Prologue

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Une silhouette s'avançait, seule, sous l'orage qui durait depuis déjà quelques heures.

Régulièrement, la personne glissait sur une pierre humide ou trébuchait à cause de la boue. Pourtant, elle continuait d'avancer, malgré la pluie battante, le froid, les grondements de tonnerre, la nuit qui était tombée depuis longtemps et de la faim.

Alors que la silhouette progressait difficilement dans la forêt, elle en distingua soudain une étrange ombre, éclairée par la lumière d'un éclair qui avait fendu le ciel. Un grand bâtiment était visible au loin.

À sa vue, l'inconnue reprit confiance et courut vers l'endroit, espérant pouvoir s'y abriter le temps que l'orage cesse et se reposer un peu.

Arrivée à la porte d'entrée, la personne réussit à l'ouvrir sans trop de difficultés.

Elle put constater que malgré le manque de luminosité, le bâtiment n'avait pas dû être habité depuis un long moment. Elle pouvait distinguer une épaisse couche de poussière sur les meubles et le sol, mais aucune trace d'humidité ou de désordre.

— Il y a quelqu'un ?

Seul le silence répondit à la silhouette frissonnante qui, après plusieurs minutes d'attente et d'hésitation, essuya finalement ses chaussures boueuses sur le tapis du perron et s'avança à pas de souris dans le couloir sombre en face d'elle, éclairé de temps à autre par un éclair.

Elle trouva ce qui s'apparentait à des chambres, une bibliothèque, une salle de bain, un salon et une cuisine, tout aussi poussiéreux que l'entrée. Même en fouillant dans les placards, la silhouette ne décela pas un quignon de pain ou de l'eau  qui auraient étanché un peu sa faim et sa soif.

La dernière pièce du couloir n'en était pas une : il s'agissait d'une penderie à côté d'un escalier qui menait aux deux étages supérieurs. La personne se fit d'ailleurs la réflexion qu'en dépit de la poussière, les quelques affaires qui s'y trouvaient étaient encore en excellent état.

À l'étage supérieur, le même schéma qu'au rez-de-chaussée aurait pu se reproduire si l'une des embrasures de porte n'était pas illuminée par une faible lueur.

La silhouette s'en approcha avec prudence et ouvrit la porte, se préparant à reculer au besoin.

Personne ne se trouvait dans la pièce. Cependant, un petit feu brûlait dans l'âtre de la cheminée qui se trouvait dans un coin. En temps normal, l'inconnue se serait inquiétée, rien n'indiquait qu'un être vivant était venu dans ces lieux depuis longtemps, le feu aurait dû être consumé bien avant son arrivée dans le bâtiment.

La silhouette se sentit pourtant irrémédiablement attirée par ce feu étrange, et, sans se poser davantage de questions et en remettant à plus tard la visite du reste de l'étage, elle se plaça devant la cheminée et s'allongea en face du foyer, assez loin pour ne pas risquer d'être brûlée par des braises et assez près pour en sentir leur chaleur. Quelques instants plus tard, elle dormait paisiblement.

À plusieurs lieux de là, un groupe se dirigeait à son tour vers ce même bâtiment où s'était endormie une personne inconnue.

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