Arrivée à l'église

2 minutes de lecture

L’abbé me fait peur. Pendant la messe, il ne parle que de la Bible, de Satan et de ses démons qui envahissent le monde. Quelle horreur, mon Dieu !

En plus, il nous observe comme s’il souhaitait voir à travers nos yeux et essayait d’y deviner nos moindres secrets. Je n’aime pas son regard. Je préférais l’abbé Dumont-Saint-Michel. Lui était gentil et parlait de Dieu avec des mots faciles à comprendre, pas comme dans la Bible. J’aurais voulu que ce soit lui le prêtre pour ma communion. Il aurait apporté des gâteaux et joué de la guitare pendant la messe. Tout le monde l’adorait sauf, paraît-il, les grenouilles de bénitier qui n’appréciaient pas son sermon du boogie-woogie. Je trouve cela bizarre. Pourquoi les grenouilles n’aimeraient-elles pas la danse ou la guitare ? D’ailleurs, je n’ai jamais rencontré de grenouille dans l’église. Une fois, j’ai vu des têtards dans l’eau du bénitier, mais c’était la blague d’un enfant.

Perdue dans ma rêverie, je trébuche dans le champ à cause d’une ronce plus épaisse que les autres. Je tombe sur le sol. Mon genou cogne contre une pierre et des épines s’enfoncent dans mon pied. Mes cuisses sont éraflées de partout, mon genou saigne et je grimace de douleur quand une ronce me griffe au visage.

Grouille-toi ma fille, relève-toi ! me dirait maman. Alors je me relève en boitillant à cause de mon genou.

Mon aube de communiante, où est-elle ? Un rapide coup d’œil aux alentours m’informe que je ne l’ai pas perdue, ouf ! Elle est étendue au-dessus de l’herbe un peu plus bas. Ma robe est couverte de graines de bardane, mais à part ça, saine et sauve. Je suis trop pressée pour enlever les graines maintenant, je le ferai plus tard. En courant, j’en oublie ma blessure au genou, mais sens toujours les épines incrustées dans mon pied. C’est ce qui me fait le plus mal.

Arrivée en bas du champ, j’ai le cœur qui cogne dans ma poitrine. Je suis proche de l’église, plus que trois cents mètres. La grande aiguille du clocher est presque sur le douze. Il reste moins d’une minute et il n’y a personne dans les rues du village à cette heure. L’abbé est en train de refermer la lourde porte en bois. Vite, je me précipite en criant pour qu’il me laisse entrer.

Je suis devant lui avant la fermeture, mais essoufflée. Il me regarde avec son air sévère habituel. Mon cœur bat la chamade, j’ai les joues rougies à cause de l’effort et de la peur de ne pas arriver à temps. Mes cuisses et mes jambes sont écorchées, j’ai un genou en sang et je suis en sous-vêtements.

Je ne suis pas très présentable.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire jesuispasunerockstar ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0