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Mia arrête l’enregistrement.

- Nous passerons l’enregistrement au débriefe en fin d’après midi avec le commissaire et le procureur, inutile de se répéter.

- Donc, affirme Louis, il nous reste à arrêter et inculper, le directeur de la banque pour blanchiment et complicité dans la traite d’humains et les trois motards pour assassinat, c’est tout ce qu’on aura, si on peut l’avoir. Le reste, ce sont des spéculations, des hypothèses improuvables.

- Le directeur, on l’a, il est au frais avec les OP, annonce Thomas. Les trois motards, ça va être plus dur, maintenant qu’ils sont en Europe, ils vont pouvoir se balader dans tout l’espace Schengen et de là, se propulser en Russie par l’Ukraine ou les pays baltes. Même avec le COVID, ils vont y arriver.

- Nous n’avons pas dit notre dernier mot, affirme la capitaine, briefing demain soir au restaurant italien, vous compris, Balitran. Louis et moi, on va faire relâche demain pour rester avec nos amis et leur faire découvrir le gai Paris sous la belle grisaille de Novembre.

- Vous avez une super belle bague, capitaine ! Claironne Thomas tout sourire.

Elle ne peut s’empêcher de jeter un coup d’œil dessus, elle rougit et tout le monde se focalise sur sa main.

- Hum ! Oui, c’est mon anniversaire ! Demain soir, j’offre le champagne !

- Bon anniversaire, chère Lisa, lui sourit Hamid, vous permettez que je vous embrasse ? Et il lui pose une bise sur la joue

- Oui, bon anniversaire, chère amie, renchérit Farouk et il l’embrasse aussi.

Du coup tout le monde défile et lui claque la bise, elle est un peu gênée mais émue aussi par ces démonstrations d’amitié. Louis se marre et s’avance aussi, elle pense : « il ne va pas faire ce que je crois qu’il va faire ?? ». Il la prend doucement par les épaules, l’attire vers lui –Bon anniversaire- et lui pose délicatement un baiser sur les lèvres. Tout le monde applaudit.

- Allez ! on retourne au boulot, dit-elle sans grande conviction. En attendant le débriefe, comme d’habitude, on pousse les dossiers en attente. Thomas, merci de prendre les commandes pour le déjeuner, il est déjà quatorze heures ! c’est mon tour de payer. Mia, merci d’appeler le commissaire et le secrétariat du proc’, dites que le débriefe est avancé à 16 heures ; la journée a été lourde, on va tâcher de rentrer de bonne heure.

Ils déjeunent devant le tableau, par habitude, il n’a plus grand-chose à leur apprendre. Farouk et Hamid sont séduits par cette ambiance de travail, rigoureuse, fébrile mais si décontractée, si amicale.

- Tournons le dos à ce tableau pour finir de déjeuner, c’est trop triste, déclare Lisa ; et elle tourne sa chaise.

Tout le monde en fait autant et il se retrouve en rond en train de mastiquer et de bavarder.

- On dirait un po wow, rigole Thomas

- C’est presque ça, dit Lisa, au fait, vous avez pensé à apporter un sandwich et de l’eau à notre banquier ? Je suis un peu étonnée qu’il n’ait pas encore demandé à voir son avocat.

- Pour le sandwich, c’est oui, dit Thomas

- Vous êtes un garçon d’une grande sollicitude, lui dit Farouk dans un de ses plus beaux sourires.

Le bleu rougit sous le compliment. Hamid se marre, il connaît le pouvoir de séduction de son compagnon.

- Pour l’avocat, dit Balitran, c’est parce qu’il a peur. S’il l’appelle, il sonne l’alerte et son avenir risque d’être fortement écourté par ses clients russes et leurs amis

- Pourtant ils ont dû savoir qu’on avait les carnets et nous ont cambriolé donc que leur banquier était grillé. Et il est toujours en vie.

- Les carnets, cela ne les dérange pas trop, même s’il y a leurs noms, tout le monde sait qu’ils sont de la mafia et en Russie, ils sont quasiment intouchables. Ce sont les autres noms qui sont inquiets et ils ont fait appel à leurs services pour le cambriolage. Et pour répondre à la question, il est encore en vie mais ça ne va pas durer, ils devaient avoir encore un peu besoin de lui pour rendre invisibles les transferts et sauver leur pognon. S’il a fait le boulot, sa vie ne tient qu’à un fil.

