Sa tête était soutenue par sa paume, et par extension son coude. La jeune fille n’avait pas assez dormi la nuit dernière. Ce qui avait pour conséquence de rendre ses deux heures de mathématiques interminables. Pourtant, elle aimait cette matière, mais son professeur manquait un peu de pep’s. Elle le fixait attendant la fin de ce cours, car pour le moment Monsieur Curégne parlait dans le vide.

 Elle se rendit compte alors qu’elle n’entendait rien de ce que ce vieux bonhomme racontait. Emy fronça ses sourcils, essayant de se concentrer, mais aucun son ne parvenait à ses oreilles. Elle se redressa, secoua sa tête pour se ressaisir, essaya de déboucher ses oreilles, car elle se disait que peut-être c’était à cause de cela que…

« EMY BIGREOT ! POURRAIS-JE SAVOIR POURQUOI VOUS VOUS AGITEZ AINSI SUR VOTRE CHAISE ?! s’écria le vieux professeur.

- Mais… Monsieur… C’est que…, bredouilla Emy déroutée par cette soudaine attention.

- C’est que ? Continuez, nous sommes tous suspendus à vos lèvres, l’encouragea d’une voix doucereuse l’homme. »

L’adolescente déglutit, intimidée, depuis quand ce vieux bougre était-il aussi agressif ? C’était peut-être pour ça que tous ses élèves l’écoutaient sauf elle… Et maintenant elle en payait les frais. Elle aurait dû se méfier.

« Je ne vous entendais plus Monsieur, je devais avoir les oreilles bouchées…, expliqua-t-elle en rougissant devant son excuse ridicule. »

Le professeur se rapprocha du bureau de son élève et pencha son corps aussi interminable que ses cours vers elle. Emy essaya comme elle put de s’enfoncer dans sa chaise et de s’éloigner de cet être imposant. Elle frissonnait de peur et pâlissait au point de devenir aussi blanche qu’un cachet d’aspirine. Il détourna finalement son regard de celui de son élève pour regarder ses notes. Qui n’était plus là ! Mais est-ce qu’elle avait pris des notes ? Ce n’était définitivement pas son jour. Et son professeur semblait déterminé à l’enfoncer encore plus. Un sourire cruel étira ses lèvres, faisant apparaître ses petites dents pointues. Il la regarda comme s’il allait la manger toute crue.

« Eh bien jeune fille, on ne prend pas ses cours ? demanda-t-il d’un ton goguenard. Mes cours ne vous intéressent pas peut-être ?

- Exactement. »

Emy posa précipitamment ses deux mains sur sa bouche. C’était sorti spontanément. Elle se tassa encore plus sur elle-même si c’était possible, définitivement terrifiée car son prof semblait sur le point de cracher du feu.

 La sonnerie retentit alors, annonçant la fin du cours. Pile au bon moment. Le professeur grogna, se redressa et énonça tout naturellement les exercices à faire pour le lendemain en s’éloignant d’Emy. Elle tremblait tellement qu’elle dû s'y prendre à deux fois pour ranger ses affaires. Elle sortit précipitamment avec le reste de ses camarades, sentant encore le regard cruel de son vieux professeur.