaient sous l’abdomen. Chacune était parcourue d’épines pointues qui laissait deviner le sort de celui qui s’en approchait trop.

Ils devaient mesurer trois mètres de longueur pour deux mètres de hauteur, il m’était difficile d’estimer leur largeur, tant leurs ailes et leurs pattes trompaient mon jugement.

J’essayais de garder contenance face au destin, malgré les tremblements, les sueurs froides, la terreur que ces choses m’inspiraient. Alors que je les fixais, je lançais au marin d’une voix chevrotante.

-J’aurais vraiment aimé avoir une autre vie. On échange ?

Khárôn me répondit immédiatement d’une voix exagérément trop sèche pour être sérieuse.

-Ne me fais pas regretter le silence des condamnés.

Mon rire dût être assez communicatif puisqu’il se joignit à mon hilarité.

-Merci pour tout mon ami.

Une trentaine de mètres me séparait de ces créatures. J’entrepris de les rejoindre en prenant la démarche la plus robotique possible. Je tentais de reproduire les mêmes gestes que j’avais pu observer du condamné que le passeur avait emmené lors de mon premier trajet en barque.

Quand je ne fus qu’à quelques mètres d’eux, les cafards replièrent leur patte pour s’affaisser sur le sol, comme pour signaler qu’ils n’incarnaient pas, malgré leur apparence, une menace. Ils s’étaient positionné dans une formation carrée, je pressentais qu’ils attendaient de moi que je me positionne en son centre.

Dès lors, ils déplièrent leur patte, resserrent leur formation pour m’intimer à marcher en rythme avec eux.

Malgré la terreur qu’ils m’inspiraient, je savais que mon temps n’était pas encore venu, pas tant que je n’avais atteint la ruche. Il s’agissait simplement d’une escorte, ces monstres étaient mes gardiens.

Je marchais donc, en compagnie de ces insectes gargantuesques. Une marche longue et silencieuse qui me parut irréelle.

Quelle somme d’évènement m’avait amené à quitter la quiétude de mon dôme foyer pour en arriver jusque-là ? Avais-je fais fausse route ? Je paye le prix de mon insoumission, de mes idées, de mon courage.

Mon désespoir fut contreproductif puisqu’il réactiva ma détermination.

C’est un prix que j’accepte de payer. Au moins je pourrais mourir la tête haute plutôt que la queue entre les jambes. Je préfère ce sort la plutôt que de m’éteindre à petit feu, à force d’inertie. Je ne serais le martyr de personne sinon de mes idées.

Le cliquetis régulier provoqué par le frottement des pattes insectoïdes sur le sol me rappelait la destruction de la station des cannibales. Ce souvenir m’arracha un sourire amer

Peu importe si j’ai fauté, au moins, j’aurais essayé de tout mon cœur.

La proximité avec ces créatures surnaturelles me plongeait dans une angoisse telle que je me réfugiais dans mon esprit. Je marchais, tête baissée, fixant le sol au lieu d’admirer la mort. Il me semblait que mon champ de vision s’obscurcit, comme si une tache noire s’étendait sur toute ma vision périphérique, me confinant à un tunnel de sombres pensées. Le paysage se dérobait à mes yeux, seul subsistait la vue d’un sol que je distinguais à peine. En dépit de cela, je marchais, presque automatiquement. Je chérissais ce sort qui me permettait de demeurer dans ce flou, ce paysage d’imprécision qui me gardait d’affronter cette terrible réalité. Passé un certain stade, mes pensées succombèrent également à cette entropie, ce vide réconfortant qui dévorait mon âme. J’ignore combien de temps, ni précisément quels chemins nous empruntions et je n’en avais cure. L’espace de quelques heures, je n’étais plus l’esprit tourmenté d’un utopiste défaillant, seulement deux jambes qui inlassablement marchaient parce qu’on lui disait de marcher.

