Chapitre 15

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Aujourd’hui est le pire jour pour avoir rêvé mon rêve cauchemardesque. Je me réveille en sursaut, les cheveux collés à mes tempes et le cœur battant. Je peine à respirer. Jenny est encore endormie. Il doit être six heures du matin. Je me lève discrètement et vais à la salle de bain. Le miroir me renvoie mon reflet. Mes joues sont rouges. J’ouvre ma main gauche et laisse sortir une petite flamme. J’ai besoin de laisser sortir mon pouvoir. Des nausées se font sentir. Je me précipite et soulève la cuvette juste à temps pour vomir. Je m’essuie la bouche, la main tremblante. Cette nuit, le rêve fut particulièrement intense. J’ai ressenti tout puissance mille. J’en ai marre. Je ne peux pas continuer ainsi, c’est un vrai problème. Je devrais en parler à quelqu’un mais à qui ? Jim ? Je soupire et rejoins ma chambre. Ma deuxième transformation tant redoutée va enfin prendre place. Aujourd’hui je vais découvrir ce que c’est d’être métamorphe. Quel bon début, pensai-je avec ironie.

[…]

Je mange un maigre petit-déjeuner. Jim me surprend agréablement en posant son plateau à côté du mien. Il salue les filles et passe un bras autour de mes épaules. Je me laisse aller contre lui. Honnêtement j’ai besoin de réconfort.

– Tout va bien ? Tu as à peine mangé ? demande Jim après m’avoir observé.

– Je n’ai pas faim. Je suis un peu angoissée.

– Ne lui dis pas qu’elle a mauvaise mine, plaisante Georgia.

– Je n’oserai pas, répond Jim.

Jessica éclate de rire et son commentaire m’arrache aussi un petit rire.

– Aujourd’hui tu peux me le dire. Je ne le prendrai pas à mal, je dis.

Je me suis levée à sept heures avec un teint pâle et des cernes.

– La transformation en Aneique n’est pas si affreuse que ça. Madame Owen exagère. Tout va bien se passer, il tente de me rassurer.

– J’espère. J’ai eu un mauvais rêve aussi, je dis d’une petite voix.

Il hausse un sourcil interrogateur.

– Je vais m’y remettre.

Nous rejoignons rapidement nos cours respectifs après la sonnerie. Jim me souhaite bon courage pour la journée et s’apprête à partir. J’empoigne son pull et je l’embrasse sur la joue avant de le lâcher. Son regard glisse sur moi avec envie. Je secoue la tête avec un demi-sourire et il s’en va, reluctant. J’ai envie de passer plus de temps avec lui mais être en sa présence, pouvoir le voir ou le toucher est déjà ravissant. Mes nerfs reprennent de plus belle lorsque je m’assois en salle de théorie du cours de magie. Pourquoi on ne peut pas avoir cours de téléportation à première heure ? C’est une torture lente et silencieuse. Cholea est très élégante aujourd’hui. Elle porte une robe portefeuille vert émeraude qui épouse ses formes et ses cheveux noirs sont recueillis en un chignon strict. Elle nous donne une feuille avec tous les sortilèges d’attaques et de défense que nous apprendrons cette année. Je lis les divers noms. C’est impressionnant. Nous avons appris notre premier sortilège la semaine dernière. Pour les Fuocans, c’est la boule de feu. Je me suis bien amusée en l’apprenant. Elle nous explique la séance : nouveau sortilège de défense, un bouclier puis nous passerons à des duels. Notés. Ma première note qui excède mes capacités intellectuelles et va bien au-delà d’une simple révision. Pour l’instant les exercices sont entre éléments similaires mais bientôt nous affronterons quelqu’un d’un élément différent. Je tresse ma queue de cheval et vais à la salle de pratique. Je puise en mon intérieur et chuchote l’incantation. Je réussis à faire sortir mon bouclier trois essais après. Mon bras gauche est replié, ferme et le bouclier apparait. Il est rouge foncé. Walter est assigné avec Jenny en duel ce qui me soulage. Il m’a fait peur avec son commentaire. Les paroles d’Emurio me reviennent : tu ne vas pas forcément perdre la raison. Je commence le duel avec une fille et nous adoptons un bon rythme entre attaque et défense. Je laisse mon pouvoir sortir et ressens de la satisfaction avec chaque coup. Je sens qu’on est trop respectueuses. Le duel a pour but qu’un des deux adversaires blesse l’autre. J’entends un cri de douleur à ma droite et vois avec horreur que Walter a touché Jenny. Son bras droit s’enflamme. Elle se dirige en courant vers le fond de la salle où un sceau d’eau froide et des onguents sont disposés. Ma coéquipière me retient du bras.

