Vincent entre dans le manoir, l'ambiance plus sombre et pesante qu'habituellement. Il retire ses souliers et s'avance sur l'épais tapis de velour. Le vent s'engouffrant dans la cheminée semble hurler d'épouvante et les planches de bois de l'étage grincent, anticipant son arrivé. Il monte prudement les escaliers, chaque marche une à une, son regard se dirigeant vers le bureau de son tuteur. Vincent commence à regretter sa petite escapade plus tôt dans la journée...

Le silence pèse sur son cœur. Il fait quelques pas encore, le couloir s'assombrissant de plus en plus, il lui semble que les murs s'incline à mesure qu'il avance. Il essuie du revers de sa manche les quelques gouttes de sueur qui c'étaient figées sur son front.

Vincent finit par attraper fermement la poignée de la porte et la tourna fébrilement, tout ses sens sont décuplés et en alerte :

« Euh... Monsieur Esteban ? »

Il ravale sa salive et entre d'un pas hésitant, entrouvrant un peu plus la porte. Esteban ne répond pas. Il sait. Après tout, il a sûrement dû le chercher durant la journée et ne l'a trouvé nul part. Son estomac se noue et son sang se glace, cependant il décide de confronter son tuteur :

« Êtes-vous énervé ? Je m'excuse, je... Je me rends bien compte que j'aurais dû vous obéir et ne pas franchir cette limite. Jamais je ne recommencerai — enfin certainement... »

Il murmura la fin en détournant son regard honteux du bureau derrière lequel le vieil homme ne bronche pas. L'air manque, il a l'impression de suffoqué, il peut à peine apercevoir la silhouette d'Esteban. Angoissé, il balance subitement :

« Mais il y a cette fille ! C'est un être humain, comme toi et moi, ce qui signifie que l'humanité n'a jamais disparu. Que tu m'as menti ! Tu es tout autant fautif, et j'avais indiscutablement raison de te désobéir en m'enfuyant dans la forêt, s'exclama t-il le souffle court. Si cette fille n'avait pas planté son avion, tu m'aurais gardé dans l'ignorance toute ma vie. Pourquoi m'avoir menti durant toutes ces années ? »