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Il raconte comment ils ont finis par trouver le sous sol à partir d’un escalier escamoté et un tunnel partant du local technique de la piscine. Comment ils ont avancé dans le noir à la lumière de leur téléphone en laissant le bleu en faction à l’extérieur juste armé d’un sifflet. Ils n’ont trouvé un tableau électrique qu’une fois arrivé dans une grande pièce creusée, semble t-il de moitié sous la piscine et l’autre sous la maison.

- J’aurai préféré rester dans le noir, dans le faible halo de nos téléphones, Capitaine. C’est comme si nous étions transportés en enfer.

Il raconte les murs et le plafond peints en noir, éclaboussés de peinture (ou de sang) rouge, les dessins violents, les signes cabalistiques bizarres, les tapis et matelas maculés, de rouge aussi, du sang sûrement. La très grande table flanquée de bancs d’une longueur analogue et deux grands fauteuils en bout sur lesquels gisent respectivement le cadavre d’un homme et d’une femme en partie carbonisés, les mains, les oreilles et les pieds, principalement. Leurs visages, eux, semblent avoir été brûlés à l’acide, ils sont rongés, fondus, méconnaissables.

- Pardon commandant, l’interrompt Lisa, mais je dois vous le demander, pouvez vous voir si ce sont des occidentaux ou des types arabes ou autres ? Et aussi, s’ils sont très jeunes ou vous semblent adultes ?

- Je m’attendais à cette question, vu les propriétaires, il n’y a pas de mal. De ce qu’on a pu voir avec Hamid, ils sont adultes et occidentaux. Il est entrain de finir la photographie du lieu et vous envoie tout ça, dit-il d’une voix moins stressée.

Pendant que Louis continue de discuter avec Farouk et réceptionne les photos de Hamid, Lisa se tourne vers Thomas, son téléphone vient de sonner. Il a voulu faire original, comme Louis ? Et on entend la chanson Mathilde de Jacques Brel. « Mathilde, puisque t’voilà » clame désespéré le grand Jacques.

- Oui ! OK Mathilde, je mets le haut parleur, la capitaine est là, elle nous écoute ! Non, non ! Capitaine, pas besoin de traducteur, Mathilde est en zone flamande et flamande elle même, mais sa mère est Wallonne alors elle parle super bien le français.

Un rire à l’autre bout, qui pèse facile ses deux paquets de clopes par jour.

- Oui, Capitaine Péron, renvoie l’autre, pas de problème !

Un accent aussi, qui envahit l’espace et qui pèse ….lourd. Lisa se demande si elle n’aurait finalement pas dû demander un traducteur : l’accent plus les expressions idiomatiques plus les spécificités archaïques francophones locales, ca va être pesant !

Louis met également sur haut parleur afin que Farouk puisse suivre les constats de la cheffe de police locale belge.

-Attendez ! Dit Farouk, le gendarme superviseur au douar m’appelle sur le talkie, il a dû se passer quelque chose.

On entend la conversation, réception un hachée, typique du talkie : Bip ! C’est le gendarme à l’entrée du douar, mon commandant, il a sifflé et les autres ont relayé. Je l’ai appelé au téléphone tout de suite. Fausse alerte, il a vu une grosse moto noir, un seul individu dessus, s’arrêter à l’entrée du village et regarder dans sa direction. Bip ! Farouk : Est-ce que le chauffeur a fait mine de prendre la rue principale ou fait un signe à votre collègue. Bip ! Superviseur : Non, il a sorti, d’après lui, une carte et après l’avoir rangée, il a démarré tout de suite et il a poursuivi sa route. Bip ! Farouk : Il a pu voir, homme, femme, occidental, arabe, noir, la plaque, quelque chose ? Bip ! Superviseur : Non, juste qu’il était baraqué, donc homme sans doute, harnaché de cuir noir et casqué et très grosse cylindrée. D’après lui, sans doute un touriste qui fait la piste des oasis et qui s’est perdu. Bip ! Farouk : OK, appelez quand même vos collègues le long de la piste pour leur dire de noter toutes les motos de ce type avec leur immatriculation, Terminé ! Bip ! Superviseur : Bien chef ! J’appelle le poste pour qu’il fasse le nécessaire rapidement.

Lisa et toute l’équipe enregistrent et apprécient le professionnalisme et l’efficacité du commandant marocain.

- Revenons à vous Mathilde, dites nous ce que vous avez !

- Dans la maison rien, comme je l’ai dit à votre lieutenant mais il y a un très grand garage sur l’arrière de la maison au bout d’une allée de près de trente mètres. Un garage pour quatre voitures avec quatre portes coulissantes électriques. Le grand luxe, quoi !

