La Vouivre n'a peur de rien !

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— Plus vite, Azelmire ! Allez ! Droite ! Gauche ! Esquive ! Mais concentre-toi, bon sang !

— Tu vas trop vite ! Je n’ai pas le temps de…

— Parce que tu crois que les dragons te laisseront le temps de comprendre ce qui t’arrive ? Ah !

— Aïe !

— Tu t’es fait avoir, encore une fois !

— Mais je ne t’ai pas vue venir...

— Évidemment que tu ne m’as pas vue : tu n’es pas concentrée ! Sers-toi aussi de tes oreilles, Couleuvre ! Anticipe mes attaques, écoute ma respiration ! On ne voit pas qu’avec les yeux ! Et qu’est-ce que te dit ton instinct ?

— Que j’ai besoin d’une pause. Je… suis fatiguée.

— La Vouivre n’est jamais fatiguée, fillette ! Gauche ! Droite ! Saute !

— Aïe ! J’ai encore le temps de m’améliorer avant de devenir Vouivre !

— C’est ce qu’on pense toutes. Ton jeu de jambe, Azelmire ! Qu’est-ce qu’on avait dit ? Et ton saut périlleux, ça ne va pas du tout !

— Je me suis pourtant appliquée…

— Tu te fiches de moi ? Tu as failli tomber de la poutre. La Vouivre ne tombe jamais.

— Aïe ! J’étais persuadée que tu attaquerais à droite !

— La Vouivre ne se trompe jamais.

— Aïe ! Aïe !

— Tu aurais dû t’avancer, Azelmire. Au lieu de ça, ta passe-arrière m’a permise de te cueillir aussi facilement qu’un tac. Fais-toi plus confiance ! Tu ne pourras compter que sur toi-même, le moment venu.

— J’ai peur, Belgarde.

— La Vouivre n’a peur de rien ! Elle gronde en chacune d’entre nous. Droite ! Droite ! En bas ! Oui, saute ! Oui ! Ça commence à ressembler à quelque chose !

— C’est vrai ?

— Je pèse mes mots, petite ! Car tes bras, c’est une vrai catastrophe. Réfléchis plus ! Et arrête de battre des ailes comme une stryge hystérique !

— J’essaie de reprendre mon équilibre !

— On ne discute pas ! Avant ! Sur ta droite ! Oui ! Bien bloqué ! C’est comme ça que tu dois t’en servir !

— Je crois que ça commence à rentrer. Aïe !

— Tu pourras dire ça quand tu ne te feras plus avoir aussi bêtement. Regarde ça ! Tes appuis sont si flasques qu’on te croirait apprentie carcolh ! Tu seras Vouivre, bon sang !

— C’est la poutre qui est trop fine, Belgarde… Mes orteils et mon talon… Ils pendent dans le vide ! Et si je tombe, je risque…

— Qu’est-ce que je t’ai dit ? Une Vouvire n’a peur de rien. La Vouivre n’a pas le vertige. Un jour, tu voleras plus haut que les nuages. Et je suis aussi sur cette poutre, je te signale.

— Mais…

— Il n’y a pas de mais. Prépare-toi !

— Ah ! Tu ne m’as pas eue, cette fois-ci !

— Pas mal. Tu vois, quand tu es concentrée ! Tu dois être sûre de ce que tu fais. Sinon, la Vouivre t’engloutira.

— Je ne me ferai pas engloutir ! Ah !

— Bien ! Muselle ta peur, tes doutes. Muselle tes joies, tes passions. Ou la Vouivre ne fera qu’une bouchée de toi ! Saute ! Oui ! Enfin ! Ça, c’est un beau saut périlleux !

— J’y arrive, Belgarde !

— C’est bien, petite ! Maintenant ! Ah ! Attention ! Bons réflexes, malgré cette bourrasque !

— Ouah ! C’était moins une ! Si je tombe du haut des murailles, Nyx se moquera bien de moi…

— Idiote, tu ne seras plus là pour t’en plaindre ! Allez, une dernière fois ! Gauche ! Avant ! Arrière !

— Ah ! Ah ! Ah !

— Bien joué, ta garde est solide. La Vouivre serait fière de toi. Allez, descend de là. En double salto arrière, je te prie ! Voilà. C’est fini pour aujourd’hui. Le soleil se couche.

— Vraiment ?

— Oui. Enlève ton bandeau.

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