Au paroxysme de mon impuissance, un cri inhumain et suraigu me ramena à la réalité. Un hurlement abominable qui semblait chargé des tourments de milles âmes damnés. Ce cri fut suivi de quatre détonations dont l’intensité me rendit presque sourd. Tous les cafards s’affaissèrent sur eux-mêmes presque simultanément alors qu’un sang verdâtre et une odeur répugnante se répandirent dans les environs.

Mon cœur était au bord de l’explosion, je tombais à genoux comme si j’avais moi-même été touché.

J’étais prêt à succomber, j’avais presque accepté ma mort. La certitude de ma fin avait été totalement assimilé dans mon esprit, pourtant quelqu’un en avait décidé autrement et me dérobait à ma destinée.

La confusion et la surprise me paralysait, je n’osais plus bouger de peur d’être le prochain à succomber. Pendant une poignée de minutes, j’étais aussi vide que les carcasses qui m’entourait. Ma première réaction fut le rejet et la colère tant l’envie de vivre m’avait totalement quitté. Puis, voyant que mon temps n’était pas encore venu, je me décidais à élucider ce qu’il venait de se passer.

En observant la carapace des insectes morts, je voyais nettement le point d’impact qui avait fractionné la carapace des arthropodes comme si la chitine de ces animaux robustes n’était rien d’autre que du verre fragile. Peu importe ce qui les avait atteints, les cafards avaient été tués de manière méthodique, presque simultanément.

Et le facteur déclencheur avait été ce cri…

Relevant la tête pour en déterminer l’origine, je m’aperçus que le vautour volait bien plus bas qu’à son habitude, me permettant enfin une vision claire et directe sur le rapace.

De loin, l’illusion était parfaite.

Cet être qui avait accompagné les dernières étapes de mon voyage se présentait enfin à moi. Majestueux et impitoyable, l’animal volait à une dizaine de mètres de hauteur au-dessus de moi, ses ailes déployées amplifiaient l’allure impérieuse du rapace. Plus il se rapprochait, plus je comprenais qu’il y avait quelque chose d’anormal en lui. J’attardais mon attention sur l’agencement trop parfait de son plumage et notamment sur sa pigmentation. De prime abord, je pensais que ses couleurs oscillaient entre diverses nuances entre le brun et le jaune.

Etait-ce un voile de poussière qui colorait l’animal ? Ou des années d’évolutions avait amené son plumage à épouser les couleurs du sable pour mieux s’y camoufler ?

Puis un battement d’aile me révéla sa vraie nature.

Non. Cet animal était composé de métal et ses reflets chromés ne faisait que renvoyer la couleur de son environnement.

Le rapace changea brusquement son allure et vola en piqué jusqu’à moi. Nerveusement je cherchais un abri pour me protéger de sa colère. L’oiseau mécanique dévia de sa trajectoire à l’instant fatidique où je me pensais condamné, pour directement se poser sur le gantelet de son maître.

L’oiseau et l’homme échangèrent un regard, d’où je crus déceler l’éclat d’une lueur dorée qui illuminait leur iris.

-Je commençais à perdre patience.

La peur qui m’animait, m’interdisait de formuler toute réponse, ma vision elle-même se troubla comme si j’étais aux portes de l’inconscience. Mon pouls martelait frénétiquement le rythme de mon effroi, mes palpitations étaient si fortes que j’eus la sensation que mon cœur cherchait s’extraire de ma poitrine. Respirer devint une lutte de chaque instant alors que je rentrais dans une crise d’hyperventilation. En cet instant, mon corps était le pendant opposé de mon esprit : là où ma conscience avait déjà tout abandonné, mon organisme luttait désespérément pour vivre.

Je ne distinguais que très vaguement la silhouette de l’individu, alors même qu’il n’était qu’à quelques mètres de moi. Enfin, mon regard se hasarda à un long objet accroché à son dos. Un fusil unique, démesurément long dont le canon fumant ne laissait aucun doute quant à sa récente utilisation.

Le malaise physique qui m’accablait relâcha très légèrement sa bride pour me permettre d’articuler un mot.