– La prof nous regarde. C’est noté je te rappelle.

– Désolée. On reprend ?

Nous continuons le duel. Je réussis à la faire céder une fois et ça me suffit. Cholea siffle et nous devons changer de partenaire. Je grince des dents en voyant Walter devant moi.

– Tu étais obligé de faire du mal à Jenny ? je demande malgré moi.

– C’est un duel. Il y a toujours un gagnant et un perdant non ? Elle s’en remettra.

Il hausse les épaules. Il est tellement nonchalant que j’ai envie de le secouer ou de le gifler. Il a recueilli ses mèches longues de devant en une petite couette. Je lui lance un regard noir.

– Tu es encore énervée contre moi ? Je ne t’ai rien fait.

– Ton attitude m’agace.

Ses yeux verts brillent et il marche jusqu’à n’être qu’à quelques centimètres de moi. Sa proximité me déstabilise mais je tiens ma place.

– Je suis désolé pour t’avoir dit… pour t’avoir lâché ce commentaire comme ça. Ce n’était pas ma place. Trêve ?

Je lis de la sincérité dans ses yeux. Je parcours son visage et me fige momentanément sur ses lèvres. Il irradie d’une beauté froide. Je serre sa main levée. Il reprend sa position. Le duel avec Walter est très différent. Il ne se retient pas et je pare ses attaques avec toute mon énergie. Je dois avouer qu’il est doué mais il est né ici, a vu ses parents utiliser leurs pouvoirs, c’est surement un grand avantage non ? Il me touche et je glisse par la force du coup. Je tiens mon bras en grinçant des dents puis attaque. J’ai envie de le voir céder. Je me délecte en sentant le feu sortir de mes paumes et j’attaque son bouclier avec force. Je m’approche d’un pas. Mes yeux se ferment, la chaleur cuisante prend tout son sens et je pousse dans mes retranchements. Je rouvre les yeux et constate avec satisfaction que je l’ai touché. Il est tombé sur ses arrières. Le tissu autour de son épaule est déchiré laissant entrevoir une peau boursouflée. Il m’adresse un hochement de tête appréciateur puis va au sceau d’eau sans autre émotion. L’air de la salle de pratique sent à un mélange de cramé, d’humidité, de terre et de sueur. Je retrousse mon nez. J’admire les sortilèges des autres éléments. Georgia croise mon regard et je lève mon pouce. Cholea nous félicite pour notre travail et progrès puis nous retournons en salle de théorie. Le déjeuner arrive rapidement et cette fois-ci je meurs de faim. J’amasse tout ce qui est offert sur mon plateau. Je dois avoir de l’énergie si je veux survivre à ma deuxième transformation. Jim m’a envoyé des messages mi taquins mi rassurants toute la matinée. Je rougis à la vue de son prénom sur mon écran puis range mon portable.

– Comment a été votre transformation ? demande Jess. Je suis curieuse.

– Il y a eu un petit tremblement de terre dans mon Locuscon.

– Comment ça ? je demande.

– Le sol bougeait, tout est tombé. Un trou s’est formé et de là est sortie une branche qui m’a entouré. C’était magique. Je n’ai presque pas ressenti de douleur.

Je hoquète de surprise tandis que Jess lui lance un regard d’envie.

– La chance. Moi j’avais l’impression de me noyer. J’étais couchée par terre mais partout il y avait de l’eau, jusque dans mes poumons, dit Jessica.

– Quelle douleur, dit Jenny, horrifiée.

– Pour moi, j’ai ressenti comme si je brulais vive. Ça a été extrêmement douloureux, je dis.

– Pareil, assenti Jenny.

On conclut vite que les chanceux en fait sont les Terrans. Je repense à la statue de Gaia. La déesse semble indéniablement liée à la terre. C’est son élément primaire. Pourtant pourquoi sont-ils considérés moins compétents dans la société ? J’aimerais en savoir plus sur Gregorio Rolz et son mouvement. Va-t-il augmenter ?

[…]

L’heure de se retrouver au terrain avec Madame Owen arrive. Je me tortille nerveusement et constate avec un peu de soulagement que je ne suis pas la seule stressée. Nous avons tous troqué l’uniforme par une tenue de sport confortable et pratique. Owen ouvre un portail comme la dernière fois. Je presse une main à ma bouche, un peu nauséeuse. Nous nous retrouvons à nouveau à North dans l’air froid et sec et devant la villa de l’autre fois. Je suis tombée amoureuse de son architecture. Madame Owen atteint le tableau et pose ses affaires.