- Et ?! S’impatiente Lisa.

- Et le garage fait au moins septante mètres carrés.

- Ca fait grand pour un garage, même pour quatre grandes berlines, renvoie Louis.

- C’est sûr, s’esclaffe Mathilde. Bref ! On a forcé une des gâches électriques et on est entrés. Pas une voiture, même pas une tâche de graisse de cambouis, un chiffon, rien. Suspect, quoi !!

- Merde ! dit Thomas, un grand rectangle et c’est tout ?

- Oui, retourne la cheffe belge faisant durer le suspens, à part un grand établi sur une estrade.

- Bon, Mathilde ! Ton sec. Sans vouloir vous bousculer, on est un chouia impatients et pressés, alors faites nous vite votre topo qu’on ait les éléments avant le brief’ de ce soir.

Louis se marre et Thomas et Mia aussi, se demandant comment elle a pu garder son calme jusqu’à cet instant et ils entendent aussi Farouk qui se bidonne dans son téléphone. Il a déjà compris comment elle fonctionne.

Mathilde raconte.

Avec son équipe, ils ont bien sûr, déplacé l’établi, lequel soi dit en passant pesait un âne mort, et ensuite déplacé l’estrade. Ont découvert une trappe. Escalier de descente dans le noir à la lueur de leurs lampes torches, pas d’interrupteur en haut. Débouchent dans une grande pièce sombre, tout semble plus noir que sombre. Elle trouve le tableau électrique à sa droite et relève le disjoncteur.

- Et là, mes amis, c’est nous qui disjonctons ! Une salle immense, environ cinquante mètres carrés, peinte tout en noir du sol au plafond, murs compris. Des tâches rouges, partout ou des éclaboussures ? Et aussi des dessins de l’enfer, du Jérôme Bosch sous acide. Des matelas à même le sol, sales et maculés de rouge eux aussi, on dirait du sang. Une vieille odeur de grillé et de rance, dégueulasse. Et le pompon, une table de monastère noir ébène gigantesque, bancs idoines, le couvert mis pour une douzaine de convives, des bouteilles de vins à peine entamées, des verres de cristal et des assiettes encore remplies de viande racornie.

- Et pas âme qui vive ou cadavres ? demande Louis

- Ca ressemble à ma scène, mais nous on a eu droit aux cadavres et à ces affreuses mutilations, renvoie Farouk

- Je n’ai pas fini, mes amis, s’esclaffe Mathilde dans un hoquet tabagique. En fait, nous avons des cadavres, enfin des morceaux de cadavres, des touts petits morceaux. On a trouvé dans les assiettes des oreilles humaines, des doigts et ce qui semble être des filets découpés dans le muscle fessier. La viande racornie, c’était notre ou nos cadavres, on verra après les tests ADN.

Tout le monde était au bord de la nausée Mia était pâle et Thomas n’en menait pas large non plus.

- Merde, dit-il, du cannibalisme ? Au vingt et unième siècle ? Pardon chef ! Et il sort précipitamment vers les toilettes.

Seuls Lisa et Louis tiennent le coup mais ce dernier se demande comment arriver d’ici à ce soir avec toute cette merde dans la tête et rêver à Lisa, la caresser, lui faire l’amour. Il faudra qu’ils aillent dans une brasserie boire quelques verres et bavarder, au milieu des gens normaux, avant de renter. Il espère qu’elle pense la même chose et qu’elle n’annulera pas leur soirée.

Lisa a le cœur au bord des lèvres, n’en laisse rien paraître, visage impassible et ton sec :

- Mathilde, merci de nous envoyer vos photos de constats et on vous dit à tout à l’heure ! Vers dix neuf heures, dix neuf heures trente, d’accord ?! On vous « bipe » !

Elle espère que toutes ces horreurs ne vont pas envahir sa tête et qu’elle arrivera ce soir à penser à Louis, à se laisser fondre en lui. Elle va lui proposer d’aller prendre un verre dans la vraie vie avant de rentrer à son appartement. Elle voit qu’il est sur téléphone. Elle reçoit un texto : Ce soir, après la réunion, on va boire un verre ou deux ou plus pour parler d’autre chose et se laver la tête avant d’aller chez moi ? Elle lève la tête et voit qu’il lui sourit. Répond : J’allais te le proposer. Elle lui sourit. Retour de texto : Je te ferai quand même à dîner, repas breton ! Elle rit doucement, conquise.

