Encore une
Il était temps !
Je suis sur les starting-block depuis… disons plus d’un an.
Et pourtant, il y en a eu, des sœurs qui ont coulées, avant aujourd’hui.
À cinq heures du matin, quand il fallait réveiller la puce et qu’elle n’a bu « que » tant de millilitres. Et que forcément, le poids augmente peu.
Trois semaines après son arrivée, quand le test « COVID » est revenu positif, malgré leur précaution. Quelques semaines encore après, quand on leur a dit que les hanches de leur poussinette n’étaient pas bien positionnées. Quand ce petit poussin pleurait, parce qu’il fallait l’immobiliser, encore, pour plus tard pouvoir marcher.
Quand il a fallu endormir leur bébé, pour l’examiner, et qu’ils ont appris que son cœur non plus, n’était pas tout à fait bien formé.
Souvent, quelqu’un a accueilli ces flots.
Une sage-femme, une infirmière, un binôme, une amie, qui a su avoir ce mot, ce geste, qui nous tarit pour un moment.
Mais un jour, elles ont arrêté de couler.
C’était trop. Trop à gérer. Alors on ferme les vannes. On ferme tout.
TOUT.
Quintuple X, tu te montres enfin. Tout prend un sens. Mais pas celui qu’on espérait. Mais qu’espérait-on ?
Parfois, l’une d’entre nous l’a surprend tout de même.
Cette première fois où petit poussin a ri, quand maman est rentrée du travail. Quand elle a attrapé volontairement quelque chose, maladroitement. Quand elle a dit « mama ».
Celles-là, elle sont agréables quand elles ruissellent. C’est un débordement de Joie, qu’on croyait perdue à jamais. Mais elle est toujours là, même si on l’oublie.
Quand Joie a repris sa place, aux côtés des autres, le rêve et l’espoir osent refaire surface.
Mais il faut s’exprimer. Alors exprimons-nous !
Et me voilà !
Petite perle, née de leur propres larmes, annonçant une cascade. Faite de colère, d’amertume, de mélancolie, de pardon, d’espoir, et de tant d’autres choses.
Le barrage a cédé pour eux, en communion.
Le paysage est maintenant différent, il va falloir se faire un chemin, avec des fondations ébranlées.
Il y a tellement de choses, dans une larme. Cette vie qu’ils avaient projeté, cette normalité qui disparaît, ces défis futurs à relever… cette enfant à protéger. À accompagner, à guider.
À oser laisser grandir.
Et il y en aura d’autres.
Aucune n’est de trop.
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