La femme de mon frère

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― Tu pourrais venir dans mon bureau, Tom ?

― Oui.

Tom me faisait rire à chaque fois que j'avais quelque chose à lui dire, je voyais à son visage qu'il imaginait le pire. Et pourtant la plupart du temps j'étais satisfait de son travail.

― Tu peux fermer la porte derrière toi, dis-je.

― Alors qu'est-ce que j'ai fait, pour que tu me convoques dans ton bureau, Maxime ?

― Rien du tout Tom. J'ai eu l'autorisation pour ton augmentation de cinq pour-cent.

― C'est vrai ? dit-il un peu abasourdi.

― Bien évidement, dis-je en riant.

Ah, si seulement je n'avais dans mon équipe que des Tom.

J'étais arrivé dans ce bureau d'étude comme simple ingénieur. Après cinq années et beaucoup d'heures de travail, j'avais pris la responsabilité de mon équipe. Cela représentait quatre techniciens et deux jeunes ingénieurs. Il est vrai que n'ayant pas de vie de famille, ni même de relation sentimentale sérieuse, j'avais pu consacrer ma vie à mon travail.

Tom était comme moi à mon arrivée ici, un éternel insatisfait, capable de rester de nombreuses heures au travail. Alors je le formais comme j'aurais aimé qu'on le fasse pour moi.

― Franchement, je ne pensais pas avoir autant. C'est super, ajouta-t-il avec un sourire qui remplaçait maintenant ses yeux ronds de surprise.

― Ecoute, tu le mérites. Tu es vraiment mon meilleur élément. Toujours disponible et tu apprends vite. Disons que c'est un investissement sur l'avenir. Alors j'espère que tu vas continuer comme ça.

― Maxime, tu peux compter sur moi. J'aime mon travail et je n'ai qu'une seule ambition : m'améliorer.

― Je n'en doute pas, Tom.

― Eh bien, je pense que la meilleure manière de te remercier est de reprendre le boulot.

― Si tu le dis.

Pour un fois, j'étais impatient de partir du travail. C'était le week-end de Pâques et je devais retrouver ma famille le soir même. La météo s'annonçait magnifique et j'allais profiter du gigot traditionnel de ma mère.

Comme chaque vendredi je finissais à midi et j'avais déjà préparé une petite valise. Il ne restait donc qu’une demi-heure de métro et un peu moins de deux heures de TGV pour arriver à Strasbourg. À l’arrivée, ma petite sœur, Eva devait venir me chercher à la gare, dans sa petite Fiat cinq-cents.

Comme prévu je vis sa silhouette, dans le hall d'arrivée. Elle était, comme les dernières fois où je l'avais vue, habillée comme un joli perroquet. Ma sœur était ce que l'on peut appeler une excentrique vestimentaire. Jamais dans la sobriété et la retenue. C’est pour ça que je n'appréciais que très rarement les promenades en sa compagnie. Plus jeunes quand nous sortions en ville, j'avais eu l'habitude de voir les regards moqueurs sur elle. Et à chaque fois cela me mettait mal à l'aise, comme une forme de honte sur laquelle je n’avais aucun moyen d’influer.

Et de ce point de vue j'étais très différent. J'étais sans cesse à la recherche de la perfection. J'évitais les fautes de goût. Je prenais soin de mon apparence, en pratiquant régulièrement la musculation. Chaque matin et chaque soir j'hydratais ma peau et parfois même je passais une heure de mon temps en institut.

Pourtant les compliments de mon père allaient toujours à ma petite sœur, qui était, sans conteste, sa préférée. Les parents sont parfois plus exigeants avec les ainés. Enfin c'est ce que j'essayais de me répéter pour me rassurer.

― Salut sœurette.

― Salut frérot, dit-elle en se lovant dans mes bras.

― Tu es venue sans Ninon ?

― Je l'ai laissée avec les parents, elle faisait la sieste.

― Ok. Alors dit moi où es-tu garée ?

― Sur le parvis avec les warnings.

― Tu abuses Eva, comme toujours.

― Oui je sais, alors on se dépêche avant que je prenne une prune.

― Tu le mériterais !

Après une demi-heure de route nous arrivions dans la maison de mes parents. C'était une demeure typique Alsacienne en pan de bois, héritée de mon arrière-grand-mère paternelle. Ninon sortit en courant, pour venir me sauter dans les bras.

― Tontonnnnn, dit-elle, en faisant un bisou qui fait mal, comme elle disait toujours.

Sa mère avait eu l'étrange idée de lui apprendre à embrasser ainsi, où les bras vous serrent si fort le cou, qu'ils peuvent vous décrocher la mâchoire. Mais venant de Ninon j'adorais ça. C'était une petite tête blonde et frisée, aussi colorée et exubérante que ça mère, mais elle c'était Ninon, elle avait le droit. C'était mon rayon de soleil.

― Alors Ninon, prête pour manger plein de Chocolat ?

― Pien, dit-elle avec un grand sourire et une petite langue rose qui léchait ses lèvres.

― On verra ça dimanche alors.

― Oh oui tonton. Mais tu aides Ninon ?

― Oui je viendrai t'aider à chercher les chocolats.

Elle applaudit avec ses petites mains potelées, pendant que nous rentrions tous dans la maison.

J'allai déposer mes affaires dans ma chambre, qui était toujours la même que celle de mon adolescence. J'avais quitté la maison quand j'étais étudiant sur Paris et au fil des années, je n'étais plus rentré que pour Noël, Pâques et quelques jours pendant les vacances.

En redescendant j'allai voir, dans la cuisine, ma mère qui préparait déjà le repas de ce soir.

― Bonjour Maman.

― Oh, Bonjour Maxime. Viens là que je te regarde. Tu es si beau.

― Beau ? dit mon père en rentrant dans la cuisine. Regarde-moi cette chemise... je pense qu'elle n'a pas passé beaucoup de temps sous le fer à repasser.

― Bonjour Papa.

Voilà pourquoi je ne rentrais que rarement chez mes parents.

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