Le labo appelle. C’est bon, ils sont prêts, Gislain, le chef des technico sera en salle de réunion vers dix neuf heures quinze. Il passera prendre le légiste, c’est prêt aussi de son côté. Plus que vingt minutes.

Lisa avertit papi panda qui dit qu’il appelle le proc Altus tout de suite, en espérant qu’il ne soit pas déjà rentré chez lui auprès de madame et des enfants. Ca ne la dérange pas l’absence du proc, elle filme toutes les séances de briefing. Elle lui passera la vidéo, ça occupera utilement une partie de sa journée demain.

- Bon ! On installe le tableau. On fait de la place pour la technique et le doc. Mia ! Vous installez la caméra pour filmer la réunion et tenez tous vos portables chargés. Louis, votre portable à cent pour cent pour le commandant Farouk ! Thomas ! Idem pour Mathilde !

Tout le monde s’active, charge les téléphones, met de l’ordre dans le tableau. Mia met en place la camera.

- Nous ne sommes pas sûrs d’avoir le proc’ vue l’heure tardive. Ton sec. Tant mieux, il ne nous manquera pas ! Informe Lisa.

Louis prend à part Thomas et l’entraîne vers la machine à café.

- Que se passe t-il entre la capitaine et le proc’ Altus ? Lui est tout miel jusqu’à l’écœurement et elle, elle est prête à le mettre KO si elle pouvait ??

- Oh ! C’est une histoire qui date d’il y a un peu plus d’un an ; je venais d’arriver dans le service. Il lui traînait autour, la draguait ouvertement malgré la froideur qu’elle lui réservait à chaque contact. C’était vraiment lourd, à la limite du harcèlement.

- Et Papi panda ? Il n’a rien fait pour arrêter ça ?

- Si, bien sûr. Il a parlé au proc’ pour lui dire d’arrêter ça ; surtout que le gars est marié avec enfants.

- Et ??

- Le proc’ a répondu que c’était amical qu’elle se mettait martel en tête.

- Et ?

- Et un jour après une réunion, la capitaine est allée aux toilettes, le proc’ a suivi et cinq minutes plus tard, on a entendu Lisa hurler. On s’est tous précipité, elle faisait une crise de nerfs phénoménale et l’autre était là comme un con, à la regarder et à répéter « elle est folle, je ne lui ai rien fait ».

- Qu’est ce qui s’était passé ?

- On a su par Papi panda à qui elle s’est confié que l’autre salopard l’avait coincée contre les lavabos et qu’il a essayé de l’embrasser de force. Il s’est arrêté parce qu’elle s’est mise à hurler et à trembler.

- Ok, merci Thomas, cette conversation reste entre nous.

Louis est complètement abasourdi. Comment un procureur, marié de surcroît, pouvait-il se comporter avec une femme comme une sale petite frappe ? Malgré la gravité et l’indélicatesse des faits, pourquoi Lisa avait-elle surréagi en mode panique et crise d’angoisse nerveuse ?

Le responsable du labo, Alain Berthou, est arrivé ainsi que le doc’ et tout le monde se met en place. Il est dix neuf heures zéro cinq minutes. Papi panda arrive peu après flanqué du proc’ de fort méchante humeur à cause de l’heure tardive.

Ils appellent le Maroc et la Belgique. Farouk et Mathilde répondent présents. Tout le monde est sur hauts parleurs.

Papi panda les salue brièvement et les remercie d’être là et de collaborer, les assurant que son équipe leur apportera aussi l’aide et les infos utiles. Le procureur Altus n’a plus rien à dire, marmonne un vague salut et invite d’un geste impatient le responsable du labo à démarrer la réunion.

- Bien, dit Alain, dans tous les prélèvements de la maison, des empreintes limitées : trois adultes et un enfant ; et des ADN, en revanche plus nombreux malgré le soin apporté au nettoyage : plusieurs hommes dont un qui matche avec l’une des empreintes, trois femmes dont deux matchent avec les empreintes et l’ADN de quatre individus jeunes, enfants ou adolescents dont l’un matche avec la seule empreinte d’enfant trouvée dans la maison.

- Donc, résume Louis, on peut estimer que les corps trouvés sont ceux du couple Bachellerie et de deux « invités », une très jeune femme et un enfant préadolescent.

- Oui, certainement. Dans la cave, en revanche, c’est une autre histoire. Il y a au moins une cinquantaine d’empreintes différentes, trente adultes et vingt enfants et adolescents, idem pour les ADN. Un seul recoupement : les deux adultes retrouvés carbonisés, le couple Bachellerie, selon toute vraisemblance.

