Réponse à "Tueur à gages"

de Image de profil de Une Rose des SablesUne Rose des Sables

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La population de Lizensch avait, depuis quelques heures, sombré dans les songes. Bercée par les bruissements de la forêt qui l’entourait, la capitale de Rossoliz se murait dans un silence agréable. Loin des moteurs d’avion qui grondaient au rythme des trompettes tout le long de la journée, Rossa observait le paysage sous ses yeux. Assise dans son balcon, une simple cruche d’eau était posé sur la petite table en métal noir. Elle but une gorgée d’eau puis une bouffée d’air. Naviguer dans les cieux était certes un de ses plus grands plaisirs. Mais pouvoir profiter du calme de ceux-ci restait tout aussi agréable.

La brise se glissait entre sa chevelure rousse pour caresser sa nuque, lui arrachant un frisson. Néanmoins, une sensation moins agréable la crispa.

Là, sur sa gorge, se trouvait une lame. Et lorsqu’on levait les yeux, on pouvait en voir de nouveaux, clairs et brillants. Rossa se demandait s’il existait un tel regard chez le commun des mortels. Mais, la lueur venant de la chambre lui permettait de constater que l’individu était bien humain. Encapuchonné et vêtu tout de noir, l’assassin la scrutait sans dire un mot. Le masque qu’il portait rendait impossible la lecture d’une quelconque expression. Mais cela ne démoralisa pas l’aviatrice qui laissait son regard divaguer sur ce visage.

«Bonsoir, Monsieur l’Assassin. Vous savez, quand on vient tuer une militaire, il est souvent plus judicieux de le faire rapidement, déclara t-elle en tapotant son arme, toujours à sa ceinture.

– Je sais. Je ne le sais que trop bien.

– Alors pourquoi hésiter, Monsieur l’Assassin ?

– Ferme les yeux. Peut-être y arriverai-je ainsi.

– Vous pourriez demander plus poliment. Je n’ai pas très envie d’avoir ma vie oter par quelqu’un de malpoli. »

La pression de la lame se fit plus forte mais sans la faire souffrir. Rossa essaya de fermer les yeux pour confirmer qu’il la menaçait avec le dos de l’arme. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle continua sa petite discussion.

« J’ai visiblement trop fouiné dans les affaires de l’État…

– Cesse de parler. Je me concentre.

– Vous tutoyez vos victimes ? Je pensais que les assassins des aristocrates étaient plus respectueux.

– Tu parles trop pour quelqu’un qui va mourir comme une idiote.

– Je ne meurs pas comme une idiote puisque c’est par mon intelligence que j’ai la haine de tant de personnes.

– Si tu veux croire à ça, ne te prive pas. Du moment que tu te tais.

– Allons, Monsieur l’Assassin. Quelqu’un avec de si beaux yeux clairs est bien plus capable de faire preuve de clairvoyance que de se laisser s’obscurcir.

–… c’était une blague ?

– Vous aimez ? Demanda t-elle en laissant échapper un rire des plus heureux. »

L’assassin ne quittait pas son visage des yeux. Lorsqu’on lui avait présenté sa victime, il pensait à une chimère. Une aviatrice de plus en plus populaire auprès du peuple mais aussi de ses collègues, qui savait conquérir n’importe qui par ses yeux d’or. Mais visiblement, sa langue consistait une arme tout aussi dangereuse. Il retira son arme pour venir face à elle, s’adossant à la rembarde du balcon.

« Ouvre.

– Politesse, monsieur l’Assassin aux beaux yeux clairs.

– S’il te plaît et arrête avec ce nom.

– Vous pouvez vous présenter aussi, dit-elle en ouvrant les yeux.

– Je ne suis qu’un assassin.

– Qui vient tuer Rossa Novalesa, le nouvel espoir des aviateurs.

– Tu aimes te jeter des fleurs visiblement.

– Je ne fais que constater. C’est ainsi que j’apparais aux yeux de tous. Comme à vous aussi, non ?

– Non. Je pense que tu mens.

– Ah bon ? C’est fâcheux. Je m’efforce toujours d’être honnête et sympathique.

– Cela peut s’opposer.

– On peut dire la vérité sans faire du mal à quelqu’un. Vous n’y arrivez pas ?

– Non, je ne suis pas assez exceptionnel pour cela, visiblement.

– Il n’est pas question d’être exceptionnel ! C’est juste une histoire de lisser. Je vais vous montrer ! »

Elle se leva mais s’arrêta face à la lame qu’il pointait sous ses yeux. De l’or jaillit alors de ses orbes, le figeant sur place, ce qui permit à l’aviatrice de retourner dans sa chambre. Avait-il bien vu ? L’espace d’un instant, il lui semblait avoir vu prendre vie quelque chose dans les yeux de la jeune femme. En effet, c’était un danger.

Enfin, un danger qui apporte une corbeille de fruits et qui en propose à son meurtrier. Elle cachait bien son jeu, voilà tout.

« Vous voyez, cette poire. Si j’étais honnête je dirais qu’elle manque de couleur et – elle croqua dedans – et de goût. Mais si je suis sympathique en plus, je dirais qu’elle n’a pas eu le temps de bien mûrir. Vous comprenez ?

– Tu te mets à la place d’un fruit pour être honnête et sympathique ?

