20 – 3 Les croque-mitaines arrivent

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Ils apprirent aussi, alors qu’ils étaient presque arrivés au village, qu’un autre avait perdu son combat, et qu’il les avait quittés à son tour. Le goût amer résultant de ces dernières semaines avait contaminé tout le monde. Le lendemain de leur arrivée au village, ils s’étaient tous réunis pour une cérémonie en mémoire des amis perdus, mélangeant prières, partages des bons souvenirs dont les avaient marqués la présence de Florian, Dalila, Bernard et d’autres dans cette communauté. Tara n’y était pas, ce qui n’étonna pas Yahel.

— La connaissant, elle préfère rester seule.

— Chacun gère sa peine comme il le peut, l’appuya Mahdi.

Tous les deux, ils échangèrent un regard entendu, mais dès qu’il le put, il s’éloigna de la foule. Il arriva devant la salle d’entraînement. La porte, restée entrouverte, présentait un seuil traversé de traces de pas boueuses, et gardait à l’intérieur les bottes coupables. Leur détentrice les avait utilisés pour aller dans la forêt, qu’elle avait parcouru en marchant, puis en courant, courant et courant encore, la magie des lieux impuissante à l’arrêter. Il se rapprocha d’elle, passant à côté d’un sac de frappe éventré, déchiqueté, du rembourrage voletant encore, alors qu’elle s’acharnait sur un mannequin présentant déjà quelques blessures, le cognant sans relâche de ses poings fermés, du plat de la main, alternant les positions et les points d’impact. Il surgit derrière elle, l’attrapa par-derrière, saisit aussitôt ses poignets avant qu’elle parvienne à le boxer, bloquant ainsi ses bras contre sa poitrine. Elle répliqua, le frappa des pieds dans les jambes. Il la crocheta, elle chuta, utilisa cet élan pour le faire basculer. Et ils luttèrent un moment, corps contre corps, tous deux ahanant, râlant, grognant, elle n’utilisant jamais ses bras qu’il gardait toujours bloqués. Il déchira le silence.

— Je sais que… tu peux les utiliser… Si tu te retiens c’est que… tu as encre conscience que c’est moi… Tu sais que tu pourrais me faire mal… si tu me frappes avec… Très mal… Tu luttes contre toi-même… Ne le nie pas.

— Je dois… les tuer !

Elle ne dit rien de plus, son dernier mot se transformant en cri de rage. À genou, clouée au sol, les bras serrés par les siens l’encerclant, elle écuma sa fureur vers le ciel, avant de reprendre le combat. Il ne céda pas, au contraire, pesa de tout son corps, l’obligeant à ployer, sans jamais cesser de lui parler. Longtemps.

— Je te l’ai dit. Jamais je ne te lâcherai. Je t’empêcherai de sombrer. J’ai besoin de toi. Nous avons tous besoin de toi. Un jour, tu comprendras. Tu traverseras encore des épreuves, et je sais que c’est difficile à croire, surtout en ce moment, mais tu verras que le monde n’est pas si noir. Tu y trouveras des pépites, tu retrouveras ses beautés. Alors résiste, ne le laisse pas te dévorer… Regarde-toi, tu n’arrives même plus à parler.

Elle n’était plus qu’une boule de chair et de métal en furie, tremblante, ruant encore parfois sous son corps imposant. Il finit par se taire, leurs corps par s’immobiliser. Sans la libérer, il voulut l’allonger. Elle y vit une opportunité, elle échoua, se retrouva écrasée entre son corps et le tapis. Le temps s’écoula.

Elle finit par se calmer, mais sans vraiment céder. Lui-même mit un bon moment avant de se décider, cessant sa pression progressivement, pas à pas. Il se releva. Elle resta au sol, se basculant de côté pour s’éloigner de lui, s’asseoir contre un mur.

— Viens avec moi.

Elle ne réagit pas. Il alla chercher ses bottes, les lui remit. Elle le laissa faire sans broncher, regardant partout d’un œil morne, sans l’aider. Il la saisit par le poignet, sans aucune méchanceté, délicatement, juste parce que sinon, jamais elle ne le suivrait. Et il l’emmena dans la forêt. Ils prirent un sentier, l’un derrière l’autre, un autre plus étroit, le quittèrent, passèrent à travers le sous-bois, longèrent un petit ruisseau chantant. Il s’arrêta. La voyant frémissante dans son débardeur trempé de sueur, il ôta sa veste, lui mit sur les épaules, la referma sans lui en enfiler les bras dans les manches. Il s’installa contre un chêne, l’invita à le rejoindre en attrapant une des manches pendant dans le vide, la tirant à lui. Elle s’assit entre ses jambes, genoux relevés, face à la forêt. Ses bras l’encerclèrent, simple soutien sous les siens, qu’elle avait croisés contre sa poitrine.

