Chapitre 22
Dans la demeure de Marvin, elles retrouvent Ethio qui leur explique qu’il a différé son départ. Épuisée mais heureuse, Nime termine l’après midi par une sieste réparatrice. Au soir, Marvin n’est pas encore rentré, mais Ethio doit les quitter pour rejoindre son bateau. Antoine le raccompagne avant de partir dîner avec sa famille. Caroline quant à elle, reçoit la visite de son frère qui l’avertit que sa mère veut la voir. Il espère qu’elle ne s’est pas rendue compte qu’il a emprunté le Monocle du Sage sans sa permission. Tous deux s'éclipsent donc pour remettre en place le précieux artefact. Nime en profite pour se faire bichonner par Madame Bertine et déguster ses bons petits plats. Au matin, Marvin les accueille au saut du lit.
- Petit cyaniste, j’ai une bonne nouvelle ! Tu vas bientôt pouvoir retourner à Stiss.
- C’est vrai ! Marvin vous êtes super.
- Je sais je sais. J’ai d’autres informations. Pour avoir volé et usurpé la place de Nime, les deux jumeaux Riette seront expulsés de l’académie sans aucun diplôme et une enquête sera diligentée auprès de leur mère.
- Bien fait pour eux !
- Mais aussi, le Grand-Duc demande à te recevoir au bureau des Trimera immédiatement. Caroline devra venir aussi.
- Mais, j’ai même pas eu le temps de prendre une douche !
Et c’est ainsi qu’ils se retrouvent tous les trois, Nime, Caroline et Marvin, devant le guichet de la maison Trimera accueille comme la première fois par Suzanne.
- Le Grand-duc va vous recevoir immédiatement, veuillez monter à l’étage.
Ils gravissent un escalier hélicoïdal en marbre précieux, jusqu’au dernier étage et arrivent devant une lourde porte sculptée, agrémentée de dorures. Deux gardes en armure d’apparat encadrent un chambellan qui les introduit dans la Salle d’Honneur. Ils pénètrent dans un pièce dallée de somptueuses mosaïques en serpentines, encadrée de colonnades d’ivoire. Au centre, sur un trône capitonné de taffetas, se tient un homme assez âgé avec une barbe encore plus soyeuse que celle de Marvin et vêtu de fanfreluches et de pierres précieuses.
- Marvin ! Mon très cher frère, quel plaisir de te revoir !
- Alain.
- C’est un honneur, d'accueillir ici la célèbre, très, très célèbre exorciste de Stiss !
L’homme scintillant jusqu’au fond des oreilles s’avance d’un pas énergique et enjoué vers la jeune fille et se penche pour lui faire un baisemain. Alors que l'intéressée peine à garder contenance devant tant de raffinement, le bourgeois recule soudain, se couvrant le nez d’un carré de soie parfumé.
- Hubbb…Félicitation bour votre exaben, c’est barfait !
Botre combat contre l'esbrit de l’arène était bagnifique. Le roi des terres nobades est devenu votre blus grand fan et semble avoir très envie de vous brésenter ses fils.
- Et est ce que je peux décliner ? Je connais déjà l’un d’eux, ça ira.
- Je combrends, jeune deboiselle. Mais sachez que ces barbares sont des gens très “spontanés”, bais tout à fait resbectables… Voici votre accréditation officielle, gardez-la précieusebent. Vous êtes à présent autorisée à exercer votre art dans tout le royaube et ainsi être payé par la famille Tribera bour ça.
L’homme retourne s'asseoir avec empressement et interpelle la fillette aux couettes rousses.
- Ah au fait ! Mademoiselle Caroline, votre chère mère est ici. Vous pouvez entrer très chère.
La cheffe des Jouvence entre alors dans la salle, et toise d’un regard sévère la petite Caroline.
- Bonjour ma fille, voilà deux ans que tu as abandonné notre famille. Et je ne t’en félicite pas. J’espère qu’au moins tu as appris les bonnes manières depuis tout ce temps.