-Insitivus ?

Je n’avais pas besoin de réponse. Je sentais que je retrouvais mes moyens, ma vision s’éclaircie pour me permettre d’admirer à nouveau ce singulier personnage.

Immuable vestige d’une époque disparue, Insitivus se tenait devant moi.

Rien n’avait changé depuis notre échange télépathique. Son visage était presque totalement dissimulé derrière de fine bandelettes de tissus, ne dévoilant que ses lèvres et ses yeux. Entre ce qu’il laissait deviner et ce qu’il affichait, il était difficile de dire ce qui relevait de l’homme ou de la machine. Je devinais sous ses artifices que s’il cherchait à masquer son apparence, c’était qu’il n’y restait plus grand-chose d’humain.

Pourtant, s'il persistait encore l’envie de se cacher, c’est qu’il restait encore de l’humain en lui, non ?

Le parricide du dôme de l’œil était doté d’un corps filiforme, presque arachnéen. Il approchait les deux mètres de haut et dissimulait sa carrure derrière un long poncho noir, ciselé par des motifs à carreaux jaunâtres qui tombait jusqu’à ses genoux, ne laissant entrevoir qu’un pantalon élimé et des jambes métalliques. L’ensemble lui donnait une allure de bandits de temps perdus. Il avait tiré ses cheveux ébouriffés en une longue et singulière couette, dont l’anarchie et l’ampleur dessinait une tignasse hirsute tombant sur son dos en une cascade de mèche revêche.

Dans un geste laissant transparaître son affection, Insitivus caressait son oiseau mécanique, me laissant perplexe quant à leur relation.

Qu’est-ce que c’est que cet oiseau pour lui ? Un vulgaire drone ? Une extension de lui ? Un frère ou un compagnon d’infortune ?

Le cyborg du dôme de l’œil affichait un sourire inexpressif, son regard, illuminé par des implants oculaires bioniques laissait transparaître les tourments d’un homme brisé, totalement désabusé mais non moins dangereux.

-Allons bon, ainsi tu as retrouvé ta voix.

Il marqua un temps de pause, comme pour célébrer cette nouvelle avant d’enchainer.

Tu ne parvenais pas à trouver le chemin du dôme de l’esprit ou tu m’évitais sciemment ?

D’ordinaire, sa question m’aurait probablement embarrassé, je ne lui aurais probablement pas révéler mes plans, ici ma gêne me parut futile, superflue.

-Avant d’arriver à celui-ci, je voulais d’abord voir les autres dômes.

Insitivus ne me quittait pas des yeux, il me fixait d’un regard inquisiteur, alors que ses doigts continuèrent de cajoler le rapace mécanique. Malgré ses airs inflexibles, je ne sentais ni rancœur ni impatience dans le ton de sa voix, plutôt une curiosité innocente.

-Et ça en valait la peine ?

Avant de lui répondre, je considérais sa question en regardant les cadavres des cafards et cette marre de sang verdâtre qui s’écoulait à nos pieds. Je repensais à l’emprisonnement de Cyclope et au chantage du dôme des deux sens.

-Mon… Pèlerinage n’est pas encore terminé. Il y a bien des ombres au tableau mais selon moi, oui. J’en ai plus appris en quelques années dehors qu’en toute une vie d’enfermement au dôme de l’œil.

Cessant de s’intéresser à son oiseau de proie, il s’attardait désormais à vérifier que son arme soit toujours en bon état, démontant méthodiquement chaque pièce. Je n’aurais su dire s’il s’agissait d’une tentative d’intimidation ou d’un soin machinal qu’il se sentait obligé d’apporter à son fusil.

-Et donc ça …

Il désigna du regard les insectes morts.

Cela fait partie de ton pèlerinage.

Je soupirais en baissant la tête.

-Non. C’est un accident de parcours. On m’a contraint. Le Radicor du dôme des deux sens m’a soumis à un odieux chantage.

Un sourire jaune s’installa sur ses lèvres, un sourire qui reflétait à merveille son état d’esprit.