Lisa demande s’ils ont retrouvé d’autres éléments à leur deuxième passage après leur découverte du sous sol

- Non, rien de plus dans la maison. Mais des trouvailles dans le sous sol. Une cache dans le mur avec des DVD, des clés USB et même quelques bobines de films en vidéo cassette. On n’a pas eu le temps de visionner. On s’y met demain après midi, promis. Du reste, ce serait bien que vous veniez aussi.

- Et les photos, les papiers trouvés dans les bouquins? Les traces, dessins et calligrammes rouges sur les murs ? S’impatiente Lisa.

- Tout doux, capitaine, j’y viens ! Pour les papiers, on a fait quelques prélèvements qui sont en cours d’analyses ; vous en saurez plus dans vingt quatre ou quarante huit heures. Idem pour les photos. Pour ce qui est du contenu, c’est de votre ressort. On a classé dans trois cartons différents photos, papiers et lettres et on vous a rapporté le tout, vous aurez de quoi vous occuper dans les jours qui viennent.

- La suite ?? S’impatiente encore Lisa

- Oui, monsieur Berthou, attaque sèchement le proc’, allez au fait maintenant concernant le sous sol. L’heure tourne !

- Elle tourne pour tout le monde, monsieur le procureur, renvoie l’autre.

- Donc ! Reprend Alain tranquillement, au sous sol, c’est le carnage ! Tout ce qui est rouge c’est du sang, mis à part les calligrammes. Une vraie boucherie !

- Rassure nous, déglutit Louis, du sang animal ?!

- Non, hélas, affirme le scientifique, du sang humain. Les ADN correspondent en grande partie à ceux trouvés sur les meubles, les matelas. Je ne sais pas ce qui s’est passé là dedans mais ca ressemble à l’antichambre de l’enfer !

Thomas est blême, papi panda s’est assis et le proc’ tâche de faire bonne figure.

- Ce n’est pas possible, les gens ont dû se vider de leur sang pour … pour….ce truc rupestre ! Bégaie Thomas.

- Farouk ! Interpelle louis, cela ressemble pas mal à ta scène de crime aussi ; tu peux nous faire un bref topo pour le procureur et le commissaire, s’il te plaît.

- Absolument ! Dit la voix de Farouk sortant du téléphone un ton au dessus. Nous avons trouvé aussi un sous sol bien camouflé et le « décor », si je peux dire, identique au votre.

- Pas au mien, s’exclame Mathilde dans un hoquet version « Marlboro », moi c’est vraiment nickel !

- Sens de l’hygiène d’Europe du Nord, je présume, la retoque un peu sèchement Farouk. Bon, je continue ! Ici la maison était à peu près préservée bien que visiblement non entretenue depuis plusieurs semaines. En bas, comme je le disais, même décor qu’à Paris mais deux corps installés comme des châtelains, chacun en bout de la grande table, totalement inidentifiables, empreintes brûlées et visages à l’acide. Reste les ADN. Sinon, mise à mort brutale par arme à feu, kalachnikov ou mitraillette AK45, des gardiens dans leur maison à l’entrée du domaine. A l’extérieur, le village entièrement désert et sur la piste du domaine, un grand bûcher ou humains et bêtes ont été immolés, j’espère post mortem, mais on en saura plus après le travail de la scientifique et du légiste. Ici, les équipes sont arrivées depuis peu et elles sont au travail mais je n’aurai rien avant plusieurs jours car les prélèvements doivent remonter à Casablanca, Agadir ne peut traiter que les relevés d’empreintes et les éléments matériels indirects. Je vous tiendrai au courant et je demanderai à ma hiérarchie de saisir Interpol pour qu’on puisse officiellement mettre en commun par écrit et transfert de données tout ce qu’on a.

- Merci commandant ! Lui renvoie chaleureusement Lisa. Vous restez en ligne avec nous ? Après l’exposé de Mathilde, le doc’ nous donnera ce qu’il peut vu l’état des corps. Nous ferons ensuite l’exposé de tout ce qu’on a ici et voir comment on peut travailler et avancer en coordination. C’est d’accord ?

C’est d’accord, je reste en ligne, ici on en a au moins encore pour une bonne heure et demi.

Lisa invite Mathilde à exposer ces constats.

