Lundi 27 juillet 2020

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Salut mon confident,

N'arrivant pas à trouver le sommeil, je me suis agenouillé près de mon lit, les mains jointes, priant pour qu'Alekseï me revienne au plus vite et qu'il recouvre la santé. Je suppliai, de toute mon âme, le ciel de le laisser vivre afin qu'on puisse s'aimer librement un jour.

La nuit fut compliquée. Je me suis réveillé plusieurs fois, car les images atroces de la veille se bousculaient dans ma tête. Je pensais à mon bel endormi. Il était à son tour ma princesse de contes de fées, mais cette fois un simple baiser ne suffirait pas à le réveiller.

J'ai fini par tomber de fatigue pour n'ouvrir les yeux que vers 12 h 30. Je me suis extirpé de mon lit et en trainant les pieds, je me suis rendu dans la cuisine afin de prendre un bout de pain et un jus d'orange.

— Coucou mon chéri, tu es enfin réveillé ? Vu tes cheveux hirsutes et ton teint blafard, je me dis que tu n'as pas dû trouver le repos serein cette nuit.

— Ouais ! Bonjour, Mamie. J'ai vraiment peur pour mon am... Ami. J'ai été trop con ! J'ai agi sans réfléchir sur ce coup-là et mon impulsivité a peut-être coûté la vie d'Alekseï.

— Mais pourquoi es-tu parti sans nous prévenir ? Tu sais que tu peux nous parler quand tu as un souci. Tu vois, nous avons réglé le problème avec les propriétaires.

— Désolé, Mamie... Mais...

Je ne me sentais pas disposé à lui faire mon coming out. Je verrai ce soir lorsque nous serons réunis tous les trois à table.

En début d'après-midi, j'avais laissé un message à ma rouquine pour lui annoncer l'accident. Elle me rappela une demi-heure plus tard.

— Bonjour, mon cœur ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment allez-vous ?

— Salut, Sally ! Moi, je n'ai rien, mais Alekseï est à l'hôpital dans un état grave !

— Vous êtes tombés à moto ?

— Il a glissé sous la pluie... Je n'étais pas avec lui, Sally ! Il voulait m'arrêter !

— Je ne comprends rien ! Samedi soir, tu m'as dit que tu rentrais dormir chez toi et je n'ai plus eu de tes nouvelles. Tu m'as planté comme une conne au bal ! Heureusement que je connais du monde.

Bébé, s'il te plaît, arrête de pleurer ! C'est si grave ? Qu'a-t-il exactement ?

— Il va peut-être mourir... J'ai tué mon homme ! ... J'ai merdé, Sally !

— Attends ! Tu m'as dit qu'il a voulu t'arrêter, comment ça ! Et pourquoi l'accident serait ta faute ?

— Je vais te raconter ce qui s'est passé après que je suis revenu du parc, mais tu vas me détester.

... Ensuite, j'ai pris mon sac et je suis monté dans un bus. Entre-temps, Mamie a prévenu Alekseï qui a foncé à la gare et il a perdu le contrôle de la moto.

— Mais tu réalises à quel point, c'était stupide de ta part de vouloir te barrer comme un voleur sans prévenir personne ! Tu le sais que tu peux venir chez moi quand cela ne va pas, pourquoi être parti chez ta tante sur un coup de tête ! T'es vraiment con parfois, tu ne réfléchis jamais aux conséquences !

— Sally... Je sais que tu as raison et je ne me le pardonnerai jamais, mais s'il te plaît, je n'ai pas besoin que tu me détruises plus que je ne le suis déjà. J'ai tellement peur pour mon homme ! Je ne veux pas qu'il meure !

— Calme-toi, mon cœur ! Alekseï est costaud et il t'aime. Il va s'accrocher à la vie, j'en suis sûre !

— Il est dans le coma ! Il a été touché à la tête et il a la jambe et le bras droit dans le plâtre. Ils ne savent pas s'il va reprendre connaissance. Je ne peux penser que je ne le reverrai plus, Sally !...

