Jeudi 20 août 2020
J + 3s + 4jrs :-(
Yo mec !
Ce matin, comme tous les matins, je me suis extirpé du lit et je me suis traîné jusqu'à la cuisine pour déjeuner, ou plutôt, pour boire juste un café, afin d'estomper les effets des cachetons.
Alors que nous n'attendions personne, quelqu'un a toqué à la porte. Mamie, inquiète, est tout de suite allée ouvrir.
— Votre Altesse ? Que me vaut votre visite ? Si c'est pour maltraiter mon petit-fils, il ne fallait pas vous donner la peine de venir jusqu'ici !
La reine était venue en personne ? Que se passait-il ? Alekseï ! Non, Pitié, non ! Je me suis levé d'un bon et je me suis précipité derrière Enara.
— Il est mort ?
Je pensais me retrouver nez à nez avec la reine, mais c'était le roi qui nous faisait face.
— Ne me dites pas qu'il est arrivé quelque chose à Alekseï ?
J'ai explosé en larmes.
Il est parti ? Il est réveillé ?
— Ni l'un, ni l'autre, mon enfant. Va chercher ton grand-père au jardin, il faut que nous discutions.
Après avoir été cherché Papy, nous nous sommes tous assis autour de la table de la salle à manger. J'en ai immédiatement conclu que la situation s'aggravait. Le roi n'aurait pas fait le déplacement et ne serait pas exprimé devant nous, sans motif impérieux.
Mes yeux se firent de plus en plus rouges. Je m'attendais à tout, même s'il avait déjà écarté deux des options.
— Madame et Monsieur Morison, Sacha, j'ai pris la directive de venir vous concerter ce jour, car l'état notre fils bien-aimé ne s'améliore pas du tout et nous sommes relativement inquiets. Mais, je constate que votre Sacha n'a guère meilleure mine que mon fils.
Sacha ! Moi non plus, je ne supporte plus de le voir dans cet état végétatif. Quand je vais le visiter, j'ai l'impression de me rendre dans une chambre funéraire. Mon épouse est également effondrée, vous vous doutez bien.
Nous nous sommes concertés avec un grand nombre de spécialistes concernant l'aide que nous pourrions être en mesure d'apporter à Alekseï. Ils nous ont aiguillé sur l'évocation de souvenirs joyeux et sur l'écoute de chansons ou de voix, des personnes qu'il aime.
Suite à cela, je me suis rendu plusieurs fois à son appartement afin d'y dénicher un maximum d'informations sur ce qui le passionne.
À chacune de mes visites, je m'assieds sur son canapé, je lis ses livres, ses écrits, même les post-it qui traînent. J'ai le sentiment qu'il va surgir derrière moi ou que je vais entendre sa voix. Je me suis rapidement rendu compte que je ne connaissais pas ce garnement, lorsque je suis tombé sur un journal qu'il semblait tenir jour après jour.
Depuis début juillet, il ne parle que de toi, Sacha. J'ai mesuré l'ampleur de votre relation et j'ai discerné pourquoi mon épouse était aussi réfractaire à votre entente. Je suis sincèrement désolé de ne pas m'être occupé de cela avant.
Je ne dis pas que je soutiens votre relation à cent pour cent. Mon fils est un prince et sûrement qu'un jour, je lui transmettrai mon trône en tant que roi. Il y a des choses que notre peuple risquerait de refuser, mais bon, pour l'instant, nous n'en sommes pas là.
Soit certain, que je ne tiens pas à vous voir mourir, ni l'un, ni l'autre. La vie est précieuse et l'amour en est l'essence.
J'ai appris que ma femme t'avait privé de rendre visite à Alekseï et vu l'amour qu'il te porte et réciproquement, ça a été une énorme erreur de sa part. Est-ce que tu désires l'aider ?
En sanglots, je me suis jeté à ses genoux. Mes mains jointes en signe de supplication devant mon front, j'ai posé ma tête sur sa cuisse en le suppliant de me laisser contribuer à la guérison de son fils et en lui confessant mes sentiments.
