La première nuit.

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Métropole de Lille - 19h03 (17h03 UTC)

Jérémie, après avoir envisagé différentes solutions, se rendit à l’évidence : il ne pourrait rentrer chez lui ce soir.

Il rappela donc Florence pour lui demander si elle était toujours d’accord pour l’accueillir.

  • Florence, c’est Jérémie. Je n’ai pas de solution pour rentrer chez moi ce soir. Tu peux toujours m’héberger ?
  • Oui, sans problème. J’ai de la place, je t’attends. Je te passe mon adresse par message. Comptes environ quarante minutes de marche, mais ce n’est pas très compliqué, le chemin semble accessible.
  • Super, je te remercie. Veux-tu que je ramène quelque chose en passant ?
  • Non, j’ai tout ce qu’il faut. De plus, j’ai l’impression que tous les commerçants ont fermé boutique du fait de la situation.
  • Bon d’accord. J’arrive.

Le chemin qui menait chez Florence traversait essentiellement une zone rurale et Jérémie n’eut en effet aucune difficulté à faire le trajet.

Il arriva un peu avant vingt heures chez Florence. Il sonna.

  • Je suis contente que tu ais accepté de venir ici pour la nuit. Rentre, tu dois être fatigué.
  • Oui, surtout émotionnellement. Je te remercie beaucoup d’accueillir un pauvre naufragé sans refuge. Tout cela est quand même incroyable.
  • C’est clair. Et il semble que la pagaille soit générale. Je ne pensais pas voir cela un jour.
  • Nous qui étions fiers de nos technologies, voilà que tout d’un coup, nous remarquons que nous sommes impuissants. Quelle désillusion !

Florence le guida à travers la maison et lui indiqua sa chambre.

  • Je vis seule actuellement. C’est la chambre de mon fils qui travaille en Bretagne. Mets toi à l’aise. Tu as une salle de bain sur le palier.
  • Merci beaucoup. Je ne vais pas déranger. Je partirai demain matin à l’aube pour rentrer chez moi à pied.
  • Non, je vais te prêter le vélo de mon fils. Cela fait un moment qu’il n’a pas servi, mais il roule. Ce sera plus facile que de rentrer à pied.
  • Super. Heureusement que tu es là. J’espère que quand tout cela sera fini, je pourrai te remercier.
  • C’est bien normal. Le repas est prêt, je te laisse te mettre à l’aise et je t’attends dans la cuisine.
  • Ok, j’arrive.

Florence et Jérémie dinèrent rapidement, mais ni elle, ni lui, n’avait très faim.

Ayant décidé d’oublier temporairement la situation, ils ne se connectèrent pas aux réseaux d’information mais passèrent la soirée à discuter. Ils se rendirent compte que bien qu’ils partageaient le même bureau depuis plus de cinq ans, ils ne se connaissaient pas réellement.

Au moment du coucher du soleil, ils constatèrent que la lumière du jour laissait peu à peu place à une lumière fluctuante aux tons verdâtre et mauve. Ils sortirent et découvrir les aurores boréales qui progressivement envahirent tout le firmament. De temps à autre, ils aperçurent des flashs dans le ciel. Ils pensèrent que cela était du à la collision de deux satellites.

Vers vingt-deux heures trente ils se séparèrent et gagnèrent chacun leur chambre. Les lueurs célestes pénétraient par les interstices de la chambre de Jérémie et rendaient l’ambiance sinistre.

Il appela une dernière fois son épouse.

  • Je suis chez Florence ma collègue de bureau. Je suis bien installé pour la nuit et toi comment cela va ?
  • Ça va à peu près. Les enfants sont très anxieux, je crois qu’ils vont avoir du mal à dormir. Cette lumière dans le ciel n’est pas faite pour les rassurer. Hier soir, j’ai fait venir, à la maison deux clients anglais qui sont coincés ici. Ils vont passer la nuit là. L’avantage, c’est qu’ils ont pas mal discuté avec les enfants et cela leur a changé les idées.
  • Tu as bien fait. Bon j’espère que vous allez quand même passer une bonne nuit. Je te laisse. Je serai là demain dans la matinée.
  • Bonne nuit à toi aussi. A demain. Je t’aime.
  • Moi aussi, je t’embrasse.

Julien s’allongeât sur le lit et chercha le sommeil. De multiples pensées, la plupart négatives, l’empêchèrent de dormir. Vers minuit, il se mit à essayer de déterminer le meilleur itinéraire pour rentrer chez lui à vélo.

Après plusieurs tentatives pour trouver le sommeil, il se rendit à l’évidence. Il ne pourrait pas dormir. Vers cinq heures il se décida à se lever pour prendre la route. En sortant de la chambre, il vit que la cuisine était allumée. Florence n’avait pas non plus réussi à dormir.

  • Bonjour, je ne te demande pas si tu as bien dormi, lui dit-elle.
  • Non, effectivement, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je me suis dit que compte tenu de la visibilité que nous donnent les aurores boréales, il n’était pas la peine d’attendre pour partir. Je vais donc tenter ma chance et te laisser.
  • Attends. Prends quand même un grand café. Vu que tu n’as pas dormi, tu vas en avoir besoin.
  • C’est une excellente idée. Merci.

Ils partagèrent un dernier café et Jérémie pris la route après avoir promis à Florence de la tenir informée. Ils convinrent de se revoir une fois tout ceci terminé, même si, comme ils en étaient persuadés, ce ne serait plus en tant que collègues de bureau.

Jérémie enfourcha donc le vélo et pédala en direction de Lille. Il avait calculé l’itinéraire et pensait qu’en un peu moins de deux heures, il pourrait être chez lui.

Il franchit les premiers kilomètres, en zone rurale, sans difficulté. Mais dès qu’il entra en ville les choses se compliquèrent. Les chaussées encombrées de véhicules abandonnés nécessitaient une attention de tous les instants. Certaines voies étaient carrément bloquées sur toute leur largeur, mais ce n’est qu’en arrivant sur l’obstacle qu’il pouvait s’en rendre compte. Il était alors obligé de rebrousser chemin et de trouver un itinéraire de contournement. Ne pouvant utiliser le GPS qui ne fonctionnait pas, il dût se fier aux panneaux de signalisation.

En route il croisa quelques attroupements constitués de populations en prières. Il remarqua que toutes les adeptes de toutes les religions avaient eu les mêmes réflexes. A chaque fois qu’il passait devant une église, un temple ou une mosquée, il constatait que le bâtiment était plein et que les dévotions envahissaient la chaussée. Plusieurs fois, il fut obligé de faire un détour pour les éviter.

Rapidement, il se rendit aussi compte qu’il lui valait mieux éviter les rues les plus commerçantes. En effet, en plusieurs endroits, des groupes, armés de bric et de broc, dévalisaient systématiquement les commerces. Voulant garder pour eux la totalité de leurs butins, ils malmenaient systématiquement toute personne qui s’approchait.

Plusieurs fois aussi il fit l’objet de tentatives d’agression par des individus qui souhaitaient lui voler son vélo. Une fois il se fit même caillasser et ne dût son salut qu’au fait que sa bonne condition physique lui avait permis d’accélérer vivement.

Ce n’est que vers 10h qu’il pu enfin rejoindre son domicile et retrouver sa femme et ses enfants.

Cela faisait maintenant près de vingt-quatre heures que la catastrophe avait débuté. Mais elle n’avait pas encore atteint son paroxysme.

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A suivre dans le récit "Apocalypse 2035 - Jour 2"

P.K. 11 mars 2024

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