-L’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Ta servitude sera-t-elle sans fin, Zachary ? Tu crois te libérer alors que tu ne fais que changer de maître.

Il m’énervait… Il m’énervait d’autant plus qu’il avait raison.

-Je n’avais pas réellement envisagé de le servir. Il m’a missionné pour une chose. Une chose périlleuse pour laquelle j’allais pouvoir feindre ma mort et espérer la libération de mon ami.

Je pris un moment pour lui résumer la situation, en lui expliquant comment le dôme était pris en otage, que je souhaitais récupérer Cyclope et par-dessus tout lui décrire le danger que représentait Abiotos.

Oui, c’est du chantage. Oui, je le méprise. Mais je n’ai pas le choix.

J’avais la sensation que s’il pouvait rire, il ne s’en priverait pas.

-Tu veux plutôt dire que tu ne te donnes pas le choix.

Comme pour lui concéder cette victoire, je haussais les épaules pour manifester mon désintérêt pour son jugement.

-Si tu préfères le formuler ainsi, oui. Disons que mon amitié pour Cyclope m’interdit tout autre choix.

S’il avait apprécié jusqu’à présent la situation avec amusement, il se mit à considérer ma position en qualité de stratège.

-Tu es donc au carrefour de multiples possibilités. Tu peux servir ce Radicor et lui offrir Abiotos au péril de ta vie. Tu peux également profiter de ta liberté et vivre comme bon te semble le reste de ton pèlerinage. A moins que tu n’envisages vraiment d’y aller pour mettre un terme à cette menace ?

Chaque fois que mes lèvres s’entrouvraient pour lui offrir une réponse, mon esprit m’interdisait de formuler le moindre mot. Je n’avais aucune confiance dans mes propres projections et ne saurait m’enfermer dans une de ces réflexions.

-Mon cher Insitivus, je te remercie de m’avoir sauvé. Vraiment.

J’aurais voulu dire… « je te remercie de m’avoir sauvé mais vas te faire foutre », au lieu de cela, je décidais d’édulcorer mon message.

Toi qui es si prompt à juger mes actions, je vais te donner du grain à moudre. J’ai envisagé tous les scénarios possibles, la plupart se termine mal. Ce n’est plus ainsi que j’examine la question. Je veux simplement parler à cet Abiotos. Je n’envisage rien de plus.

Mon homologue du dôme de la vue resta circonspect.

Tiens ? Il ne semblait pas avoir prévu ça ? Qu’il est plaisant de rabattre le caquet de cet être, d’ordinaire si confiant.

-Intéressant. Et qu’as-tu prévu de faire une fois là-bas ?

D’ordinaire, nous ne nous parlions que sur le ton du défi. Ici, je m’efforçais d’être le plus transparent possible quant à mes intentions.

-Essayer de comprendre ce qu’il fait, essayer de le comprendre. Je ne peux croire que l’esprit de cet homme ait totalement succombé à la folie. Je veux voir ce qu’il reste d’humain en lui.

-Et après ?

-Une chose à la fois. Nous verrons en temps voulu, je ferais ce que j’ai à faire.

Pour la première fois depuis notre échange télépathique, je sentis monter en lui un enthousiasme effervescent. Ce n’est plus avec condescendance qu’il étudiait mes choix mais avec un intérêt manifeste.

-Intéressant. Très intéressant. Je ne me serais jamais exposé à un tel danger pour une raison aussi triviale, ça ne veut pas dire que cela ne me rend pas curieux.

-Si d’aventure il se révélait n’être qu’un monstre, j’avais prévu de le tuer. Soit à main nu, soit…

Je sorti de ma besace l’Imponere, cet appareil sophistiqué mis à en place par Abiotos lui-même pour contrôler les mouvements d’un cafard.

Soit je me disais que je pouvais utiliser sa propre création contre lui, et commander à un cafard de faire la sale besogne.

Insitivus se pencha avec un certain intérêt vers ce petit boitier qui devait faire la taille d’une grosse télécommande.

