Chapitre 45 - Marielle

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Attention certaines scènes peuvent choquer.


Aujourd’hui c’est un grand jour, non seulement je sors de l’hôpital sur mes deux jambes, mais je vais directement au tribunal pour le procès de ma mère. Je sais que ça va être atroce mais je ne peux pas laisser passer ce qu’elle a fait.

- Bon tu te sens comment ? Me demande Lisa

- Je suis morte de trouille.

- Pense aux enfants. Ils sont ta force.

- Merci. J’ai tellement peur qu’ils aillent dans un autre foyer Lisa.

- On a fait le dossier en urgence, et la juge l’a eu à temps. Relaxe.

C’est vrai que tout a été très vite, ma mère est passée en comparution immédiate vu la gravité des faits. En quelques jours il a fallu trouver un avocat et faire les tonnes de paperasse, heureusement Lisa et Nico m’ont aidé et puis…même si je n’aime pas le reconnaître, Mick’ a été très présent. C’est notre combat à tous les deux.

- Allez, c’est parti. Me dit Lisa

Forcément faut que Mick’ soit accompagné de Julie. Il lui colle une bise et vient s’asseoir près de moi.

- Comment tu te sens ? Me demande-t-il

- Mal.

- Je suis là. Dit-il en posant sa main sur le mienne.

Ce geste me réconforte et m’apporte une force supplémentaire.

- Marielle !!! Pourquoi tu me fais ça !!! Hurle ma mère quand elle me voit

Elle est défigurée par la colère, la tristesse, la peur. Je me sens mal de lui faire ça alors qu’elle est victime elle aussi. L’avocat me fait signe de ne pas lui répondre.

- Il avait raison, t’as le diable en toi !!! Je te hais Marielle, tu entends je te hais !!! T’aurais du mourir !!! Jamais j’aurais du t’avoir !!!

Elle me jette sa haine en plein visage mais je reste forte. Je veux que tout ça se termine. Je veux pouvoir vivre ma vie.

- Eh, ne l’écoute pas. Me dit Mick’ en séchant mes larmes.

La juge arrive et le procès commence. Afin de protéger les enfants, la juge les a entendu en dehors du tribunal afin qu’on ne les fasse pas venir. Ils sont placés dans un foyer en attendant que la juge statut sur leur avenir. Les avocats se mènent une bataille pendant plusieurs heures où l’on doit témoigner. Tout est dit, ce que m’a fait Gramont, son frère, pourquoi Jennie a atterri dans les griffes de ce monstre. Heureusement que Mickaël a enregistré sa conversation avec Jennie et ma mère, ça a permis de prouver les agissements et la complicité de ma mère.

- Madame Gramont-Rainot, donc vous nous dites que vous éduquiez vos enfants et que votre mari faisait ce qu’il faisait pour leur bien, c’est bien ça ? Demande l’avocat

- Oui, jamais Henry n’aurait fait de mal aux enfants.

- Pourtant dans l’enregistrement de Jennifer Parker, votre petite fille, elle dit bien qu’elle entendait vos fils pleurer, et demander à votre mari d’arrêter.

- Oui, mais ça c’est quand ils faisaient des bêtises ou qu’ils n’écoutaient pas.

- C’était donc des punitions ?

- Parfois oui, faut bien les punir quand ils font des bêtises.

- En pleine nuit ?

- Oui mais c’est parce qu’ils ne veulent jamais faire leur lavement le soir et ça agace Henry.

- Leur lavement ?

- Mes garçons ont très souvent des problèmes de constipation et parfois les suppositoires ne font pas effet et on doit leur faire un lavement avant le coucher mais c’est toujours la crise.

- C’est votre médecin qui vous a prescrit ses lavements ?

- Non, je n’ai pas besoin de médecin, ce ne sont pas mes premiers enfants et les lavements sont très efficaces même s’ils n’aiment pas ça.

- Qui s’en occupait ? Vous ou votre mari ?

- Mon mari, ce sont des garçons et c’est moins gênant pour eux d’être avec Henry.

- Donc le soir avant de se coucher, votre mari faisait des lavements à vos fils ?

- Pas tous les soirs, non. Seulement en cas de besoin, selon leur état.

- Pourquoi ne pas passer par un laxatif ?

- Les médicaments abîment l’estomac et on ne sait jamais quand ça prend, là avec le lavement, ils sont tranquilles.

Je sais que Jennie y a eu le droit aussi et ça me fait mal de savoir que ce monstre à profité de ma fille.

- Et donc quand vos garçons refusaient le lavement, ils étaient punis ?

- Oui, c’est pour leur bien, ils le savent.

- Qu’elles sortent de punition utilise votre mari dans ce cas là ?

Ma mère décrit ce qu’il se passait, avec un détachement complet. La salle est choquée alors que pour ma mère, tout ceci est normal.

- Et pendant la punition du soir, vous vous dormez ?

- Oui je suis très fatiguée en fin de journée, je sais qu’Henry s’occupe des enfants donc je peux aller me coucher tôt.

- Car dans l’enregistrement de la petite Jennifer, elle dit que ça la réveillait. D’ailleurs je cite « ils criaient tellement fort que je me bouchais les oreilles »

- Ils font un peu de comédie pour que la punition s’arrête.

- Et vous Madame Gramont-Rainot, vous étiez où ?

- Je dormais dans mon lit.

- Donc votre petite fille, dit se boucher les oreilles mais vous, vous dormiez ?

- Je suis très fatiguée le soir. La nuit j’ai le sommeil très lourd.

L’avocat a se ricanant qui veut tout dire.

- Mais cette punition, durait longtemps ?

