(lire avant les textes du 29 et 30 novembre ainsi que le texte du 30 décembre)

 Les vêtements boueux, Voronwë s’agenouilla dans un buisson. Il guettait ce troupeau de centaures depuis une semaine. Ils représentaient la deuxième étape de son défi. Il devait obtenir une de leur flûte, rien de bien héroïque en apparence. Le problème était que cette épreuve testait ses capacités à négocier. Cette flûte, n’était pas n’importe quelle flûte. Elle avait été faite dans les os du dieu Pan, mort quelques siècles plus tôt à cause d’une… Malheureusement aventure. Voilà ce qui arrivait quand on ne faisait pas attention à qui on s’alliait. Soupirant, l’elfe s’accorda une pause. Il pensa à Isil, à ses camarades de combat et au confort du palais de la Lune. Bientôt, se promit-il, bientôt il serait de retour. Deux ans qu’il s’était fiancé avec la prêtresse la plus puissante depuis de nombreuses générations, il n’allait pas abandonner maintenant. Il grignota un morceau de racine. Puis se redressa. L’heure des négociations était arrivée.

 Ce qui n’avait rien d’héroïque finit par prendre une tournure dans ce thème-là. Il se retrouvait face à un dilemme compliquait. Soit il affrontait à mort le chef et s’il gagnait, il emmenait la flûte. Soit le grand centaure le battait, chose improbable, et il mourait. Le problème venait du fait que s’il avait le malheur de remporter le duel à mort, les autres centaures le tueraient pour l’affront qu’il avait osé leur faire. Mais son honneur était en jeu. Il ne pouvait refuser un tel défi. Peut-être, pourrait-il courir assez rapidement pour échapper à une horde de centaures vengeurs ? Il en doutait fortement, mais ce n’était pas comme s’il avait le choix.

 Le combat fut serré. Voronwë passa plusieurs fois à deux doigts de la mort. Pourtant, il se refusait d’abandonner. Il ne pouvait pas, il ne devait pas. Pour lui, pour Isil, pour son clan et pour sa famille. La lame de son poignard pressé contre la gorge du centaure, il prit la parole.

« J’ai gagné. Mais je me refuse à te tuer, je ne suis pas assez bête pour cela. Je sais très bien ce qu’il se passera si je le fais. À peine aurais-je effleuré cette flûte que je serais mort.

- Finalement les elfes ne sont peut-être pas si stupides que ça, grogna le chef centaure. Que me donneras tu en échanges de cette flûte ? »

Sans changer de position, l’elfe réfléchit. Il ne pouvait lui donner sa cape. Mais peut-être, oui peut-être, que sa pierre de lune l’intéresserait. Il espéra qu’Isil ne lui en voudrait pas trop, mais en même temps c’était-elle qui l’avait envoyé dans cette mission périlleuse. Sa décision prise, il détacha son collier symbolisant son passe-droit au temple de la Lune. Un sourire malin s'esquissa sur les traits du centaure, finalement un marché était envisageable.