Perdue

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  Y'a pas grand monde. Nada, enfin nadie, me dis-je souriant de moi-même en entrant dans le métro, oh et puis je m'en fiche. Il faut juste que je fasse attention de ne pas encore aller trop loin. Je commence donc à forcer mon esprit de ne pas partir tout de suite je ne sais où. Je descends évidement au bon endroit.

— Ok, ce ne serait pas aujourd'hui que je devrais marcher une heure pour revenir sur le bon chemin, dis-je en souriant, seulement deux minutes.

  En arrivant sur le quai de la ligne 11, je remarque à nouveau qu'il manquait cruellement de monde et blague en me demandant si j'ai raté l'info comme quoi il y allait avoir ici une catastrophe, ou juste la fin du monde. Souriant de ma pensée, je monte dans le métro, remarquant encore une fois qu'il n'y avait personne. Je hausse les épaules, mais légèrement inquiète. Il y en aura sûrement autour de République, je me rassure. Je m'assoie donc, me mettant à l'aise, et commence à lire le livre que j'ai emmené aujourd'hui. Le début était amusant, la suite, une peu moins intéressant, mais ça commence.

  Au bout de quelques pages, arrivant à la fin du chapitre, je pense à lever la tête pour voir la station. On avait dépassé République, et toujours personne en vue. Waouh, il doit y avoir un grand évènement aujourd'hui, mais lequel alors ? Je souris à cette pensée. J'ai dû raté les rares passagers tellement j'étais plongée dans mon livre. Et je replonge aussitôt dans ledit livre, relevant la tête un peu plus souvent pour ne pas manquer ma station.

  Dans la rue, toujours personne. Je fronce les sourcils. Bah, je vais sûrement comprendre en rentrant, ou alors demain. Dylan doit savoir. Il ne sait probablement plus tout, mais une chose qui fait disparaître tout le monde, si. Même avec un programme aussi bien organisé, je n'arrive pas à m'enlever mon inquiétude.

— Foutue paranoïa ! je jure bassement.


  Toc, toc, toc.

  Quelques secondes passèrent, et toujours pas de réponse. Je re-toque trois fois et appuie sur la sonnerie deux fois pour m'assurer qu'on va m'entendre. 

— Papa ne dort pas encore, enfin déjà, si ? En plus je n'ai pas mes clefs bordel ! Enfin fichtre.

Je tape le sol du pied, mais pas trop fort, même si j'ai tout de même peur que quelqu'un vienne me gronder.

  Je tente de l'appeler, mais rien. Je décide d'attendre. Ma mère devrait rentrer un peu plus tard, mais tant pis. Par contre, avant, je devrais ou pas aller dans une bibliothèque ? Ce serait aussi plus pratique pour les toilettes. Hésitante, je renonce finalement. Il y avait toujours la possibilité que mon père était sorti faire des courses et dans ce cas il ne devrait plus tarder.


  Je suis maintenant dans le Franprix pas loin, mangeant un sandwich, me demandant si je devrais laisser de l'argent ou pas. Il faut avouer que je suis assez avare, même si j'ai un peu honte, je le suis.

  Comme il n'arrivait personne, j'étais allée à la bibliothèque, aucun voisin ne répondait et au bout de deux essais, j'avais trop peur de continuer. Je fus très surprise de ne voir personne, même pas une bibliothécaire ! Je ne tardai pas à quitter, car ça commençait à m'inquiéter, et en plus je sentais une étrange envie de lire des histoires d'horreur, ce qui n'était pas une très bonne idée dans le contexte, plus tard peut-être. Je rentrai à nouveau, mais toujours personne. Je me rendis plus tard au Mcdo, la bibliothèque devrait être fermée, si quelqu'un était revenu...

  A 19h30, je rentrai encore.

— Là, c'est bon, ils devraient être rentrés, me disais-je souvent, en plus, je devrais sûrement me faire gronder parce que j'errais dehors. Foutu vie !

  Or personne. J'avais pourtant refoulé ma peur pour frapper très fort, voir crier, à la porte, ou à la fenêtre, dehors. J'ai aussi retenté quelques portes voisines, même si le fait que personne a réagit à mes cris m'avait surprise. Toujours personne, même si je n'avais pas encore tenté toutes les portes.

  Une demi-heure plus tard, je pris courage pour le faire. Allant même à tenter d'ouvrir toutes les portes. Malheureusement, la chance n'était pas avec moi.