Et le temps prit le rythme sylvain, au fur et à mesure que cet habitat, estimant ne plus être dérangé par ces étrangers, reprenait ses droits. Un serpent sortit de sous une pierre, slaloma sur les mousses et l’humus, entre les premières bogues du marronnier voisin tapissant le sous-bois. Les passereaux reprirent leurs chants, variant les musiques et les airs, alors qu’un pic-vert s’acharnait contre un tronc, jusqu’à débusquer la proie qui s’y cachait. Un écureuil descendit entre les branches, s’accrochant à l’écorce, sauta sur les feuilles dorées, entreprit sa route, s’attarda par endroit, reniflant l’air, dévia, attiré par une odeur inconnue, intrigué. Il eut l’audace de s’approcher de leurs pieds, de sauter sur la botte de Mahdi, avant de filer, effarouché par un autre bruit, s’identifiant à l’apparition d’une laie et ses petits marcassins. Un muscle du bras du roi se tendit, mais en vain. Tara ne cilla pas d’un cil, parfaitement calme, transparente dans ce décor, pour ne pas effrayer cette mère si farouche dès qu’il s’agit de ses petits. La petite famille passa son chemin, suivit une heure plus tard par une biche. Un museau pointu, pelage roux si particulier, surgit de sous un buisson, la poussant à détaler.

— La nuit arrive, chuchota-t-il. Je vais te chercher quelques affaires. Tu les trouveras sur l’ancienne tour de chasse.

Cela faisait des heures qu’ils étaient là. Et depuis un moment, sa tête vacillante avait fini par retomber contre lui. Elle s’écarta mollement pour le laisser partir, prit sa place contre l’arbre. Le crépuscule déjà bien avancé la retrouva en haut de la tour, s’enfilant dans son duvet. Dans cette bulle de chaleur, elle entendit le cerf bramer pour appeler ses belles. Et bercée par le vent et les hululements de la chouette, admirant le ciel étoilé dominant la canopée, elle s’endormit, apaisée.

Elle ne vit pas son ombre monter en silence l’échelle de bois pour vérifier son sommeil.

— Tu n’as même pas mangé, constata-t-il, attristé.

Silence.

— Puisses-tu me pardonner pour te pousser dans cette voie… Puisses-tu me pardonner pour ce vers quoi elle va te mener…

Le lendemain, de retour au village, au bras le panier où l’en-cas avait fait place à une platée de châtaignes et de champignons, elle crut apercevoir Erwan se diriger du côté des véhicules. Elle déposa les victuailles aux cuisines communes, se débarrassa du paquetage que Mahdi lui avait laissé, avant d’aller vérifier. Elle le retrouva assis à bricoler sur la moto de Barbe grise.

— Juste une petite révision. Je la bichonne, en son nom… C’est un si bel engin.

— Il en était fier, approuva-t-elle.

Silence.

— Erwan ?

— Mmh ? fit-il en restant concentré sur la clé qu’il tournait.

— Je n’ai plus de binôme… plus de pilote…

Il se tourna vers elle, sans comprendre.

— Je ne peux pas conduire et me battre en même temps… Si tu veux bien…

Il se leva.

— Tu veux dire…

Elle hocha la tête.

— Il ne t’en voudra pas… Vu comme tu en prends soin !

Ils se serrèrent la main.

— Ce sera un honneur.

Et le nouveau binôme fonctionna. Tous deux, ils trouvèrent rapidement leurs marques. Surtout que l’hiver approchant, craignant que les villes sans accès à l’eau ou au chauffage ne tiennent une seconde saison froide, les missions s’enchaînèrent à un rythme accru. Et les scénarios variaient peu. Sauf une fois. Ce vieux bonhomme, qui les regardait approcher sans bouger de sa chaise, tranquillement assis devant un bâtiment, une longue barre de quelques étages aux issues, que ce soit portes ou fenêtres, barricadées, et aux accès sur l’arrière bloqués par des murs de bétons le soudant aux constructions voisines. Signe distinctif : un énorme perroquet blanc perché sur son épaule. Personne d’autre en vue. Pour une fois, difficile de savoir à quoi s’attendre.

— Vous êtes seul, ici ?

— Ouais, gamin, répondit-il à Simon. Inutile d’aller plus loin. Vous ne trouverez plus rien. Ils ont tous déserté.

— Ah oui, vraiment ? Et c’est quoi la musique qu’on entend ? réagit Tara.

