13.

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“Ah…”

Le chevalier soupire, presque agacé. Ses yeux fatigués par le baiser du froid se posent sur vous, dévisagent votre silhouette de pied en cape.

“Je viens simplement vous offrir une issue… pour vous épargner bien des maux… alors pourquoi…”

Sa phrase reste en suspens. Son regard s’égare dans la fureur du blizzard grondant. On n’y voit plus goutte. Uniquement du blanc à perte de vue, vous défiant d’oser en déchirer l’épais manteau. Loin de là votre envie, aussi attendez-vous patiemment que le chevalier ne reprenne la parole. Ce qu’il fait, face à votre refus évident de bouger vos miches.

“Au nord, à plusieurs dizaines de lieues de là, réside la forteresse des glaces, dominant par sa froide présence, toutes les Terres de Lordfeim, sur lesquelles vous vous trouvez. Entre ses murs glaciales, siège sa Reine, assujettissant depuis des siècles les âmes égarées. Celles dignes de son autorité. Même en qualité d’époux, je compte parmi elles.”

Il s’interrompt, comme pour vous défier de lui couper la chique. Devant votre silence patient, quoiqu’incrédule, il reprend après un énième soupir, presque honteux de confier les mots qui suivent :

“J’ai perdu la notion du temps, mais des cycles plus tôt, avant de finir saint en… entre les siens… Je… J’étais membre d’une modeste expédition d’un royaume dont le nom m’est oublié… En chemin, un dragon à crête nous avait pris en chasse, nous forçant à remonter jusqu’ici et…”

Un dragon ? À crête ? Un royaume ? Lordfeim ? Reine des Glaces ? Qu’est-ce que c’est que ce baragouin ?!

Vos pensées s’emmêlent, au point tel, que vous laissez votre roi de pacotille batailler avec ses souvenirs et son obscur récit de virago du picon, pour vous dépatouiller avec cet imbroglio abscons.

Où diable avez-vous mis les pieds ?

Vous aviez embrassé la caresse océane pour les promesses de liberté, de territoires inexplorés, mais…

Les souvenirs du naufrage vous submergent, égarent votre esprit.

De leur voilure polaire, les soleils de minuit enveloppent votre mémoire… refusent de la laisser jaillir…

C’était leur faute. Ils vous avaient conduit ici… Vous…. Seul… Capitaine sans navire… Capitaine… (18)

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