– Bonjour à tous. J’espère que vous êtes prêts pour votre transformation. Tout va bien se passer, ne vous inquiétez pas. On va procéder de la manière suivante. Les Acquas seront les premiers, suivis des Arias, Fuocans et enfin les Terrans. Je vous appellerai par ordre alphabétique. En attendant, je vous laisser faire une étude de cas sur notre région North. Si vous finissez avant vous pouvez continuer avec l’activité sur les portails. Est-ce compris ?

Sa voix porte loin dans la salle et nous acquiesçons. Les Acquas se lèvent tour à tour avec des regards incertains, d’autres apeurés. Georgia brandit son poing quand vient le tour de Jess. Je lui serre la main avant qu’elle parte. La classe commence à bavarder. J’ouvre mon manuel et commence l’activité. J’ai besoin d’être occupée et ne pas penser que je vais me transformer en phénix d’ici peu.

– Est-ce que je peux m’asseoir ? J’ai oublié mon manuel. La voix grave de Walter me fait sursauter.

– Oui. Tu me déçois un peu. Je pensais que tu n’avais pas le droit à l’erreur, je dis.

Il rigole.

– C’est l’image que je renvoie ?

– Un peu oui. Un mec sérieux. Intello aussi.

– J’aime apprendre. Un problème avec ça ?

Son ton est léger.

– Non, pas du tout, je réponds avec un sourire.

Il s’apprête à dire quelque chose mais je penche sur mon cahier. C’est la première fois que je l’ai entendu rire et adopter un ton blagueur. Avec moi. D’habitude je n’ai pas beaucoup de difficultés à faire confiance mais je ne ressens pas la même chose ici à Ocmundi. Il y a plus d’enjeux, plus de risques. Je ne suis pas pessimiste mais je ne suis pas naïve non plus. Ici, les êtres humains ont des pouvoirs et sont métamorphes, cela peut aller bien plus loin que des simples crimes par exemple. Georgia et Jenny me demandent parfois des questions sur les activités. Je suis dans ma bulle lorsque les Acquas reviennent. C’est incroyable que je n’aie rien entendu. Pas un rugissement, rien. Ils ont l’air moitié ébahis, moitié heureux. Jessica se penche brièvement vers nous et nous dis que c’était merveilleux puis prend place à coté de quelqu’un d’autre. Je meure d’envie de lui demander plus de détails. La deuxième transformation serait-elle vraiment agréable et pas atroce ? Les Arias rejoignent la prof et s’en vont. Les Fuocans sont les prochains. Je suis vraiment nerveuse là. Je mordille le bouchon de mon stylo et attend lentement que le temps passe. Walter ne semble pas du tout altéré par l’attente. Il me jette des regards en biais parfois mais pas plus. Vingt minutes plus tard, les Arias reviennent. La tension remonte d’un coup. Jenny et Walter se lèvent. Je les suis. Madame Owen nous amène dans un champ à la lisière de la forêt. Je frotte mes bras engourdis.

– Je vais vous appeler au fur et à mesure comme j’ai expliqué. Attendez dans le champ. Vous ne devez déranger la métamorphose d’un camarade en aucun cas. C’est important, elle dit.

Je m’assois avec les autres tandis que le premier s’éloigne hésitant avec la prof. Encore une fois, je n’entends rien. En revanche, nous apercevons des éclats de lumière parmi les arbres au loin. Le premier revient et les autres succèdent.

– Je ne sais pas si nous sommes damnés ou pas mais c’est pratiquement comme la première transformation, dit le gars, contrit.

– Quoi ?

Oh non. Quelle horreur.

– J’ai pris feu. Certes, c’est plus rapide que la première donc moins de souffrance. Après le feu, la transformation prend place. Ça n’a pas fait mal cette partie.

– Et comment c’était ? demande une fille.

Il se touche la nuque, indécis.

– C’était une sensation très étrange. J’ai su voler à peu près. J’ai ressenti tout ce qu’un… oiseau doit ressentir j’imagine. Mais c’était moi en même temps. Ton esprit reste.

– Comme pour les loups garous alors, commente Jenny.

La fille pouffe.

– Pas exactement, renchérit le gars. Les loups garous sont soumis à leurs instincts primaires quand ils se transforment. Nous non. Owen me l’a expliqué après.

Je hoche la tête. Tant mieux, pensai-je. Je n’ai pas envie d’avoir des envies animales. Quels instincts aurait un phénix de toute façon ? Chaque transformation dure environ dix minutes. Owen finit par appeler mon nom. Je me lève, époussète mon pantalon et vais à son encontre. Jenny me souhaite bonne chance.

