I

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Théo ouvrit lentement les yeux, une douleur vive lui martelait la tête. Sa main passa sur l’arrière de son crâne et il sentit des croûtes sanguinolentes. Nauséeux, il essaya de se lever, mais retomba aussitôt. Une chaîne métallique épaisse et solide le retenait à un mur pierreux par la cheville droite. Plus il bougeait, plus l’attache pénétrait son épiderme.

— Qu’est-ce qui m’est arrivé ?

Ses yeux hagards essayant de s’habituer à l’obscurité oppressante se posèrent sur deux corps. Un homme tatoué et musclé, en débardeur blanc, et une femme vêtue d’une robe carmin qui se réveillaient peu à peu. Il ne les connaissait pas, mais deux choses les rassemblaient : l’incompréhension et une terreur grandissante.

Regardant le sol jonché de flaques nauséabondes, ses yeux se posèrent sur deux autres attaches. Ils étaient tous trois enchaînés de la même manière.

Théo, paniqué, ne savait plus où donner de la tête. Il tressaillit en regardant la grande pièce dans laquelle il se trouvait : un plancher crasseux et visqueux, une ampoule terne matérialisant des ombres menaçantes et l’absence totale de fenêtre. Seule une porte faisait le lien avec l’extérieur. Il rechercha un élément familier, quelque chose qui pourrait lui éviter de sombrer dans la démence. Rien.

— Je rêve, c’est ça ! Un cauchemar de merde encore une fois, se dit-il en se pinçant jusqu’à laisser une marque rouge et bleue.

Les trois kidnappés se regardèrent dans le blanc des yeux, un dialogue muet se forma. C’était la réalité : ils étaient emprisonnés et rien ni personne ne pourrait les sauver.

— Où est-ce qu’on est ? sanglota la femme qui commençait à s’arracher les cheveux.

— Je sais pas mais je vais pas attendre. Faut qu’on brise nos chaînes, répondit l’homme dont les biceps se gonflaient sous l’effort.

Au fond, une caméra sur pied dont le voyant rouge clignotait régulièrement hypnotisait Théo. Devant lui une large vitre qui rappelait les scènes de séries télévisées policières dont il était friand. Des ossements l’entouraient et des rigoles pourpres gouttaient constamment. Juste à sa droite, une grande roue qui faisait penser à celle du célèbre jeu télévisé : La Roue de la Fortune. Un voile brumeux l’empêchait de décrypter les inscriptions.

Il se frotta les yeux et les tempes, mais rien n’y faisait. Son mal de crâne et Dieu sait quoi d’autre troublaient sa vision.

À sa gauche, se trouvait une fidèle représentation de l’Arbre de Vie, symbole même du lien entre l’Ici et l’Au-delà. Des racines noueuses et puissantes, un tronc veiné de stries blanchâtres et des ramures arborescentes en forme de couronne.

« Que fait ici l’arbre incarnant la connaissance et la différence entre le Bien et le Mal ? Pourquoi avoir une illustration personnifiant la transmission de la sagesse ? »

De petits froissements sur le parquet le tirèrent de ses réflexions.

— Aie ! fit-il. Qu’est-ce que …

Des rats au pélage ébène commençaient à grignoter ses pieds nus et lui dilacéraient d’infimes morceaux de peau. Des perles carmins s’écoulaient de ses pieds meurtris. Théo grimaça lorsqu’ils lui arrachèrent quelques bouts d’ongle. Fulminant, il les envoya valser d’une main. Mais ils revinrent vite à la charge. Ses compagnons d’infortune subissaient les mêmes assauts répétés. La femme s’affolait en bougeant frénétiquement ses jambes alors que l’homme fracassait les indésirables contre le sol.

Les rongeurs sursautèrent et détalèrent lorsque la porte boisée parsemée de griffures et d’échardes s’ouvrit dans un grincement lugubre.

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