– La vérité passe toujours mieux quand on a l’impression que la personne qui nous la sort se met à notre place, continua t-elle en grignotant sa poire.

– Ou bien on risque d’encore plus s’énerver face à l’hypocrisie de cette personne.

– Pourquoi ?

– Disons… que personne ne peut mieux nous comprendre que nous-même.

– Mmh… je pense que vous avez tord. »

L’assassin arqua un sourcil en tournant le regard sur son visage. La lueur derrière elle offrait des reflets orangés à sa chevelure bouclée, qu’il constatait être peu coiffée. Pourtant, ce n’était en rien désagréable. Tout comme le fait d’avoir été contredit. Il comprenait mieux pourquoi on voulait tant la supprimer.

« Vous parlez trop. Les voleurs n’aiment pas ça.

– Oh, vous m’avez tutoyé ! S’illumina t-elle.

– C’est tout ce que vous retenez ?

– Et bien… pour accomplir mon rêve, il faut bien surmonter des obstacles. Rosso a du faire cela aussi.

– Pourquoi une telle adoration pour Rosso ? »

Il sursauta en la voyant se tourner brusquement vers lui. La lueur de la chambre était bien fade face à l’éclat dans les yeux de Rossa. Brillant d’un jaune vif, l’or semblait pouvoir embaumer le jeune homme d’un simple coup d’oeil. Il avait bien une mission mais à cette instant, même toute l’argent du monde ne valait rien face à ce trésor. Un voleur serait tenté de la kidnapper pour garder ces yeux pour lui. Pourtant, lorsqu’il voudrait les observer, le pauvre constaterait avec amertume que tout cela ne lui sera jamais destiné.

«Il y a tant de mystères qui entoure Rosso ! C’est un génie ! Un combattant ! Un rêveur ! Il a tellement de qualités que j’en aurais encore pour demain ! Ah… mais peut-être avez-vous le temps ?

– Non, pas assez, put-il échapper.

– C’est dommage mais je me conterais de ces qualités. Vous savez, avec mes recherches et celle de mes collègues en expédition, il y a une forte possibilité que son avion, disparu, vogue encore dans le ciel. Je veux le retrouver mais d’autres sont déjà à sa recherche. Alors, me voilà à farfouiller dans les archives et les bureaux des politiques et des militaires. J’ai même fouiné chez l’empereur ! Mais j’ai bien failli me faire arrêter. Enfin, pas que cela m’arrête vraiment. Rosso ne sait pas arrêter quand les gens se moquaient de lui pour construire son avion.

– Peut-être… fallait-il mieux choisir vos cibles ?

– Des cibles ? Je ne suis pas une voleuse. Ces documents sont l’héritage de Rossoliz. C’est un bien qui appartient à tous ses habitants.

– Pourtant, s’ils sont secrets, c’est pour une raison. Tout savoir n’est pas toujours un bien.

– Mais vivre dans l’ignorance est d’un ennui. Et je déteste cela. »

Elle lui adressa un grand sourire, dont le bonheur jaillissait bien trop pour une telle phrase. L’assassin la regardait encore un moment, sans dire un mot, avant de lui pincer le nez. L’instant où elle ferma ses paupières en lâchant une plainte lui suffit à sortir de ce monde trop lumineux. Il avait failli. Il le savait. Puisqu’il voulait encore y retourner.

«Alors vous n’avez pas peur de mourir ?

– Je suis une militaire alors j’y ai été préparé. Mais j’avoue que je reste… curieuse peut-être ? J’espère juste ne pas souffrir.

– Si vous mourrez, vous ne pourrez accomplir votre rêve. Cela ne vous dérange pas ?

– Pourquoi chercher à me tuer si vous posez la question, alors ? Demanda t-elle d’une voix plus calme.

– Je trouve dommage de ne plus voir ces yeux s’illuminer au milieu des ténèbres de ce monde.

– Vous êtes un poète, monsieur !

– Et toi, toujours en danger.

– Mais pas de vous !

– Non. Mais l’empereur reste un fou. Et les fous ne lâchent jamais ceux qui les nuisent. »

Rossa posa son regard un instant sur le paysage. La ville restait endormie, bien que l’eau jaillissait toujours des nombreuses fontaines. Au loin, jonchée sur la plus haute colline, un château se dessinait dans l’obscurité. Aucune vie animale ou florale ne l’entourait, comme si la présence de son propriétaire suffisait à supprimer la moindre vie. L’aviatrice perdit son sourire alors que l’éclat dans ses yeux se faisait moins instance.

« Il perdra. Dés lors que la vérité sur Rosso sera dévoilée.

– C’est une promesse ?

– C’est une mission, Monsieur l’Assassin. »

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Table des matières

En réponse au défi

Tueur à gages

Lancé par Hope Feather

Vous êtes chez vous quand vous entendez quelqu'un approcher... Vous vous retournez et... Il s'agit d'un tueur à gages ! Mais celui-ci hésite à vous tuer...

Qui a voulu vous tuer ? Pourquoi ? Quelle est sa réaction ? La vôtre ? Pourquoi hésite-t-il autant ?


Les personnages peuvent être fictifs, voire des personnages que vous avez déjà utilisé. Le genre littéraire et le nombre de mots sont libres. Amusez-vous !

Commentaires & Discussions

Un éclat d'orChapitre2 messages | 1 an

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