— Oui, je vous en supplie Votre Altesse Royal, laissez-moi essayer ! Je l'aime plus que ma propre vie. S'il ne revient pas, je partirai avec lui.
Je m'en suis voulu d'avoir dit ça devant mes grands-parents. J'ai été trop con ! Je n'ai pas évalué la douleur qu'ils ressentiraient en m'entendant tenir de tels propos.
Tous les jours, ils étaient témoins de l'état de délabrement dans lequel j'errais dans la maison. L'idée de me perdre les hantait et moi, je n'avais rien trouvé de mieux qu'à leur sortir ce genre de connerie. Je me suis relevé, je suis allé me placer derrière eux et je les ai enlacés.
— Je vous aime Papy et Mamie. Tout va s'arranger, vous allez voir. Excusez-moi d'avoir dit des conneries pareilles, vous savez que j'aime trop la vie. Je n'ai que 23 ans, je suis encore un petit con !
— À partir d'aujourd'hui, personne ne s'interposera plus lors de tes visites. Tu as carte blanche et je serai là si tu en ressens le besoin.
— Merci Votre Altesse Royal ! Je me prépare et j'y cours.
— Prends ma voiture sale garnement et sauvez-vous mutuellement ! a ajouté mon grand-père en riant.
Le roi et les grands-parents de Sacha avaient retrouvé le sourire en voyant sa motivation. La vie de ces deux êtres chers à leurs cœurs ne tenait plus qu'à un fil. Ils étaient conscients que seul leur amour pouvait les sauver.
"L'amour n'a pas de prix, mais il vaut tout l'argent du monde."
J'étais tout excité de revoir mon bel amour. Je vais te réveiller mon chéri. Tu vas voir, je vais bien m'occuper de toi !
Je suis arrivé à l'hôpital, sans accident avec la voiture de Papy et j'ai même réussi mon créneau du premier coup. Ça faisait super longtemps que je n'avais pas conduit, surtout à la Française.
Les infirmières étaient toutes contentes de me revoir plein de vitalité, malgré mon apparence morbide. Elles ont tout de suite bipé Laura pour lui dire que j'avais enfin eu l'autorisation officielle de venir rendre visite à Alekseï.
J'ai commencé cette première visite par un énorme bisou sur sa belle bouche très pâle et j'ai repositionné le masque à oxygène. Je lui ai pris la main et je l'ai collé contre ma joue.
— Coucou mon amour, j'ai enfin eu l'autorisation de ton père, pour m'occuper de toi. Donc va falloir que tu y mettes du tien, car j'ai bien l'intention de tout essayer !
T'as peur ? Ben tremble alors, parce que tu ne sais pas de quoi est capable un être désespéré. Tu vas avoir mal au cul, si tu me résistes !
On va commencer par une petite toilette à l'eau tiède, parfumée au melon. Je sais que c'est ton fruit favori.
Tout en lui parlant, je passais le linge humide sur son corps amaigri.
Mon pauvre amour ! Nous sommes dans le même état. Plus mort que vivant. Il va falloir manger un peu plus pour regagner des muscles. Je ne veux pas sortir avec un tas d'os, sinon, je changerai de petit copain.
Je ne savais pas s'il m'entendait, alors j'espérais l'énerver un peu.
Après le brin de toilette, je suis resté à lui faire des caresses sur le visage et les mains, tout en lui parlant de tout et de rien. Je n'avais rien de très important à lui raconter, vu que je restais la majeure partie de mon temps, enfermé dans ma chambre à broyer du noir.
Je ne pouvais pas lui confier mon accident, lui avouer que je l'avais trompé et mon rendez-vous chez le psy ou autres trucs hyper démoralisants. Alors, je lui ai rappelé nos souvenirs ensemble, ce que j'avais ressenti au plus profond de moi et combien je l'aimais.
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