Chapitre 3 - Margot

2 minutes de lecture

La tueuse de masse avait diffusé son manifeste en ligne peu de temps avant de s’introduire dans nos bureaux. C’était un charabia indigeste sur les dangers de la big tech, sur l’impact des data center sur le réchauffement climatique et sur l'avenir de la planète. Il y avait une longue tirade sur les dangers de l’IA. Rien de franchement brillant.

Margot avait vingt-trois ans. Elle venait de terminer ses études en études de genre sans trouver d’emploi. Eco anxieuse en général, c’est la mort de son père qui avait provoqué la spirale infernale. Elle s’était finalement réfugiée sur 4chan et les subreddits extrémistes. Aujourd’hui elle avait décidé de passer à l’acte. Elle avait réussi à s’introduire dans la tour de bureaux en prétextant une invitation à un entretien d’embauche. Une fois dans l’ascenseur elle s’était arrêtée à un étage au hasard, s’était dirigée dans les toilettes pour se changer et sortir son fusil d’assaut avant d'abattre trois employés qui n’avaient rien demandé. J’aurais pu être le quatrième.

Je lis tout ceci depuis mon téléphone dans le train en rentrant chez moi. Les journaux ont eu très vite accès au manifeste. Le robot tueur n’était mentionné nulle part. Après l’incident, j’ai demandé à partir plus tôt. La police m’a convoqué demain, la boîte ne veut pas que j’y aille seul, un avocat fera le boulot à ma place. Le métro est dégueulasse. Il pue le clodo, cette odeur de bière, de pisse et de serviette mal séchée. Il y a un homme nu, emmitouflé dans une couverture qui beugle que Jésus l’a sauvé et qui me supplie de me repentir. Jésus sauve, les monstres existent, je ne sais plus quoi penser. Je pense à Margot, elle a eu un courage que je n’aurai jamais. Elle ne s’était pas pissée dessus en mourant, elle. Je pense à Chris et au CLOUDSCHED.

Le train quitte doucement la ville. Mon arrêt se trouve à une trentaine de minutes du centre. Le train s’arrête, je me lève et patiente devant les vieilles portes coulissantes qui mettent du temps à s’ouvrir et je descends. La station est baignée de lumière, je monte doucement les escaliers en béton quand j’aperçois la petite main qui dépasse des grilles. Je souris, il dit:

– Papa! Des trains!

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Alsid Murphy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0