Le vieux prétendit que cela venait de chez lui, qu’il ne se gênait pas pour lever le son, que cela ne risquait pas de déranger grand monde. Vu le genre de musique, elle ne le crut pas et le lui fit comprendre. Il insista, perdit son sourire, se redressa en la voyant s’approcher, la main tenant fermement son bâton, l’air décidé. Son perroquet s’excitait, battait des ailes en poussant des cris, gonflant sa crête impressionnante.

— Ma parole, vous voyez le monde en noir ! Je ne suis même pas armé, s’énerva-t-il en se campant devant elle. Pas logique, si je protégeais quelque chose.

— Que vous dites. On m’a déjà sorti ce discours, et j’ai commis l’erreur d’y croire. Une erreur qui nous a coûté cher, et que je ne compte pas reproduire.

Sans sommation, elle assena un coup dans le ventre du vieux, qui s’écroula, à moitié assommé. Son oiseau s’envola. Elle s’excusa mentalement auprès de lui. Elle confia son maître aux autres, puis comme convenu, éclata la porte pour entrer dans le bâtiment. Le vieux disait vrai, tout était vide, les fenêtres donnant sur l’autre côté carrément murées. Mais toujours cette musique en toile de fond.

Elle trouva la trappe menant sur le toit du bâtiment. Elle découvrit bien d’autres immeubles sur l’arrière. Le tout formait un immense carré architectural. Sur tous les toits, des jardins cultivés dans des grands bacs en bois, à même le sol. Dans l’espèce de cour intérieure, des gens qui vaquaient de-ci de-là. Sans se montrer, elle les observa. Beaucoup de jeunes, installant des tables, nappes et victuailles, l’un s’occupant d’une énorme sono, tout le matériel nécessaire pour un bon DJ. Puis d’autres arrivèrent, âges plus variés, accompagnant de plus âgés, voire très âgés. Les paroles scandées au son de mélodies numériques s’arrêtèrent, laissant place un moment à des airs de guinguette, emportant des couples dans leur sillage, puis de plus exotiques, plus entraînants, transformant les valses et autres slows en danses joyeuses, en chants variés, aussi riches que les personnes présentes, aussi riches que le monde.

— Vous voyez ce que je vois ?

Une question qui n’avait pas vraiment de sens. Mais sous l’effet de surprise…

— Et on entend, aussi. On est en train de se dire qu’on reviendra… On te laisse là ?

Tara s’était installée plus à son aise, jambes croisées, son arme posée sur ses jambes. Des enfants se joignaient à la fête, la sono s’adaptant encore à son nouveau public. Elle répondit qu’elle était curieuse d’entendre ce qui allait encore être diffusé.

— Pour une fois, je pense ne pas craindre grand-chose. J’aime à croire que des gens qui écoutent de la musique ne sont pas mauvais… N’est-ce pas ? ajouta-t-elle en tournant la tête. Vous pouvez vous montrer, je ne vous ferai rien.

Un jeune en sportswear caché derrière un mini bosquet d’arbustes se décida à se montrer. Le perroquet blanc était juché sur son épaule.

Bien sûr…

Armé d’un vieux fusil, il la garda en joue, par sécurité, ce qu’elle comprenait.

— Pfiou ! Vous sortez d’un jeu vidéo ou quoi ? s’exclama-t-il en voyant Tara de plus près, pas effrayé pour deux sous.

— Pas vraiment…

— Vos potes, là-dehors, ils veulent quoi ?

— Pas grand-chose. Certains d’entre eux cherchent des potes pour partager des trucs et pour causer. Rien d’urgent. Les autres comme moi font partie de ceux qui font un peu le ménage, qui nettoient la merde et les déchets, histoire que tout se passe bien. Mais ici, je ne vois rien de ce genre. Au contraire. Ce que je vois, là, c’est beau…

Elle lui avait expliqué tout ça sans quitter des yeux la jolie scène se déroulant en bas.

— Ne vous inquiétez pas, ils remballent déjà. Je vois que c’est jour de fête. On ne va pas vous déranger.

— Ben, en fait, c’est tous les jours, comme ça, lui expliqua-t-il en abaissant son arme. Du moins, tant qu’il ne fait pas trop froid. Pour les mômes, pour nos anciens, on fait en sorte que la vie continue, l’école, la famille, tout ça. Un semblant de normalité, alors qu’on les garde enfermés ici, pour leur sécurité. Nos mères avaient déjà tellement fait pour notre quartier, nos pères se crevant à la tâche pour améliorer le quotidien. Alors quand ça a merdé sérieux… On a voulu prendre la relève, pour pas perdre tout ce qu’ils avaient eu tant de mal à maintenir. Dehors, c’était déjà tellement pourri avant, mais là… Mais je ne vous apprends rien.