Son sourire figé se mua en un rictus sinistre.

Précédemment, tu envisageais trois possibilités. La fuite, la servitude ou le meurtre. Et si je te disais que j’ai le pouvoir de t’en offrir une quatrième.

Je restais suspendu à ses lèvres, l’intimant à poursuivre par mon silence.

Cela ne sera pas sans sacrifice, mais si tu me prêtes cet Imponere, si tu me laisse une heure ou deux pour l’étudier, je pourrais peut-être en faire quelque chose de plus… utile pour toi.

M’acquittant à sa demande, je lui tendis l’appareil désigné, non sans une certaine appréhension.

-Qu’est-ce que tu entends par plus utile ?

Alors qu’il récupérait l’Imponere, l’espace d’un instant je surpris un mouvement dans le regard d’Insitivus, j’observais un roulement d’yeux, comme un signe d’exaspération.

-Tu n’es pas le premier à avoir fait ce pèlerinage. J’ai déjà visité le dôme des deux sens, j’ai déjà étudié leur technologie, plus particulièrement leur technologie de contrôle à distance via ces puces.

Le maraudeur du désert démonta méthodiquement l’Imponere avec un soin infini.

J’y ait accordé un certain intérêt, notamment pour contrôler certaines de mes propres émotions mais leur moyen limité ne m’a accordé aucune réponse satisfaisante. Si leurs scientifiques rencontraient ceux du dôme de l’ouïe, ils pourraient créer des choses qui dépassent l’entendement.

Il émit un son dédaigneux en considérant l’intérieur de l’appareil.

Primitif, limité, mais facilement améliorable. Tu es bien allé au dôme de l’Ouïe, n’est-ce pas ? Donnes-moi ta gemme de télépathie.

Frappé de stupeur, je m’exécutais en plissant le front.

Dans un geste d’une cruelle rapidité, Insitivus saisit son oiseau mécanique et lui broya le cou d’une simple étreinte. La vie quitta ses yeux artificiels et l’automate s’éteignit sans que le cyborg ne manifeste la moindre émotion.

Je réprimais difficilement un hurlement pour ne laisser s’échapper qu’un hoquet de surprise.

Dans un geste débarrassé de la moindre empathie pour ce qui semblait lui tenir à cœur quelques instants plus tôt, Insitivus récupéra quelques pièces, des rouages, des composants dont j’ignorais l’utilité. Des pièces qu’il assembla avec la gemme de télépathie et lia à l’Imponere en décomposant les restes de son compagnon.

Quelques temps plus tard, il termina son œuvre et me rendit l’Imponere modifié.

Ceci t’ouvre un quatrième choix. Avec cet appareil, tu pourras littéralement prendre le contrôle d’une personne disposant d’une puce. Tu n’as qu’à pointer l’antenne vers la personne que tu veux contrôler, appuyer sur ce bouton, et prononcer ton ordre. Tes paroles s’imprimeront directement dans l’esprit de ta victime.

Alors que je récupérais l’appareil, un sourire de plus en plus large s’étendait sur mes lèvres.

Une si petite chose… pour un si grand pouvoir.

Bientôt… plus rien ne pourra s’opposer à moi. J’aurais les moyens de provoquer la révolution que j’appelais de mes vœux. Qui aurait pu croire que grâce à une si petite chose, un nouveau monde allait se dessiner.

Je tenais la ruine de l’humanité entre mes mains.

Puis, je me remémorais avec effroi les paroles de Cyclope ainsi que ma promesse

« -Tout homme de pouvoir est un dictateur en puissance, surtout avec les moyens dont tu disposes maintenant. »

« -Je te fais le serment de ne jamais en devenir un. Que jamais je n’utiliserais ceci à la légère. Que si d’aventure je devais utiliser cette arme un jour, ce serait contre une menace aussi grande que celle des cafards. Que jamais je ne l’utiliserais à des fins personnelles. »

Mon cœur sauta un battement tant je ressentis physiquement la culpabilité dans ma chair.

