Correspondance : quatre saisons

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Cher papa, chère maman.

Je vous écris ce petit mot pour vous dire que tout va bien. Ici, je me suis fait plein d’amis et tout le monde est très sympa.

Dans quelques jours, ce sera l’automne. Vous savez que c’est ma saison préférée. J’aime les couleurs des feuilles orangées, les dégradés de verts. Contempler ces paysages, le long d’un lac calme. Tout me semble si paisible en début d’octobre ! L’odeur de la mousse forestière me chatouille les narines et les rayons du soleil sont moins ardents, mais subliment la campagne. Je n’ai pas mon appareil photo avec moi pour immortaliser ces moments, mais ce ne n’est pas grave, je les garde avec moi.

Un peu plus tard, ce sera Halloween. Vous vous rappelez le jour où je suis descendu avec mon costume de petit vampire, avec ma cape noire brodée de fils orange ? Et mes fausses dents ? Je m’amusais à faire semblant de vous mordre l’épaule. Qu’est-ce qu’on a ri ce soir-là ! J’étais fier de traverser la rue et de demander des friandises à nos voisins, qui gentiment, jouaient le jeu et me donnaient des bonbons. J’en avais récolté un seau complet, qu’ensuite nous avions mangé devant des dessins animés dont les héros étaient des gentils fantômes et de vilaines sorcières !

Puis l’école reprendra et on attendra avec impatience Noël. Bien que je sache depuis quelques années, que le père Noël n’existe pas — c’était marrant de découvrir papa avec un faux ventre bien rebondi, une hotte remplie de cadeaux, et son costume rouge et blanc — qui chantonnait avec une grosse voix forcée et joviale :

« Hou hou les enfants. Vous avez été sages cette année ? »

Et nous de répondre

« Oh oui ! On a été super sages ! »

Et nos yeux émerveillés de découvrir les cadeaux que l’on avait commandés.

Ce que j’aime dans cette période, c’est sa magie : les lumières, les automates, les boules et guirlandes que l’on met dans les sapins. J’aime bien les électriques qui scintillent dans le noir. J’aime les regarder, seul, à compter jusqu’à trois pour que les couleurs reviennent. La veille de Noël, je suspends ma petite chaussette, que vous remplissez durant la nuit, lorsque je rêve des rennes. Pour eux, je place des carottes au pied du sapin. J’ai tout de même un peu peur qu’ils m’abîment mes cadeaux, avec leurs grandes pattes ! J’ai beau savoir qu’ils ne viendront pas, je garde en moi cette image !

Ce que j’aime dans l’hiver également, c’est la neige. Les flocons qui volètent sur mon visage et qui transforment les champs, les routes et les toits en une couche blanche. Que dire du givre qui égaye les arbres et les fenêtres : des cristaux de glaces sculptant la flore ! La neige, c’est magique : parfois on s’en servait pour faire des batailles de boules de neige, que ce soit en famille ou entre amis. D’autres fois, on fabriquait des bonhommes de neige, en y insérant une carotte pour le nez et deux petits morceaux de charbon pour les yeux. Papa me prêtait l’une de ses écharpes que l’on mettait autour du cou. Il avait fière allure notre bonhomme !

Et des parties de luge ! On envahissait le champ du voisin, avec son accord tacite, et nous dévalions les pentes de poudreuse. Nina, notre labrador, courait à côté de nous pendant la descente, et arrivé en bas, parfois, elle prenait la corde et remontait le traîneau. Quant à maman et moi, nous remontions difficilement, car la côte était assez ardue et nous nous enfoncions ! Parfois, Nina était d’humeur joueuse, elle nous fonçait dessus, je tombais et elle me léchait le bout du nez !

Après l’hiver, vient le tour du printemps, la renaissance de la Nature, les fleurs qui éclosent, le soleil qui revient en force, la saison des amours… La plupart des gens sont plus ouverts et sortent de la carapace qu’ils se sont forgée durant l’hiver. Les vaches et moutons ressortent dans les prés.

C’est aussi le moment de Pâques. Les cloches reviennent pour nous apporter des gourmandises. Et c’est avec un grand sourire et un petit panier que je recherche les lapins en chocolat dans le jardin !

Ce que j’aime en mars, ce sont les giboulées ! On passe du grand soleil à des trombes d’eau en quelques minutes ! C’est le mois parfait pour les arcs-en-ciel. Je passe des heures à observer toutes ces belles couleurs, même si papa préfère que je les regarde par les carreaux, plutôt que de risquer une bonne toux ! C’est comme en avril, il ne faut pas se faire avoir et remiser les manteaux trop tôt, sinon gare au rhume ! Il faut patienter jusqu’aux feux de la Saint Jean pour être sûr de les retirer.

Mais avant, a lieu le joli mois de mai, avec le muguet, les jours fériés — youpi, on ne va pas à l’école et on va s’amuser entre copains —, et la fête de la musique. Pour cette soirée, vous m’entraînez dans les rues et on écoute des chanteurs de tous styles : de l’accordéon, du rock, des guitaristes espagnols… On sirote également, papa une bière, maman un chocolat et moi, un diabolo citron.

Enfin vient l’été. Le soleil, la chaleur et les grandes vacances ! C’est le moment où je joue le plus avec mes amis. On se balade dans la forêt, on y construit des cabanes, on établit des barrages sur des petits cours d’eau. Ensuite, on se met sur les pierres et on se jette dans l’eau qui nous arrive à la cheville. Parfois, on fait des ricochets avec des cailloux.

C’est également le temps des devoirs de vacances, histoire de ne pas avoir tout oublié pour la rentrée ! Mais c’est plus marrant qu’à l’école : les textes sont plus rigolos et il y a de jolis dessins ! De plus, maman est là pour m’aider, c’est notre petit moment, rien qu’à tous les deux.

C’est aussi le temps de cueillir tout un tas de fruits et de légumes : les cassis, qui nous rendent la langue toute noire, les groseilles, les haricots et les petits pois qu’il faut ensuite écosser.

Viendra ensuite la rentrée qui commencera un nouveau cycle !

Voila papa, maman, de merveilleux souvenirs qui resteront gravés en moi et en vous, je l’espère. Pour vous dire que je vous aime malgré que vous ne soyez pas à mes côtés.

Pour finir, Sylvain avait raison tout compte fait : je ne serais jamais un teen âgé ! Tant pis, ce n’est pas bien grave. Le plus important c’est l’amour que nous nous sommes portés, vous et moi !

Un jour vous me retrouverez, mais prenez votre temps, je ne suis pas pressé que vous me rejoigniez !

Votre grand fils haut comme trois pommes,

Maxou.

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