(J'aime beaucoup ce texte, mais je n'en ai toujours pas écris la fin malheureusement T-T)

 Beltane était enfin arrivé. Cette fête attendue avec tant d’impatience par la plupart des hommes et des femmes car elle célébrait le renouveau, m’inquiétait plus qu’autre chose. Elle me mènerait à une alliance avec l’homme d’un autre clan. Pour consolider les relations entre clans, chaque année une grande fête de trois jours et trois nuits était donnée dans un territoire différent à chaque fois. Fille du frère du chef de clan, j’avais jusque-là toujours fait le déplacement avec joie depuis mes dix ans. Cette fête servait aussi à fiancer, quatre mois avant Lughnasadh, certains chefs de clans avec des héritières d’un autre clan, toujours dans l’optique de renforcer les liens unissant notre peuple.

 Cette année je n’irai pas à cette fête comme jeune, mais comme future fiancée. Cette pensée tournait dans mon esprit. Les druides examineront les présages pour voir quelles alliances seraient les plus favorables. Nous étions plus à nous présenter cette année, ma cousine ainsi que mon grand frère seront utilisés pour le bien du clan. Le fait de ne pas être seule ne m’empêchait pas de m’inquiéter au sujet de ces fiançailles. Je pouvais aussi bien me retrouver avec un homme jeune mais cruel, sans pitié et d’une brutalité sans nom, qu’avec un homme doux mais vieux, qui me laisserait seule et veuve trop rapidement.

 J’appréhendais. De plus ma cousine n’était pas un soutien pour moi. Etant fille du chef, elle se comportait de façon prétentieuse, capricieuse et méprisante. Je savais qu’elle était persuadée d‘être fiancée à un homme de valeur dirigeant un clan puissant. Souvent j'avais souhaité lui exposer la réalité : l’homme parfait n’existait pas et souvent les hommes puissants étaient cruels. Voilà la situation que je m’apprêtais à affronter. C’était donc résigné que je sortie du campement pour aller aux festivités, accompagnée de mon frère.

*

 Tous se reculaient quand je m’avançais parmi eux, tous me craignaient. Qu’avais-je fait pour ? Rien à part défendre mon territoire. Mon père m’avait appris à tenir une hache de guerre avant que j’apprenne à marcher. Maintenant il était mort au combat. Me laissant seul diriger l’un des clans les plus puissant de notre peuple alors que j’avais à peine seize années.

 Depuis deux ans je me défilais pour Beltane. Je ne souhaitais pas me marier, ni à avoir à former une alliance et supporter une môme sortie à peine sortie de l’enfance. Mais en cette nouvelle année qui commençait, alors que j’étais enivré par la fête et l’alcool, mon prénom fût prononcé par les druides. M’avançant dans l’assemblée, fier, je me tins droit devant le feu. Le premier soir était celui des présentations.

 Je dévisageais une à une chacune des filles présentes autour du feu. Certaines étaient effacées, d’autres étaient prétentieuses et orgueilleuse. Une seule semblait fière malgré la résignation qui se lisait sur ses traits. Je la scrutais ; ses cheveux roux ramenées en un chignon piqué de fleurs violette et jaune assorties à sa robe blanche au bustier violet, élancée mais pas plus grande que la plupart des femmes. Je finis par la reconnaître, c’était Milis fille du clan du nord. J’avais entendu qu’elle était capable de saisir l’essence de la matière et donc de choisir les meilleures runes à graver dans une matière. Il me semblait que c’était l’une des plus prisée. Mais elle serait mariée au plus avantageux et sûrement à celui favorisé par les présages des druides. Le mystère ne durerait pas longtemps vu que les négociations commenceraient demain à l’aube. J'étais curieux de voir où aboutirait les négoces.

*

 Les druides venaient de rendre leurs verdicts. Les présages avaient lié mon frère à une jeune femme d’un clan puissant, cela aidera grandement mon père si cette alliance se fait. Ma cousine quant à elle, était conseillé à un vieil homme mais puissant, elle semblait mitigée.

« Milis ó Briain et Aotrom ó Cuinn ! S’exclama un druide. Les dieux se sont montrés favorable à votre union ! »

A l’entente de mon nom et de celui qui l’accompagnait, mon souffle se coupa. Il me sembla que le silence c’était fait, mais peut-être que ce n’était que mon imagination. L’homme qui m’était destiné n’était autre que celui qui avait attisé mon insatiable curiosité. Mais aussi un guerrier réputé sanguinaire. Je l’avais vu m’observer, le scrutant à mon tour. Il avait du charme, les lueurs du feu se reflétaient dans ses yeux sombres. Il était rasé d’ailleurs tout autour de son crâne de telle sorte que seuls les cheveux du haut étaient long, coiffés et retenus vers l’arrière de sa tête. Sa cuirasse d’un noir ébène était de la même couleur que sa chevelure. Il avait fait un demi sourire avant de retourner à ses occupations.