- Mère, si je suis partie, c’est pour prendre officiellement le nom des Cardor.
- Impossible ! Tu es née Jouvence et mourras Jouvence ! Par contre, je dois avouer que j’ai été surprise que tu côtoies d’aussi intéressantes personnes. La démonstration que j’ai vue hier en est la preuve. Cette jeune exorciste de Stiss me semble bien prometteuse. Et elle pourrait être un atout majeur pour notre famille… si un de nos membres acceptait de la prendre sous sa coupe pour la former.
- Vous souhaitez donc négocier, mère ?
- Pourquoi pas ! Mais je refuse que le nom des Jouvence soit souillé par la réputation des Cador. Ce point est non négociable.
Nime intervient alors dans la discussion.
- Eh ! Excusez-moi, je vous entends ! Et pour info, il est hors de question que je reste loin de Stiss plus longtemps.
- Jeune fille, tu es une exorciste puissante, mais sans tuteur tu ne vaut absolument rien, crois-moi.
- Comment ça ? Je m’en suis très bien sorti jusqu’à aujourd’hui. et c’est pas parce que je lève pas le petit doigt en buvant le thé que je suis une bonne à rien !
Le Grand Duc intervient alors pour calmer le jeu.
- Allons, allons. Je pense que vous avez tous trois besoin d’un consensus. Et puisque je dirige toutes les activités des exorcistes ici, je vous propose ceci :
J’autorise Caroline à prendre la direction de Stiss sous le nom des Cador. Elle sera assistée par la jeune Nime qui complètera sa formation auprès d’elle. À la condition que toutes deux signent un contrat avec la famille Jouvence qui stipule que vous devrez assurer vous même vos dépenses matérielles, en plus, bien entendu, du pourcentage standard dû à notre institution. De plus, vous ne formerez aucun autre apprenti. C’est votre seule option, réfléchissez-y.
D’un geste de la main, il les congédie poliment afin de s’entretenir avec Madame Jouvence pour arrondir les angles.
Encore méfiants face à cette proposition, ils quittent le palais des Trimera en saluant leur hôte. Sur le chemin du retour, Nime sourit de toutes ses dents.
- Moi, tant que je peux retourner à Stiss, je m’en fiche. Vous en pensez quoi Marvin ?
- La ville est encore officiellement à la charge des Cador, et elle ne peut pas rester sans exorciste très longtemps. D’autant plus qu’elle est complètement infestée de fantômes. Ce marché me semble plutôt honnête.
- Mais avez-vous entendu comme moi toutes ces conditions ?! Il est hors de question qu’on accepte ça.
- Je ne sais pas à quoi tu t'attendais Caroline, mais n’espère pas en tirer plus de ta mère. Cela me fait mal de l’admettre mais sur ce coup là mon frère vous à mâché le travail.
- Mais, quand même… Tu es d'accord avec moi Nime ?
- Heu… En fait, par rapport au contrat que j'avais à l’usine quand j’étais petite, celui-là me semble avantageux.
- Mais comment vais-je bien pouvoir redorer le blason des Cador sans argent ni apprenti ?!
- Écoute-moi Caroline, c’est bien d’avoir de l'ambition, mais ne sois pas trop hâtive. Ta mère fait partie de ces personnes qui calculent sur le long terme. J’imagine qu’elle reviendra sur sa décision si nous travaillons dur à nettoyer cette ville.
- C’est vrai… Ça pourrait fonctionner. Si j'améliore la réputation des Cadore petit à petit, elle finira par lâcher du leste…
- Bien, si nous sommes tous d'accord, allons manger !
Pourtant, au fond d’une mine abandonnée, dans les galeries les plus profondes, une boîte de fer solitaire attire à elle, une brume blanche toujours plus dense…
Fin ❤
Annotations
Versions