Moi, mon amie imaginaire elle s'appellait Viriginia. Elle était toujours très terre à terre, morne, fatiguée, lassée, ennuyée mais quand on creusait un peu, on trouvait une personne extraordinaire. Avec elle, on avait toujours des sujets de discussions très interressants, de la simple analyse littéraire, à la question de philosophie. Virginia avait aussi des petites manies, des petites habitudes qui m'ont toujours fait rire. Par exemple, lorsqu'elle expliquait quelque chose, elle haussait un peu les épaules, avait du mal à trouver ses mots, écarquillait les yeux et souriait légèrement, mais surtout elle parlait énormément avec les mains. Ces dernières étaient toujours dans des positions très toniques qu'elle ne relâchait que lorsqu'elle en avait besoin pour faire autre chose ou après quelque secondes. Il y avait aussi sa démarche, c'était la démarche la plus "flemme" du monde. En fait, Virginia avait un déhanché assez marqué, mais, ce n'était pas du tout volontaire. Elle avait juste naturellement le bassin en extraversion et les épaules en introversion, ce qui faisait que ses hanches n'étaient pas assez hautes pour pouvoir tendre ses deux jambes sur le même alignement.

Ça fait longtemps que Virginia est partie et pourtant je me rappelle de son apparence mieux que de celles de mes propres enfants. Je me rappelle même de l'emplacement de ses grains de beauté : elle en avait un sur la cheville droite, un en - dessous de l'œil gauche, et un autre au dessus du sourcil gauche, elle en avait aussi un en au du sternum, au départ de la clavicule droite.

Elle était si belle, si je l'avais pu, je crois que je me serais mariée avec elle. Je l'aime encore beaucoup d'ailleurs, mais avec le recul de mon grand âge (31 ans), je me suis rendue compte que ma douce Virginia n'était qu'un rêve d'enfance disparu, impossible à raviver.