 Mais actuellement sa tête était toute autre. Il restait impassible, ne me regardait même pas et semblait perdu dans ses réflexions. Je savais qu’il serait avantagé par rapport aux autres, il était jeune, beau, puissant et en plus il m’était destiné. Malgré cela, vu mon don, je serais convoitée par de plus avides seigneurs. Rien ne m’assurait qu’il se battrait pour m’avoir. Surtout s’il avait déjà du pouvoir, pourquoi s’encombrer de ma personne ?

*

 Aotrom se tendit à l’entente de son nom et de celui de Milis. Il avait déjà prévu d’essayer de l’avoir, pour éviter toute concurrence plus tard d’un clan qui serait devenu plus puissant grâce à elle. Certes c’est un avantage qu’ils soient destinés l’un à l’autre, mais c’était aussi un inconvénient. Maintenant il n’était plus question d’essayer mais de réussir. Il ne pouvait pas la laisser filer, la laisser à un autre seigneur qui la maltraiterait. Il contracta sa mâchoire tellement il était tendu. Du coin de l’œil il la vit l’observer puis partir. Il se dirigea vers les autres hommes, les négociations allées commencer et dureraient jusqu’au coucher du soleil.

*

Les négociations venaient de prendre fin, Milis fut rejointe par son frère autour du feu.

« Milis sache que j’ai fait ce que j’ai pu… Mais c’est père qui a négocié pour toi. Je suis désolé, murmura-t-il en me frottant le dos dans un geste qui se voulait réconfortant.

- Ne t’inquiètes pas, j’ai fini par me faire à l’idée, répondis-je sur le même ton. Je ne ferais pas un mariage d’amour, ni un mariage qui me rendra heureuse.

- Si tu le dis... Cela ne m’empêche pas de m’inquiéter pour toi petite sœur. Si seulement tu étais née sans ce don…

- Du moment qu’il n’est pas vieux, moche et grincheux, continuais-je avec humour, ignorant la dernière phrase de mon frère.

- Il est beau et jeune si ça peut te rassurer, dit-il avec un sourire hésitant.

- Et toi ? Et notre cousine ? Demandais-je, curieuse.

- Nous ne sommes pas avec ceux que les présages avaient favorisé, murmura-t-il.

- Je suis désolée. Mais attend si tu n’as pas précisé ce fait pour moi, cela veut dire que…raisonnais-je inquiète.

- Oui. Tu es officiellement fiancée à Aotrom, déclara mon frère de but en blanc. Demain tu repartiras au sud avec son clan et nous ne nous verrons plus que quelques fois par an. »

*

 Je n’avais pas adressé un seul mot à ma nouvelle fiancée depuis le début du troisième jour. Elle semblait perdue dans ses pensées, me scrutant parfois mais détournant les yeux dès que nos regards se croisaient. Le soleil approchait de son zénith, nous allions partir lorsque Milis s’approcha de moi. Ses cheveux roux étaient tressés en une natte qui se trouvait sur son épaule. Et ses yeux me fixaient.

« Je ne possède pas de cheval, mais je sais monter, déclara-t-elle. Pourrais-je avoir un cheval ?»

Était-ce un caprice de jeune fille ? Parce que si c’était le cas, elle serait déçue. Elle allait monter avec moi, et que ça lui plaise ou non. Elle devrait attendre si elle souhaitait un cheval.

« Nous ne disposons pas d’assez de cheval pour votre caprice, vous monterez avec moi, répondis-je. »

Elle soupira, monta sans aide sur mon cheval et m’attendit le temps que je vérifie que le peu personne qui m’accompagnait étaient là. Je montais à mon tour. Elle enserra ma taille tout en essayant de garder le plus de distance possible. Je n’avais pas voulu la blesser mais son comportement puéril m’avait énervé. Le voyage serait long.

*

 Nous n’avions échangé aucun mot depuis le départ. Je me tenais à distance, enfin si c’était possible quand on est sur le même cheval que la personne avec qui on essaye de mettre de la distance physique. Je ne l’avais pas contredit, habituée à ce que mes paroles soient mal interprétées. Mais si je lui avais demandé un cheval, ce n’était pas par caprice mais juste parce qu’il n’y avait plus de place dans le chariot et qu’il n’aurait pas forcément aimé que je monte avec un autre homme. Perdue dans mes pensées, je finis par m’endormir, la tête posée sur son dos.

*

 Elle dormait toujours contre moi lorsque nous arrivâmes. Je réussis par je ne sais quel miracle à la descendre du cheval après l’avoir fait. Comme elle ne se réveillait toujours pas, je l’emmenais dans la chaumière où elle vivrait jusqu’à notre mariage.

 Je me dirigeais alors vers mes compagnons de route qui se tenaient sur la place du village. Nous fîmes le bilan du voyage, on me félicita pour mes fiançailles et j’appris qu’il n’y avait plus de place dans le chariot pour voyager. C’était donc pour ça qu’elle m’avait demandé un cheval… J’avais mal interprété ce qu’elle me disait. Je revins vivement sur mes pas, pour m’excuser et la prévenir de la fête qui aurait lieu ce soir en notre honneur. J’ouvris la porte et restait figé en voyant Milis à quelques centimètres de moi.