Sally me laissa le temps de calmer mon chagrin, en répétant en boucle :

— Calme-toi, mon cœur, chut ! Je suis là ! ... Tu pourras aller le voir et le motiver à se réveiller. Hein, bébé !

Non, sa mère ne veut pas ! Elle est tombée sur moi quand je suis allé lui rendre visite hier après-midi. J'ai cru qu'elle allait une nouvelle fois me frapper.

— Oh ! Je suis désolée...

Sally se mit à son tour à pleurer.

— Essaye-toi d'aller le voir !

— Je vais y foncer stap ! Et t'inquiète bébé, on va trouver une solution ! Va te reposer un peu ! Je t'aime mon cœur !

— Je t'aime aussi ma rouquine !

Alors que nous étions installés pour dîner, mon grand-père a toussé pour s'éclaircir la voix et a pris la parole :

— Mon garçon, tu sais que nous t'avons élevé une partie de ta vie et qu'en tant que petit-fils, nous t'aimons de tout notre cœur. Tu es le plus beau cadeau que des grands-parents puissent désirer. Nous avons toujours été très fiers de toi. Tu es une belle personne avec de très bonnes manières et tu es très intelligent. Nous savons qu'au niveau études et carrière, tu réussiras.

Mais après avoir discuté avec ta grand-mère, nous nous sommes rendu compte que nous ne comprenions rien à ce qu'il t'arrivait dernièrement et encore moins à cette affaire avec la vipère !

Qu'est-ce que tu as bien pu lui faire pour qu'elle te déteste autant ? Tu as tué son chien ? ajouta-t-il dans le but de nous donner le sourire.

Ma grand-mère acquiesçait et riait selon ce qu'il disait. Moi, par contre, ne sachant pas de quoi ils étaient au courant, je gesticulais sur ma chaise.

Je sais qu'Alekseï et toi êtes amis, mais de l'entendre pleurer de cette façon au téléphone, lorsqu'il ne t'a trouvé nulle part, m'a énormément surprise. On aurait dit que Son Altesse avait perdu un des joyaux de la couronne.

Non, pas un joyau Mamie ! Juste moi, son Baby.

Je ne pus retenir de couler le peu de larmes que mes yeux contenaient encore.

— Papy, Mamie,... Il faut que je vous avoue une chose très importante me concernant. Je ne sais pas comment vous l'annoncer... J'ai peur que vous me détestiez.

Je n'ai jamais eu de vraies relations avec les filles, juste des échanges de baisers et de caresses. Physiquement, elles ne m'attiraient pas plus que ça. En arrivant ici, j'étais toujours puceau. Je pensais que c'était parce que j'étais trop à fond dans mes études et le sport ou que je ne leurs consacrais pas assez de temps pour apprendre à les connaître, mais aujourd'hui... Depuis que j'ai rencontré Alekseï... Je me suis beaucoup interrogé intérieurement, et... Je ne sais pas si je suis hétéro, gay ou bi, mais il y a une chose dont je suis certain, c'est que j'aime Alekseï comme je n'ai jamais aimé personne. Je n'arrive pas à m'imaginer vivre sans lui. Il est devenu mon ami, mon amant, mon tout. Je ne peux pas être précis en disant que j'aime les hommes, mais je l'aime lui.

Ils avaient eu l'air de le prendre calmement. Aucun des deux n'eut de malaise, c'était déjà bon signe.

J'ai vu Gabriel regarder Enara puis il lui a dit en rigolant :

— Ben, s'il en est certain, on ne peut rien faire du coup !

J'ai bien vu le clin d'œil qu'ils échangèrent.

Nous, on veut tout savoir, donc Monsieur va nous raconter tout ça ! Évite tout de même les détails et le langage de D'jeuns n'oublie pas que nous sommes des vieux croûtons.

Rassuré, qu'ils essayent d'être compatissants et compréhensifs, je me suis lancé à tout leur confier.

À certains moments, ils paraissaient choqués et à d'autres, ils ont énormément rigolé. Surtout l'histoire de mon déguisement. Tout leur avouer m'avait procuré la force de me battre pour notre amour. Notre histoire ne pouvait tout de même pas finir de la sorte.

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