  Je retournai au Mcdo pour aller au WC avant de rentrer à nouveau. A ce stade là, je paniquai. Et avec mon imagination, je m'imaginai tout et rien. Surtout tout et des histoires parfois farfelus, peut-être pour rire de la situation et me calmer ? Possible.

  A 21h, étant temps de manger, je me rendis au Franprix.

  Maintenant, je songe à retourner voir à la bibliothèque. Si, comme je le pensais, tout le monde était parti soudainement, et tête en l'air comme je suis, j'ai du raté le signal, elle devrait être encore ouverte. Pour mon scénario ou dieu seul sait quoi quoi d'autres. Extraterrestres, passage dans une autre dimension, personne ne pouvait me donner de réponse. No panique ma chère, keep calm. D'abord on va voir, et si elle est fermée. Dans le pire des cas, tout le monde serait juste devenu des fantômes qui te fuient. Je fais un sourire un peu crispé.


  C'est ouvert. Keep calm, il doit y avoir une explication plus logique que les fantômes. Même en étant très plonger dans un livre, tu ne peux pas avoir raté une alerte, si ? Bien sûr que non ! Je crois... Je secouais ma tête, il fallait que je me reprenne, il devrait y avoir une explication logique, seul l'être humain est illogique, ou même pas. La question, c'est qu'est-ce que je vais faire, j'en ai marre de trimballer mon sac, il est lourd mais je n'ose pas l'abandonner. Je décide de fixer l'endroit où je vais dormir, ensuite, je vais en cours demain, et ensuite je m'inquiète. Ouais.


  Il est 10h et pas une ombre, même si on n'est pas censé voir les fantômes. Angoissée, je mange doucement un sandwich que j'avais pris. Me tiraillant la tête avec LA question qui me trotte dans l'esprit : s'il n'y a personne, qui conduit les métros, ils ne sont pas encore tous automatiques, si ? Et en plus il commence à pleuvoir. Foutu journée !

 Dylan ! Tu aurais au moins pu m'expliquer ce qui se passe avant de disparaître, non ? C'était trop dur ? je demande à haute voix malgré ma peur que quelqu'un m'entende.

  Je savais pertinemment que s'il était là, l'histoire ne serait plus là même, mais ça m'amuse de le dire et le répéter.

  13h.

 Moi qui m'inquiétais pour mes affaires... je me dis soupirant.

  Grignotant mon dernier petit bout de sandwich, je tournais en rond devant mon lycée, me demandant si je ne connaissais pas un endroit où trouver de la nourriture, mais de préférence une explication. Dans les journaux peut-être, mais où en trouver ? Et puis, aurais-je assez de courage et serais assez concentrée pour les lire ?


  Je suis allongée dans un canapé, enroulée dans une couverture, dans un magasin près de chez moi. J'ai toujours mon sac, même si j'ai glissé le plus d'affaires possibles sous ma porte tout en me laissant la possibilité de les reprendre, on ne sait jamais.

  Le lycée ne donnait aucun signe de vie, humain ou pas, comme tout cette partie de la ville ou moins, ou ceux que j'ai vu. Il y avait bien un tribunal je crois à côté, mais je n'osai pas y entrer. Je suis ensuite partie à la recherche de nourritures avant de rentrer. Je me demande d'ailleurs toujours pourquoi les métros marchent, mais je ne vais sûrement pas aller chercher à comprendre. Plus tard peut-être.

  Ensuite, je me suis débarrassée de cette tonne de choses dans mon sac pour pouvoir prendre des choses plus utiles : nourritures et lampe. J'hésite pour les armes, par exemple un couteau de cuisine, ce qui ne devrait pas être trop compliqué à trouver. Est-ce vraiment utiles, ou alors je suis trop parano ? Je risquerais aussi de me blesser non ? Et puis je commence à me demander ce que je peux bien faire. J'ai appelé tous les gens que je connaissais et de qui j'avais un numéro, mais personne. Sur internet, dans les réseaux sociaux, il n'y avait plus de... nouveau truc on va dire depuis avant-hier à 16h13. Je pourrais bien lire des livres jusqu'à n'en plus pouvoir, ou encore aller dans un magasin de jeux vidéos pour m'amuser avec les nouvelles consoles, ou encore explorer les métros, mais bon... Ça me semble soit superficiel, soit dangereux. Il y avait aussi mes affaires. Qu'est-ce que je pourrais bien emmener avec moi ? Bon, je vais à Auchan et je devrais bien pouvoir trouver tout ce dont j'ai besoin. A peu près.