— Non… En effet… Faut juste qu’on vous rende quelqu’un, avant notre départ… Avec toutes mes excuses…

— Attendez…

Et le gamin rangea son arme, saisit un talkie crachotant, échangea par avec un autre qu’elle repéra en bas, parmi un petit groupe d’une demi-douzaine d’autres jeunes, tous regardant vers le haut. Elle avait bien repéré depuis un moment leur discret petit manège, allant les uns vers les autres, se chuchotant à l’oreille pour ne pas effrayer inutilement leurs comparses. Cela se termina par Tara prévenant les siens qu’ils allaient recevoir une invitation. Quelques minutes plus tard, Mahdi et les autres dragons participaient à la fête. Le perroquet s’envola pour retrouver l’épaule de son maître au milieu des réjouissances .

— Et vous ? Vous ne descendez pas ?

Elle déclina l’invitation. Il lui proposa alors de lui monter quelques denrées. Au retour, tout en dégustant une bière brassée au village du cœur de la forêt, preuve que les premiers échanges n’avaient pas tardé, il lui demanda si elle avait envie d’écouter quelque chose.

— Oh, vous ne devez pas avoir. Je suis du genre métal et guitare saturée, le personnage, quoi, précisa-t-elle en montrant sa main. Mais au point où j’en suis, comme un de mes vieux amis qui désespérait de revoir un concert, je ne serais pas contre un bon vieux rock de derrière les fagots.

Autre échange radio, avec diverses propositions à la clé. Tara n’eut pas le temps de répondre. Une dame d’un âge certain, jolis cheveux bouclés d’un blanc lumineux, stagnant déjà près de la sono depuis un moment, cria son choix à tout-va en levant le poing.

— La route de l’enfer (1) !

Devant un tel enthousiasme, elle ne put qu’approuver pleinement. Et voilà que la musique à peine entamée, la mamie se trémoussait sans retenue, en toute liberté, entraînant les autres dans la danse, les néophytes heureusement surpris par la puissance et l’énergie joyeuse de ce vieux classique. Tara, ébahie, peinait à se retenir. Mais en croisant le regard du jeune resté avec elle jusqu’ici, elle éclata de rire en même temps que lui.

Rire… Depuis quand cela ne lui était pas arrivé ?

Bien plus tard, elle aperçut Yahel faire sa demande à la sono. Et alors que se répandait dans l’air la voix de Trent chantant cet hymne désabusé sur l’autodestruction (2), alors que les couples se formaient, au milieu des duos hétéroclites s’accrochant l’un à l’autre pour se réconforter, gamins et vieux, boubous, robes, jeans et joggings, voiles unis, chamarrés, casquettes et bérets, elle restait là, immobile, seule, les yeux obstinément fixés dans sa direction.

Fallait-il y voir un message ? Ma douce amie, je réalise que je ne te voyais plus. Qu’essaies-tu de me dire ? As-tu peur de me voir changer, devant autre, me perdant dans le sang versé ? Ou que moi aussi je finisse par périr, comme d’autres de nos compagnons ? Est-ce cela qui t’effraie ? Ou est-ce toi qui culpabilises ? Au départ, c’était toi qui te battais. Puis nos rôles se sont inversés. Depuis, tu restes à l’arrière, en sécurité, je l’espère. Mais ton aide est précieuse. C’est toi qui nous guides, qui nous avertis des dangers cachés, des traquenards futurs. Combien de fois nous as-tu évité un coup de batte, de hache, une balle prête à transpercer nos chairs ? Non, tu ne me laisseras pas tomber, je le sais. Et je serai toujours ici.

Quand Yahel entra dans le camion pour se coucher, les deux duvets étaient déjà préparés, soudés l’un à l’autre, Tara déjà allongée dans le sien, et pourtant à moitié assoupie, lui sourit. Il commençait à faire froid, après tout… Non ?

Cette rencontre fut pour tous une bouffée d’air pur des plus bienvenues, remontant le moral des troupes. Ce genre de quartiers, de mauvaise réputation selon les anciens critères, s’ils n’avaient pas cédé à la violence extrême, se collapsant quasi dans l’immédiat, se révélaient les plus aptes à la résilience, car baignant traditionnellement dans le brassage, la débrouille et l’entraide. Oui, le monde n’était pas si noir, mais fourmillant de pépites de milliers de couleurs et de nuances. Le défi : les trouver, les apprécier, les maintenir, et les valoriser.

Les dragons durent tenir ce rythme encore plus d’une année, restant parfois des semaines, des mois sans croiser de combinaisons noires, parfois…

(1) Highway to hell / ACDC

(2) Hurt / Nine Inch Nails, Trent Reznor.

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