Le jour où la mort viendra

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Elle adopta une démarche ondulante et sexy qui convenait bien au lieu, pensait-elle. Elle fit le tour de la piscine, tout en observant quelles échappatoires elle pourrait trouver. Dans sa tête, le mot "fuir" tournait en boucle. Gabriel était allongé sur un transat, le bras sur les yeux, profitant du calme environnant.

En effet, on n'apercevait aucune maison à plus de cinq cents mètres alentours, le parc arboré qui cernait la maison masquait les environs. Nulle âme à l'horizon. Son seul espoir résidait dans son portable. Il fallait qu'elle s'éloigne. Mais qui appeler ? La situation était pathétique. Personne ne savait où elle était. Ses parents habitaient Roubaix, sa soeur était au Brésil. Elle ne pouvait compter que sur elle-même.

Heureusement, le téléphone de Gabriel sonna. Elle entendit nettement la conversation. Il s'agissait de visiter un nouveau bien à la vente, le genre qui ne souffrait aucun délai, au risque de se le faire voler dans l'heure par une autre agence. Elle respira.

Il lui demanda de récupérer ses affaires en vitesse et surtout de ne rien laisser lui appartenant. Une fois lui avait suffi.

Elle courut jusqu'à la salle de bain, soulagée que cette journée affreuse se termine sous des auspices favorables.

La porte claqua avec un bruit sourd. Bizarre. Elle rassembla sa trousse de maquillage, ses habits et sa veste, puis appuya sur la poignée. Celle-ci ne bougea pas. Elle secoua plusieurs fois la poignée, de haut en bas, de bas en haut. Rien. La porte ne s'ouvrait pas.

Elle cria :

  • Gabriel, je suis enfermée dans la salle de bain.

Quelques minutes plus tard :

  • Gabriel, la poignée est cassée. Impossible d'ouvrir la porte !

Puis :

  • Gabriel, viens me chercher, je ne peux pas sortir. Gabriel, fais quelque chose.

Elle essaya de foncer sur la porte pour la faire bouger. Mais celle-ci était très lourde.

Le silence était pesant. Aucun signe de Gabriel. Plus un seul bruit ne lui parvenait.

Elle se mit à sangloter, son Rimmel s'insinuait dans le creux de ses joues telle une rivière. Elle reniflait. La morve coulait de son nez. Elle envoya valser son maquillage contre la vitre. Elle n'était munie d'aucune poignée. Elle ne pouvait pas demander de l'aide à l'extérieur. Elle regarda à nouveau les inscriptions qu'avait laissées une autre fille comme elle, naïve, seule, pleine d'espoir d'une vie meilleure.

Elle était foutue. Elle avait cru à l'amour, à la vie, au tournis que donnaient les soirées où tout n'était qu'apparence. Elle se retrouvait totalement isolée dans une maison de rêve, abandonnée par un dangereux obsédé. (Son Gabriel ? Elle n'arrivait pas à le croire !)

Aucun réseau. Plus de batterie. Pas d'eau, pas de nourriture. Elle allait crever là. L'architecte de la maison avait tout prévu pour garantir la quiétude des lieux.

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