- Humm ! On va le déférer très bientôt et en prison, on ne pourra pas grand-chose pour lui, même dans le quartier des cols blancs.

Il est seize heures, Mia lance l’enregistrement du débriefe, le commissaire et le proc’ assiste de leur bureau.

- Nous n’avons quasiment aucune chance de les coincer, n’est-ce-pas ? questionne papi un peu amer.

- Non, peu de chances en effet, patron, les trois tueurs sont peut-être déjà disséminés à travers l’Europe et en plus, on ne sait pas si leurs passeports russes ne sont pas des faux ; ce genre de gars doit se promener avec une batterie de faux papiers.

- Et l’ogre ?

- Intouchable, et puis jamais les services marocains ne voudront l’extrader ; de plus, je pense sérieusement que nos services ne le souhaitent pas non plus.

- Et les carnets ? Et le directeur de la banque ? Demande le proc’.

Elle sent une alarme dans sa voix. Et pour cause !

- Notre blanchisseur est muet comme une tombe et, comme vous le savez, les carnets ont disparu, alors on stagne de ce côté-là, mais on s’accroche.

Avant de quitter le bureau, elle prend Mia à part.

- Mia, je vais prendre la voiture de service et demander à Thomas de vous raccompagner, Vous monterez tous les deux chez vous et vous faites une copie des carnets sur une clé USB. Vous dites à Thomas qu’il doit rester un moment, comme si vous preniez un thé ou quelque chose comme ça. Restez un moment à parler de tout et de rien et dites lui ensuite d’aller chercher le gâteau d’anniversaire de la capitaine et de l’apporter au bureau pour demain, de l’y mettre au frais. Rien de plus, d’accord !? Je lui envoie un texto pour lui dire de mettre la clé dans le gâteau. Vous avez tout bien compris ?

- Oui, chef ! Pourquoi ? Vous pensez qu’ils savent qu’on a une copie ?

- Non, je n’en sais rien mais c’est par sécurité. Effacer bien votre historique, qu’on ne puisse pas retracer cette nouvelle copie.

- Entendu !

Elle envoie un texto à Thomas pour lui dire de raccompagner Mia car elle a besoin de la voiture de service dont elle se sert et de lui signaler quand il quitte l’appartement de cette dernière. Il renvoie un pouce levé.

Ils descendent au parking et elle propose aux deux hommes de prendre sa voiture s’ils veulent passer une soirée entre eux et se balader ; elle ira avec Louis dans la voiture de service. Ils sont ravis et acceptent avec joie.

- Alors, très bonne soirée et à demain vers dix heures ?!

- Parfait pour nous, renvoient les deux.

Sur le boulevard, deux motards, loin derrière eux se séparent et chacun prend une voiture en filature.

Dans la voiture, elle envoie un texto aux deux flics marocains : « Dans l’appartement, ne parlez pas de l’affaire, je crains qu’on ne soit écoutés »

- Tu as l’air inquiète, s’enquiert Louis, tu penses qu’on est espionnés ? Les services ? Les russes ?

- Je ne sais pas, j’ai une mauvaise sensation ; les services, je ne crois pas, BB nous l’aurait dit, on peut compter sur sa loyauté maintenant.

- Tu penses que c’est à cause de ce qu’il y a dans les carnets ? C’est si énorme que ça ?

- Oui, énorme ! Des noms en pagaille de politiciens, hommes d’affaires, notables, d’Europe, de Russie et de partout dans le monde, des mafieux aussi et des tonnes de fric qui échappent à tous les contrôles. Il y a quelques noms arabes, Mia m’a fait une petite liste ; demain en rentrant je garde Farouk avec moi, voir s’il reconnaît des personnalités. Tu raccompagneras Hamid et on vous rejoindra au resto, si tu veux bien.

- Bien chef ! Et ce soir, en attendant, je te veux toute à moi.

- Avec joie ! rit-elle Qu’y a-t-il à dîner ?

- Humm ! Je crois qu’on n’a pas fini d’entendre parler de ton appétit ces neuf prochains mois.

- Juste encore une chose, au cas où…et elle lui parle de la clé planquée dans le gâteau au frigo.

Il fronce les sourcils, il commence à être inquiet lui aussi.

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