Chap. 10

4 minutes de lecture

Vincent

Mardi 9 février 2016 – Hôtel Mandarin Oriental - Paris

Assis et pris dans ses pensées, le dos confortablement calé contre les épais coussins blancs de la tête de lit, Vincent était aux anges. Il était dans un magnifique hôtel de Paris avec la femme qu’il aimait, pour la Saint-Valentin ! Les couleurs douces et chaudes de la pièce, des linges de lit et des meubles font des amoureux des êtres seuls au monde dans un cocon.

Après le décès d’Amandine, les fêtes de ce genre le dégoutaient. Voir tous ces couples enlacés et amoureux se promenant dans les rues, au restaurant ou au cinéma, lui était insupportable. Comment être heureux pour les autres quand on vient de perdre la femme de sa vie ? Voir ces gens lui rappelait sans cesse sa solitude, son chagrin, le dégout de l’amour. Pendant des années, il s’était refusé d’aimer à nouveau. Le rituel de la Saint-Valentin était devenu le pire évènement annuel de sa vie. Il restait seul chez lui, à broyer du noir et passer la soirée à zapper sur toutes les chaines de la télévision. Tout ceci en buvant de l’alcool. L’alcool… pour oublier, fuir la réalité.

Plus jamais Amandine ne lui dira « je t’aime » et ne se glissera dans son dos pour l’enlacer en se couchant.

Plus jamais elle ne lui ferait l’amour passionnément et ne prendrait sa main dans la sienne.

Plus jamais il ne pourra la toucher ni l’entendre rire aux éclats.

Plus jamais… Quand ses souvenirs se terminaient ainsi c’était l’excuse parfaite pour boire un verre. Plus jamais… un verre. Plus jamais… un verre. Jusqu’à ce que sa vision se brouille et que tout devienne noir.

Mais depuis l’arrivée de Judith dans son existence, tout avait changé ! Sa vie, sa façon de penser, même lui avait changé. Il s’était remis au sport, était plus avenant avec les gens, passait moins de temps au travail, son sourire était revenu sur son visage et son regard n’était plus fade, mais brillant. Il avait repris gout à la vie, mais surtout à l’amour !

Lui qui voulait ne plus jamais être amoureux, lui qui pensait qu’aucune autre femme ne pourrait le supporter, le voici amoureux fou comme il l’était à 20 ans d’une femme aussi merveilleuse qu’Amandine.

L’homme qu’il était redevenu savait qu’un nouvel et bel avenir s’étalait devant lui. Il le savait depuis bien avant janvier dernier, mais chaque jour il s’en étonnait encore.

Avec Judith, il n’avait pas à se cacher et pouvait parler d’Amandine lorsqu’il le voulait. Au départ, il se faisait discret, prenant en cachette le cadre de sa défunte épouse pour lui parler avant de le reposer sur l’étagère du salon et faisait semblant de rien auprès de Judith. Vincent ne voulait pas que sa nouvelle compagne se sente mal à l’aise. Mais pour le plus grand bonheur de Vincent, Judith comprit très vite qu’elle ne vivait pas une histoire d’amour avec Vincent, mais avec Vincent et l’ombre d’Amandine omniprésente dans sa vie ! Aimer Vincent c’était l’aime dans son intégralité, avec tous les souvenirs que sa femme représentait et représente encore aujourd’hui. Alors comme pour lui donner son accord, la jeune femme demanda à Vincent de se confier librement sur Amandine. Dès lors, leur relation n’en fut que renforcée et devint très vite passionnelle et fusionnelle. Une fois par jour, Vincent lui racontait ses anecdotes sur Amandine. Ses gouts, ses loisirs, son caractère, ses habitudes… tout y passait. Vincent contait avec passion pendant que Judith écoutait avec attention. En quelque sorte, Vincent en était persuadé, c’était les souvenirs de sa vie passée qui l’avaient lié à Judith de la sorte.

Aujourd’hui, Vincent était plus heureux que jamais. Il attendait sa compagne dans ce charmant hôtel de luxe. Certes, il ne fêtait pas la Saint Valentin le 14 février, Judith ayant des obligations personnelles, mais cela était sans importance. Le fait d’être ensemble dans la capitale de l’amour suffisait à leur bonheur. Ils ont visité Montmartre et ses ruelles bohèmes où le couple pouvait déambuler librement sans attiser la curiosité ou l’indignation. La Basilique du Sacré-Cœur dont les dômes faisaient penser au Taj Mahal. Ils ont fait un tour de manège sur la place des Abbesses. Ils ont diné au restaurant Terrass-Hotel où la vue panoramique sur Paris la nuit est envoutante, sans oublier une longue balade sur la Seine, bercée par les vagues.

Vincent fut ramené au moment présent lorsque Judith sortit de la salle de bain. Son angélique Judith. Avec ses yeux bleus si ensorcelants qu’il ne veut plus se passer d’eux, son sourire rassurant qui fait volatiliser tous les problèmes et ses cheveux blonds soyeux entourant son visage délicat. S’il pouvait, il demanderait à un peintre de fixer pour toujours la beauté de Judith sur une toile gigantesque. Sa nuisette en dentelle rouge mettait en avant les douces courbes de son corps, ce qui la rendait encore plus désirable.

Vincent attendit que Judith le rejoigne dans le lit. Il lui répéta son amour, son envie de vivre avec elle et lui tendit un écrin. À l’intérieur, un bracelet en or rose.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire manestcha ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0