— Hey Charly ! Tu ne voudrais pas un peu baisser le son.

— Hein ? répliqua l'adolescent aux platines, tout en plissant les yeux.

— Baisser le son, hurla sa mère de plus belle, nichée dans l'embrasure de la porte de sa chambre.

— Ouais, ouais.

Depuis plusieurs mois, Charly s'était découvert une passion peu commune. Poussé par ses parents qui se lamentaient de le voir passer ses journées sur les jeux vidéos, le jeune homme avait trouvé un nouveau sens à son existence. Une voie perçue par ses parents comme un virage à cent quatre-vingt degrés, les palpitations en prime. Sa chambre, ancien fief de batailles "online" s'était transformée en véritable studio d'enregistrement. Platine, table de mixage, enceintes, tout y était. Charly pouvait laisser son art s'exprimer, libérer ce que son âme éprouvait, bloquée entre les murs étroits de son esprit d'ado bridé. Menotté à un monde bourré de règles, à ce qu'il appelait le "système", Charly tentait de s'évader à travers des sons aux atmosphères oppressantes, parfois euphoriques. La musique lui offrait un moyen de transcender les limites de sa réalité quotidienne, de fuir la monotonie des jours qui se ressemblaient tous. Ses compositions étaient comme des échappatoires, des voyages sensoriels où il pouvait être libre, où il pouvait être lui-même sans jugement ni contrainte.

De l'autre côté de la demeure de l'artiste, Séverine souffrait de ce vacarme musical qui ressemblait bien plus à un violon mal accordé qu'à une symphonie de Beethoven. "Bloodywood", son dernier morceau, n'était qu'un supplice à ses oreilles.

— Finalement, Fortnite, c'était pas si mal, hein ?

La question demeura en suspens. Les parents de Charly se toisèrent un long moment, une expression de dépit fichée sur le visage.

Musique proposée : https://www.youtube.com/watch?v=UAv6-s_VG9E

Pas du tout mon style de musique, un véritable défi pour pondre un texte qui corresponde à ce que j'ai bien pu ressentir. Merci de m'avoir sorti de ma zone de confort !