Entre blessure et guérison: Écrire pour éviter de mourir
Je pleure de l’intérieur pour que mes soucis se noient. Mais ils ont appris à nager. Je m’endors le coeur lourd. Rêvant d’oublier la douleur. Mais à chaque réveil, la misère me saute au visage et plante ses griffes acérées. La figure, alors déformée, me pousse à porter un masque afin de dissimuler la fatigue et la laideur. En cachette, les larmes finissent enfin par irriguer ma fleur de peau. Bal costumé, c’est ainsi que se poursuit ma vie. Condamné par la honte de paraître vulnérable, je fuis ma propre personne jusqu’à oublier qui je suis.
J’écris alors pour m’explorer. Au fin fond du cosmos, je scrute à l’horizon l’abysse. Ce côté d’ombre, ce trou noir qui aspire toute vitalité, sans aucune pitié. Je garde mes distances par peur qu’il consume ce qu’il reste : l’écriture. Dans ce chaos, j’essaye de trouver de l’ordre et dans les paragraphes, du sens. L’encre remplace mes larmes, les mots en guise de lames. Mon coeur est effleuré à chaque phrase. Le point pour mettre fin à l’hémorragie. Des points de suture, il en faut plusieurs. Il y a beaucoup de sang, je me sens de moins en moins vivant.
Un manque de vitalité amorce une guerre où le champ de bataille est en mon cœur. Le corps devient cimetière des émotions et cercueil de l’âme. Condamnés à porter en permanence ma pierre tombale sur mon dos : cette lourde existence d’un cœur qui ne sait plus aimer.
L’heure est grave. L’immense étoile s’est effondrée. Elle n’est pas supernova. Éteignez la lumière, elle n’est plus d’aucune utilité. Éteignez les projecteurs le bal est terminé. Je peux enfin enlever le masque et me livrer. Ramenez moi des feuilles et un stylo. Les étoiles me fascinent toujours autant, or dorénavant les trous noirs m’intriguent.
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