Ma bête humaine, tapie en embuscade, saisit évidemment cette opportunité pour remuer le couteau dans la plaie.

-Et pourquoi tu n’utiliserais pas ce pouvoir comme un moyen pour réaliser tes espoirs ? Qu’y a-t-il de mal à vouloir réaliser tes rêves ?

-Mais pourquoi je l’utiliserais pour autre chose qu’à des fins de survie, j’ai donné ma parole, cela a encore de la valeur à mes yeux.

Dans les tréfonds de ma psyché, j’entendis résonner un rire glaçant dont le machiavélisme faisait vaciller les fondations de ma morale.

-Pourquoi ? Quelle question stupide, parce que tu le peux.

Ma propre réaction me terrifia et marqua ma résolution : une utilisation ponctuelle de l’Imponere, rien de plus.

Cet échange mental n’avait duré que quelques secondes, tout au plus, pourtant ses implications continueraient de me hanter toute ma vie.

-Tiens, tu souris ?

Insitivus m’observait d’un air malicieux. Du peu que je voyais de son visage, j’y devinais l’innocence et l’enthousiasme d’un enfant.

Immédiatement, je tâchais de réprimer mon sourire avant de lui répondre, comme s’il s’agissait d’un rappel à l’ordre.

-L’espace d’un instant, je me suis rendu compte de ce que je pouvais accomplir. Emporté par l’ivresse du pouvoir, je me suis laissé dépasser par mon humanité. C’est pour cela que je dois me mettre à l’épreuve, pour me renforcer, pour dépasser ma nature.

Mon homologue du dôme de la vue se figea. Je cru à une défaillance de ses implants cybernétiques alors même qu’il s’agissait d’un sursaut de son humanité.

Son regard, si espiègle la seconde d’avant, changea du tout au tout pour refléter l’infinie mélancolie qui enserrait son âme. Il me scrutait comme un père regarde son fils répéter ses propres erreurs. Pour la première fois, je vis en lui le doute, la culpabilité comme s’il réalisait que l’enfer dans lequel il s’était enfermé pouvait se propager. Je sentais qu’il voulait parler mais qu’il en était incapable.

Afin de dissiper le silence et le malaise qui commençait à s’installer, je reportais la discussion sur des détails techniques.

-Admettons que je contrôle Abiotos. Est-ce qu’il aura la possibilité de me parler librement ou il ne sera réduit qu’à un état d’esclave ?

Le maraudeur du désert commença à rassembler ses affaires et notamment les restes de son compagnon ailé.

-Tout dépend de ce que tu souhaites, selon ton bon vouloir les deux possibilités sont ouvertes.

A nouveau un silence s’installa entre nous. Un silence empreint d’une tension palpable.

Vas, Zachary. Pars à la rencontre de ton destin. Je continuerais peut-être de t’observer.

Je me sentis obligé de lui exprimer ma reconnaissance avec une totale sincérité.

Je n’oublierais jamais ce que tu as fait ici, Insitivus. Tu as fait bien plus que me sauver, tu m’as ouvert la voie. Merci pour tout.

Il me dévisagea d’un regard empreint d’une noirceur malveillante. Il pointa du doigt l’Imponere et poursuivit.

Fais-en bonne usage.

Après quoi il se retourna et se mit lui aussi en route.

Je me retournais en direction des insectes morts avant de reprendre la marche qu’Insitivus avait interrompue.

Tous, Ils verront tous… Ils verront ce qu’il en coûte de se mettre en travers de mon chemin.

Mon regard se dirigea ensuite vers l’horizon. Au loin se dessinait un monument gigantesque, cyclopéen qui semblait scinder la terre et le ciel en deux. Cette structure dont la simple existence semblait défier toute l’humanité scellera mon sort. Désormais plus rien ne me ferait faire machine arrière, si on m’avait jusqu’alors contraint à m’y rendre, à présent rien n’aurait pu m’en détourner.

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