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Texte original : Cendrillon, Sinistres Contes.



Un crachin tombait. Je rentrai, étonnement tôt, d’un long voyage dans la province voisine. À mon plus grand regret, je n’avais pu assister au bal organisé par la famille royale pour l’un de leurs enfants, le Prince Alexandre. J’avais toujours voulu voir ce jour arriver ; ma fille au bras d’un prince ! L’avenir lui aurait été certain. Cela aurait pu même être la Princesse Angélique. À travers une lettre à ma tendre et chère épouse, d’une beauté moindre que ma première femme, je lui avais demandé de préparer ma fille, et héritière, à ce bal. Toutefois, aucune nouvelle ne me parvint. Est-ce que la lettre s’était perdue ?

« Seigneur, saluèrent d’une voix les serviteurs, tous alignés dans la cour de la maison. »

Protégé par un parapluie, je m’approchai de la demeure. Hérité par mon père qui l’avait hérité de sa mère, c’était une grande maison où une dizaine de personnes y vivaient et l’entretenaient. J’avançai d’un air incertain, la peur nouant subitement mon estomac, et mes serviteurs m’emboîtaient le pas. Le silence m’accueillit. Pas de femme à l’horizon ni de belles filles. Personne. Appeler quelqu’un ne servait à rien. Je me tournai vers les sept hommes et femmes, vêtus de vêtements de travail. Tous évitaient de me regarder.

« Où sont-elles ? exigeai-je d’un ton sec.

— En bas, dans la cave, répondit immédiatement une femme vêtue d’un tablier. »

Un frisson d’horreur me prit soudainement. Sans un mot envers mes employés, je me précipitai vers l’entrée de la cave, située au bout d’un long couloir. En passant près de la cuisine, je saisis d’un flambeau. Je déboulai dans les escaliers et m’arrêtai net devant la porte semi-ouverte de la pièce principale du sous-sol. La scène qui se présentait à moi était terrifiante. Ma fille, douce Cendrillon, tendre Marianne, hummait joyeusement en coupant des morceaux de corps humain. Il y a avait des étagères remplies de bocaux, des outils couverts de sang, des cadavres suspendus, et une odeur nauséabonde qui provenait d’une grande marmite.

« Juste à temps pour le repas, père, me dit-elle d’un ton amusé, les yeux rivés sur sa préparation.

— Qu’as-tu fait ? demandai-je.

— Ce que tu as toujours rêvé, ce que nous avons toujours rêvé.. Ne serais-tu pas intéressé à évoluer au rang de Duc, père ?

— Aussi vilaine que ta mère, Marianne.

— Marraine est contente que belle-mère et ses deux hideuses filles lui servent de repas. »*

La marraine de sa fille apparut brusquement. C’était une femme d’une forte corpulence, une gloutonne de haut classe parmi les gloutons, qui avait un visage tordu. Des yeux verts qui brillaient dans la nuit, une chevelure grasse attachée en queue de cheval et de grandes oreilles. Elle se mit à dévorer un bras par-ici, une jambe par-là sous mon regard médusé. De dégoût, je me détournai de cette et sommai à ma fille de me suivre.

« La prochaine fois, attendez que je rentre de voyage, ma chère fille !

— Oui, père. »

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