Chapitre 11: Le conomang

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Aujourd’hui, nous sommes samedi, donc je peux me réveiller plus tard. Je m’enfouis sous la couette. J’ai envie de ne penser à rien. Je ressens de la rage à ne pas pouvoir utiliser mon élément, de la rage contre Jim, contre ce monde aussi. Chino Hills me manque. La banalité de ma vie me manque. J’appelle mes parents et Ben assez souvent. Entendre sa voix m’apaise et me force à me rappeler qu’il est vivant et qu’il va bien. Nous nous levons et nous allons déjeuner. Je n’ai pas pris la peine de me coiffer. Si je dois vivre ici, autant que tout le monde voit ma mine du matin. Je suis rassurée que c’est samedi et que j’ai de la marge pour la « pause » temporaire de mon pouvoir. Ralph, le messager de Georgia s’assoit à coté de Jenny.

– Salut les filles, vous allez faire quoi aujourd’hui ?

– Salut, contente de te voir, dit Georgia avec un sourire.

– On n’a rien de prévu je crois. C’est notre premier week-end à Ocmundi non ? demande Jess.

– Ouais c’est ça. On ne connait pas trop la vie nocturne d’Occidens. Tu pourrais nous aider peut-être ? Demande de manière innocente Georgia.

Je retiens un sourire.

– L’Ecole organise des évènements ? je demande.

– Parfois mais rarement. Pour tout ce qui est fêtes ou pour sortir, on compte sur Occidens. Je connais quelques bars cools, répond Ralph.

Jenny hoche la tête appréciative. Je me concentre sur mon yahourt et fruits rouges et ignore Scott. Je l’aperçois furtivement. Il s’assoit au fond de la cantine, Jim à côté. Ils sont toujours ensemble. Je ne regarde même pas dans leur direction. J’ai besoin de temps pour moi. J’ai envie de me dédier plus à Elementa et Occidens.

– Je vous conseille d’aller au Conomang, dit Ralph.

Je me tourne vers lui, curieuse.

– C’est quoi ?

– C’est une sorte d’accrobranche ma­gique. Un jeu crée pour les gauchers élémentaires. Les nouveaux y vont souvent. Ça permet d’utiliser ses pouvoirs, s’amuser et de se connaitre.

– Pourquoi pas ? considère Jess.

Georgia approuve d’un mouvement de tête. Je m’y joins aussi. Je ferai abstraction de mes pouvoirs et puis voilà. Aussitôt dit, aussitôt fait. […]

Le conomang se trouve dans les périphéries d’Occidens. Les environs sont très calmes et peuplés de maison-arbres. Toutes ont des traits différents: certaines sont simples en bois, d’autres sont en pierre avec une structure plus complexe. L’odeur omniprésente d’humidité, terre et de mousse m’enveloppe. Je commence à m’habituer à cette odeur. C’est un effluve très caractéristique d’Ocmundi. Un chemin nous mène à un parc énorme. Les arbres sont reliés par des lianes, des cordes, des ponts, passerelles. Les attractions s’élèvent jusqu’à la cime des arbres, autrement dit, une trentaine de mètres. Mes yeux s’écarquillent. Il y a de tout. Des jaillissements de boules de feu, de tourbillon d’eau, de tornade, de terre mouvante, d’échelles en feu. Pleins de choses conçues pour les gauchers élémentaires. Absolument fantastique. Je fus parcourue d’un frisson d’excitation. J’espère seulement que je vais pouvoir me défendre sans mes pouvoirs. Nous prenons des tickets et deux moniteurs nous expliquent les bases. Un homme de la trentaine aux bras musclés et une fille, habillés hippie.

– Bonjour à toutes. Je vous présente le conomang. Le mot vient de conopeum qui veut dire accrobranche en latin et magicae qui veut dire magique en latin, la fille explique.

– La structure est composée de plusieurs niveaux. Plus forts vous êtes, plus haut vous allez. Le premier niveau commence à deux mètres, dit le gars.

– Le dernier à environ… trente mètres, affirme la monitrice.

– Trente mètres ?! Répète Jenny, incrédule. Jess pouffe de rire. En réponse, Jenny lui lance un regard noir.

– Oui, nos arbres sont très grands. Nous avons dix niveaux. On en ajoute parfois. Aujourd’hui je vous confirme dix. Bref, vous pouvez monter les niveaux comme cela vous plaise. Le seul bémol, c’est que vous montez sur les arbres toutes seules.

Maintenant c’est à mon tour de restée hébétée. Comment peut-on monter à trente mètres ?

– Vous voulez dire que nous n’avons pas de baudrier ? Qu’est-ce qui se passe si on tombe ? demande Georgia les bras croisés.

– Une aura protectrice entoure le conomang ce qui fait que si vous tombez, vous rebondissez sur elle et revenez à votre endroit, dit la fille. Stupéfiant.

– Vous avez compris ? s’assure le gars. (On approuve.) Alors on y va. Ils nous emmènent vers un petit bois qui ne fait pas partie du parc. Ces arbres sont à côté d’un bâtiment administratif je pense.

– Avant de commencer, vous devez vous échauffer et grimper. Ou apprendre à grimper, signale le monsieur. Georgia est la seule qui sait grimper, elle mentionne avoir fait trois années d’escalade. Nous choisissons chacune un arbre et commençons. Je me penche vers Jess.

– Est-ce que tu peux assurer mes arrières après ? je chuchote.

– Bien sûr, j’y comptais avant que tu me le demandes. Elle me fait un clin d’œil et s’élance, son épaisse queue de cheval ondulante.

Je repère une branche assez dure et me hisse avec les jambes et les bras. Je m’appuie sur le tronc et continue. J’entends les voix des moniteurs vociférant des instructions. La prochaine branche est un peu haute, si bien que je dois me hisser avec les bras. Mon pied droit tremble. C’est plus dur que ce que j’imaginais. Je continue ma progression et respire fort. Après quelques minutes, je réalise que je suis à trois mètres. Jenny galère un peu, Georgia est au même niveau que moi et Jess presque. Le moniteur gueule que nous pouvons commencer. Je descends, attend les filles et monte au premier niveau. Je considère un accrobranche banal déjà un défi mais celui-ci est une épreuve. Il faut monter une échelle enflammée (Jenny et moi ne sentons aucune gêne, contrairement à Jess et Georgia qui crient), atteindre des cibles, ramper à travers un tunnel de lianes, marcher sus des planches en bois, un vent hurlant à mes oreilles, et j’en passe. Les filles m’aident lorsqu’il faut utiliser son pouvoir et je m’amuse comme une folle. Je tombe plus qu’une fois et l’adrénaline me submerge. La première que fois que je tombai, un cri logé dans ma gorge, je vis défiler les troncs à mes côtés puis ma chute s’arrêta brusquement. J’en eu le souffle coupé. Le conomang est vraiment une invention conçue directement pour les gauchers élémentaires. Ça me fait du bien. Nous arrêtons au bout de trois heures, les bras et jambes en compote. Je passe un bras sur les épaules de Jess. Nous rentrons à Elementa épuisées mais heureuses.

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