- Ici nous avons une maison de maître aussi, en zone très résidentielle, je dirai même huppée ; à l’écart du quartier donc peu de voisins directs. La maison était très propre, très bien entretenue, rien de suspect à première vue si ce n’est une épaisse couche de poussière, signe qu’elle est restée vide un certain temps. Le sous sol très bien camouflé ici aussi et difficile à trouver. Même « décor » si je puis dire, horrible, mais pas de désordre apparent. L’équipe technique est en train de tout passer au peigne fin pour trouver d’éventuelles caches comme à Paris. Pas de cadavres mais des « reliefs » de repas cannibales. Le légiste a fait emballer le tout, on en saura plus d’ici deux ou trois jours. Voilà ! Pour l’instant, on ne peut pas avancer plus !

- OK, doc’, c’est à vous ! Je sens que vous allez être bref ! lui sourit Lisa, elle l’aime bien.

- Oui ! ça va être bref ! Ils sont tous décédés le même jour et quasiment à la même heure, soit trois/quatre heures avant la découverte des corps par le prestataire au ménage. Je dirai vers six/sept heures du matin. Comme je l’avais constaté sur place et c’est confirmé à l’examen, le couple Bachellerie a été immobilisé et immolé vivant alors que la jeune femme et l’adolescent ont été abattus puis immolés. Le labo nous confirmera qu’il s’agit bien des Bachellerie après comparaison de l’ADN des tissus corporels et des cheveux et salives prélevés sur les brosses dans la salle de bain. A noter, deux brosses à dents seulement ; les « invités » ne devaient pas être là depuis longtemps ou ne devaient pas y rester longtemps. J’attends avec impatience les premières conclusions des collègues légistes de Casablanca et d’Anvers.

Thomas a renseigné au fur et à mesure le grand tableau d’investigation en organisant trois colonnes : France – Maroc – Belgique. Il faudra sans doute annexer un second tableau pour continuer à exposer tous leurs éléments et y voir clair.

C’est au tour de Mia de prendre la parole sur le profil des bachellerie.

- C’est un couple fortuné, marié depuis plusieurs années et sans enfants, commence t-elle en rougissant un peu car elle est mal à l’aise dans la prise de parole avec auditoire élargi. Monsieur Bachellerie est l’ainé d’une fratrie de trois, il a une sœur et un frère dans l’ordre de naissance, tous deux âgés d’une année de moins que le précédent. Les parents ne sont plus en vie. Madame Bachellerie était fille unique, pas de parents en vie, non plus et une vague tante et une cousine au deuxième degré dont elle ne semble pas proche. Je n’ai rien trouvé qui les relie. Lui est resté en relation avec sa sœur, Rosa et son frère, Edouard, relation surtout financière semble t-il, ses comptes révèlent des versements réguliers à leurs noms sur des comptes au Luxembourg et en Belgique. La sœur, mariée puis divorcée sans enfant. Le frère célibataire. Ils voyagent beaucoup tous les deux, surtout ces cinq dernières années, vers l’Asie et le Maghreb. Comme nos victimes. Pour les artisans qui ont fait le chantier du sous sol, je n’ai pas beaucoup avancé, j’ai eu les dossiers en mairie, mais certains sont décédés, d’autres ont déménagé ou fait faillite ; mais je poursuis, je cherche. J’ai demandé une commission rogatoire ainsi que me l’a ordonné mon chef de groupe pour pouvoir investiguer plus avant dans tous les comptes bancaires directs ou indirects en lien avec le couple, ainsi que les compagnies aériennes et les agences de voyages pour retracer exactement leurs déplacements et leurs flux financiers, entrants comme sortants.

- Et ?? L’interroge Lisa, visage froid, ton sec.

- Et, …Hé bien… Bafouille la pauvre Mia, je n’ai encore rien reçu du bureau du procureur. Alors je stagne sur ces recherches.

Lisa se tourne vers le proc’, visage toujours impassible mais regard assassin teinté de mépris, ton froid : « Que se passe t-il, monsieur le procureur ? Des problèmes de secrétariat ? »

Altus rougit, c’est de notoriété publique que les secrétaires le quittent, ou plutôt le fuient très vite et régulièrement du fait de ses mains baladeuses et de ses remarques salaces sur leur anatomie.

- Je vais régler cela dès demain, vous aurez vos CR dans la journée.

- Je préfèrerai dans la matinée, le retoque Lisa

- Soit !! Dans la matinée ! Et maintenant, je vous quitte car il est passé vingt heures et j’ai un dîner chez moi avec le préfet et son épouse ; je ne peux les faire attendre, n’est ce pas ??

- Non, surtout pas, renvoie t-elle, heureuse de se débarrasser de sa présence

- Vous me passerez le fichier vidéo. Comme d’habitude. Et il quitte les lieux sans saluer personne, pas même papi panda, estomaqué.

- Ainsi soit-il !!! Bien ! Thomas, vous poursuivez.

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