 Mouais, je reste encore un peu dans ce petit coin de paradis, je parle de la couverture hein ? Je préfère largement un lit à un canapé, ensuite, tout de suite après ou maxi après midi, j'y vais. Ouais, c'est ça.

  Penser à haute voix me fait du bien...


  Mes yeux brillent d'excitation. Du moins, dans mon esprit. Tous ces jeux, et puis il y a aussi les livres là-haut, et puis tout le reste, tout à moi.

 Finalement, ça pourrait être super, pourrait... Lol. Je pourrais presque me croire roi du monde ! Enfin reine, mais ça sonne moins bien. MDR ! je dis sarcastique.

  Suis-je folle ? Pas à cause du fait de croire qu'avoir un magasin Auchan est équivalent à être le roi, enfin la reine... Bref, ni que je me moque de moi, mais en général, maintenant.


  Je m'ennuie... Certes, chaque jeu me permettait de m'occuper pendant de bonnes petites heures, et puis ce n'est pas ce qui manque, en plus j'arrive à oublier tout ça, mais maintenant ça ne marche plus ! Même lire des livres n'aident plus maintenant. Sérieusement, je ne peux pas passer mes journées à faire ça, si ? C'est encore pire que quand j'ai du faire l'exposé sur cet auteur incompréhensible ! Là, je n'ai vraiment plus le coeur à faire quoi que ce soit. C'est juste que ça semble juste tellement... Irresponsable ? Superficiel ? Inutile ? Même écrire je sens que je ne vais pas y arriver.

 Il faut que je fasse quelque chose, je dis, mais quoi ? Ciel, ou je-ne-sais-qui, faites que c'est un rêve hyper long et bizarre. Un cauchemar plutôt. Sauf que quand je rêve je ne me dis jamais que je rêve donc je ne rêve sûrement pas.

Et puis, j'ai tenté d'imaginer, de me convaincre que je peux voler, mais pas dans le sens illégal, ça n'a pas marché. Dommage au passage...


  Ce qu'il fait sombre là dedans ! Deux appareils photos et deux lampe de poche plus une tonne de piles pourraient-ils suffire pour que j'arrive à la prochaine station ? À moins que je meurs écrasée...

  Voulant faire quelque chose de vraiment intéressant, j'ai décidée d'explorer le métro. Manque d'inspiration. Et puis, autant avoir peur pour quelque chose, parce que s'inquiéter toute seule au point de ne plus avoir envie de manger de chocolat, ça craint. Au moins là, j'ai moins peur que ce que je craignais. Après tout, il suffit de suivre les lumières et le mur, je pense. D'ailleurs, où est-ce qu'il y a une entrée de cata... Ok, on pensera à la prochaine aventure quand on aura fini celle-là.

  Il existe un guide de comment de pas finir folle quand on se retrouve seule au monde ou toujours seule mais dans une ville fantôme ? Car fantôme ou pas, il n'y a là pas vraiment de différence...

  J'expire un grand coup, ou plusieurs tant qu'on y est, pensant une énième fois que mes frères me manquant tellement que c'est le plus chelou, avant de sursauter en entendant le métro. Au moins, si je suis bien le mur, je sais que je ne mourrais pas écrasée, je pense sarcastique. Je commence à avancer en me forçant à ne pas laisser mon esprit divaguer. A chaque passage de métro, je murmure frustrée « Foutu métro ! » et d'un côté, ça me calme, alors je continue sur cette voie en pensant que c'est encore pire que la sonnerie du lycée.

  J'avance doucement.

 Est-ce que je devrais m'inquiéter de ne pas voir un jour le bout de ce tunnel ? Ouais, penser à haute voix, c'est mieux. D'ailleurs, la prochaine fois, je vais plutôt faire du vélo ou tenter le skate, et dans un endroit normal d'abord.

  Souriant à cette conclusion, je continue d'avancer.


¤ ¤ ¤ ¤ ¤


  Le noir. Qu'est-ce qui se passe ? 

  Une voix, mélodieuse, mais sérieuse. Je ne comprends pas ce qu'elle dit, mais en même temps j'ai l'impression qu'au fond, si. Instinctif ?

  Le néant...

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