3. Baktun, pictun

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Bien des siècles plus tard, un archéologue descellait une lourde porte en acier.

« Qu’est-ce que tu vois, Glock ? »

Pour l’instant, pas grand-chose. Un couloir sombre desservait des chambres plongées dans le noir.

La porte ouverte de la première salle révélait la présence d’artéfacts. Dans un coin, le sol était jonché de petits cylindres métalliques couverts d’inscriptions. Plissant les yeux, Glock parvint à déchiffrer Liff ou peut-être Leffe.

L’endroit semblait bien préservé. Glock ne pouvait contenir son excitation : il espérait être en présence d’un site antérieur à la Chute.

Torche allumée, il pénétra à l’intérieur.

La première chambre était remplie d’objets étranges, dont Glock ignorait la fonction. Un grand rectangle noir était fixé sur un mur. Non loin, un mystérieux cercle de chiffres entourait des formes rouges et noires concentriques. Glock supposait que c’était une horloge, mais il n’en avait jamais vue de la sorte. Et surtout pas avec ces trois tiges en ferraille plantées dedans.

Au milieu de la pièce trônait une surprenante table, surmontée d’un dispositif alambiqué. Plusieurs rangées de petits bonhommes en bois, fixés sur des barres en fer, se faisaient face. Les barres se terminaient par des espèces de poignées qui dépassaient du meuble.

« Surement un autel religieux », pensa Glock.

Il alla inspecter les autres parties du complexe. Il crut reconnaitre une cuisine. Une autre salle était entièrement recouverte de céramique, signe évident de richesse du propriétaire des lieux. Une sorte de réserve l’attendait plus loin. De grandes étagères étaient bondées d’objets en tout genre, dans le plus grand désordre. Des jarres transparentes à la finition trop précise, des ustensiles en métal sans rouille, et encore ces cylindres aux inscriptions bizarres.

Glock fut ébahi par la profusion de reliques. Il faudrait deux saisons à son équipe pour tout étiqueter.

« Je crois qu’on a trouvé notre caverne aux trésors ! » s’écria-t-il.

Il entendit derrière lui une salve d’applaudissements. Après tant d’années de recherches, la clé de tout son travail était peut-être là, devant ses yeux. Avec de la chance, lui et ses collègues trouveraient des indices sur l’effondrement de la civilisation de leurs ancêtres. Peut-être même parviendraient-ils à éviter que leur propre monde connaisse le même destin.

Laissant les étagères, Glock éclaira le fond de la pièce et marqua un temps d’arrêt.

Un cadavre momifié était affalé sur un antique fauteuil ravagé. La bouche ouverte, ses orbites sèches fixaient le plafond. Une longue barbe grise tombait jusqu’à une main osseuse posée sur l’entre-jambe. L’autre tenait encore l'un de ces intrigants cylindres Leffe.

Derrière lui, le mur était submergé de graffitis que Glock ne comprit pas. « J’ai raison bande de cons », « Ça va péter », « L’année prochaine », « Cassez-vous tous, j’men fous ! », « Merde à celui qui le lira », « Cons de Mayas ! »

Partout, le nombre 2012 était inscrit, puis rayé violemment.

Glock s'exhuma du complexe sous-terrain et annonça à l’équipe impatiente :

« On avait raison ! C’est bien la dernière demeure d’un riche seigneur de l’ancien monde ! »

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