- Oh non, Henry n’exagérait pas pour les punitions.

- Comment pouvez-vous le savoir, vu que vous dormiez ?

Ma mère vient de se mettre dans une impasse.

- Bah..euh…

- Madame Gramont-Rainot, je vous rappelle que vous êtes dans un tribunal et que vous devez dire la vérité. Mais vous n’avez peut être pas compris ma question, je vais donc reformuler. Où étiez-vous, quand les punitions se déroulaient et que vos enfants hurlaient ?

- Je…

- Où étiez-vous ?

- J’étais dans mon lit.

- Et vos enfants où étaient-ils ?

- Dans notre lit mais…

- Je n’ai plus de question.

Mon cœur se serre si fort que j’ai du mal à respirer, je bois une gorgée d’eau et l’avocat de ma mère arrive à la barre.

- Madame Gramont-Rainot, que se passe-t-il lorsqu’Henry n’est pas content de vous ?

- Il se fâche.

- Et qu’est ce qu’il se passe quand il se fâche contre vous ?

Ma mère hausse les épaules.

- Dites-nous, qu’est ce qu’il se passe quand Henry est très en colère contre vous ?

- Il me met une claque ou deux.

- Juste une ou deux ?

- Parfois un coup de poing dans mon ventre et quelques coups de pieds.

- D’accord. Et quand il est vraiment très très en colère ?

- Il fait ça pour que je sois une femme bien.

- Je n’en doute pas, alors qu’est ce qu’Henry fait pour que vous soyez une femme bien ?

- Parfois il me met la tête dans la bassine d’eau et me met des coups de badine ou de ceinture mais c’est parce que je n’ai pas écouté ou que je me mêle de ce qu’il me regarde pas.

- Comme quoi ?

- L’éducation des enfants, c’est son rôle de père et parfois je lui dis qu’il est trop sévère et il me montre ce que c’est d’être dur et en effet il n’est pas dur avec les enfants, c’est moi qui suis trop laxiste.

- Et les rapports sexuels, qui en décident à la maison ?

- Henry bien sur.

- Que se passe-t-il si vous dites non à Henry ?

- Ça l’énerve et devient très sévère avec les enfants.

- Donc pour éviter qu’ils soient trop sévère, vous ne lui dites pas non je suppose.

- Je ne contredis pas Henry il sait ce qui est bien pour nous. Depuis que je l’ai rencontré ma vie à tellement changé. Il m’aide beaucoup alors qu’il travaille dur. C’est un mari et un papa formidable.

On voit que l’avocat démontre que ma mère est une victime et qu’elle a été manipulée par Gramont. De toute façon elle ne nie rien quand elle est interrogée, pour elle, elle a fait ce qu’il fallait pour les enfants, à aucun moment elle prend conscience de la gravité de ce qu’on lui reproche. Bien qu’elle soit coupable, je sais surtout qu’elle s’est fait corrompre par cette ordure. Arès avoir tous été interrogé, la juge peut délibérer et donner son verdict.

- Coupable ! Vu votre état psychologique vous serez détenue dans le centre psychiatrique de Saint Pierre avec une obligation de soin aussi longtemps que nécessaire.

- Non !!! Marielle !!! Qu’est ce que tu as fais !!!

- Faites là sortir ! Ordonne la juge qui montre clairement son dégout face à la monstruosité de celle qui m’a mise au monde.

Le dernier regard qu’elle m’adresse est celui de la haine mais je ne pourrais jamais lui pardonner ce qu’elle a fait ou plutôt de ce qu’elle n’a pas fait pour empêcher ce monstre de faire du mal. Maintenant la juge statut sur l’avenir des enfants et je crois que j’ai jamais eu autant mal au ventre de ma vie. Nicolas et Lisa sont eux aussi au bord du malaise. Tout le monde retient son souffle quand les mots de la juge résonnent dans le tribunal.

- Après avoir étudié les différentes possibilités pour l’avenir des enfants et leur bien être qui doit rester la priorité, je valide le dossier que vous m’avez transmis. Madame Gramont- Rainot étant destituée de ses droits parentaux, vous devenez les tuteurs légaux.

- Merci beaucoup Madame le juge. Dit Lisa soulagée

Lisa et Nico se prennent dans les bras. Je vais pouvoir être proche de mes frères et sœur, les aider à retrouver une enfance épanouie et sécurisée. J’aurais pu demander à les adopter mais vu leur traumatisme, je crois qu’il est mieux qu’ils soient entourés par des professionnels, surtout que ma situation avec Mick’ n’est pas encore réglé. Mais je serais là près d’eux, c’est ce qui compte. Malgré les arrangements que Gramont a pu avoir, la juge ordonne qu’on le retrouve pour qu’il soit jugé. Une chasse à l’homme est désormais ouverte. Maintenant ils auront deux fois plus de risque de se faire prendre. Lorsque je me retourne je vois Mick’ prendre Julie dans ses bras. Un coup acide remonte dans ma bouche. C’est moi qui ai besoin de réconfort ! Pas elle !

- On a gagné !!! Crie Lisa en me prenant dans ses bras.

- Ouais. Dis-je avec cette pointe de douleur.

- Eh, t’as fais ce qu’il fallait Marie.

- Je sais.

Elle me prend une nouvelle fois dans ses bras mais ce sont ceux de Mick’ que j’ai besoin. Mais j’ai beau multiplier les regards vers lui, il discute avec son père ou Jack sans jamais me regarder. Il ne voit que par elle, elle et encore elle. Je la déteste tellement, elle était comme une sœur pour moi. Oh Julie méfie toi, si j’ai pu détruire ma mère, je peux très bien le faire pour ma sœur.

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