– Suis-moi, elle dit.

Je fixe ses cheveux pixie, le cœur battant.

– Pourquoi les transformations des Fuocans sont particulièrement douloureuses ? je demande impulsivement.

Elle tourne son visage pour me regarde une seconde avant de se concentrer à nouveau sur le chemin.

– J’ignore si elles sont les plus douloureuses. Le feu détruit tout sur son passage. La transformation doit aussi détruire le gaucher en quelque sorte.

Je ne réponds pas et reste silencieuse, la gorge sèche. Nous arrivons dans une petite clairière. L’herbe gelée crisse sous mes baskets.

– Tu te souviens de cet objet ?

Elle me passe la boule de l’autre fois. J’acquiesce.

– Tu dois l’ouvrir et insérer les aiguilles dans les veines de ton poignet pour déclencher la transformation. C’est à toi de le faire. Je ne serai pas loin.

Elle recule jusqu’à se positionner à environ vingt mètres de moi. J’ouvre la boule, pressée d’en finir. J’inspire le regard devant moi, appuie et les aiguilles transpercent mon poignet gauche. Je ressens un picotement vif, presque électrique. Puis je tombe raide par terre. La chaleur dans mon estomac remonte à ma poitrine et chauffe. Un cri remonte dans ma gorge lorsque je me sens bruler. J’entends faiblement Owen prononcer des mots, une incantation.

Per hoc carmine, iuro ego transmutare in phoenix

in casu necessitatis.

Ego unirai animo ad corpus meum, et honor donum fac mihi.

O Mater Natura efficit, meum praesidium et meae benevolentiae.

Je tremble, la peau en feu. Je n’y crois pas que je suis soumise encore une fois à ce genre de douleur physique. Je n’en reviens pas. Je serre les poings. Mes hurlements emplissent la clairière puis je perds conscience. J’ignore pendant combien de temps. Mes yeux s’ouvrent à nouveau et c’est sous la forme d’un phénix que je reprends vie. Je bats des ailes instinctivement et plane et un peu. Ma vision est différente. Je vois beaucoup mieux. Les détails m’apparaissent, de la feuille en haut d’un arbre, au sol, aux chaussures de Madame Owen. Mon pouvoir est omniprésent. Il n’est plus logé dans le creux de mon ventre désormais. Je peux le ressentir à travers tous mes membres. Je descends instablement et atterris au sol. Je panique à l’idée de rester piégée sous cette forme. J’essaie de parler mais un coassement sort.

– Pense à ton apparence humaine, dis la prof.

Je m’exécute et reprend mon physique quelques secondes après. C’est indolore, presque instinctif. Je touche mes bras où juste une minute avant étaient présentes des ailes. Je suis ébahie. Je suis habillée aussi. Ce n’est pas comme les loups garous en effet.

– Comment tu te sens ?

– Bien. C’était très douloureux mais de courte durée.

– Je dois te dire une chose Raquel. Tu t’es évanouie puis j’ai vu comment tu t’es transformée en phénix mais tu étais inconsciente.

– Je conclue que ce n’est pas le processus ordinaire ? je demande.

Elle secoue la tête.

– Non. Un gaucher élémentaire reste toujours conscient pendant les transformations, que ce soit la première ou celle en Aneique.

Je ne sais pas quoi dire donc je continue de la regarder.

– Je vais devoir le communiquer aux autres enseignants et peut-être au Conseil aussi.

– Oh, je dis, secouée. C’est lié à mon retard ?

– Je ne peux pas répondre à ça mais c’est probable.

Encore cette histoire. Je pensais en avoir fini avec les examens mais je suis loin du compte.

– Ton phénix est parfait. Il n’y a aucun souci sur ce point, elle me rassure. Je dois consulter sur ta transformation néanmoins. On rejoint les autres ?

Je hoche la tête et retrouve la prairie. Je masque mon inquiétude. Jenny se lève et va à mon encontre.

– Alors ? C’était comment ? Dis-moi avant qu’elle m’appelle. Je crois que je suis la prochaine.

Ses cheveux blonds courts bougent avec ses mouvements frénétiques.

– C’était magique. Tu sens ton pouvoir partout, tu peux voler. J’ai réussi à planer un peu. La douleur est très rapide.

– Okay, merci.

Elle m’enlace furtivement avant de partir avec Owen. Je m’assois avec les autres. Walter me rejoint et me lance un regard interrogateur.

– Je peux t’épargner la description de mon expérience, je dis.

– Pourquoi ?

– J’imagine que ta famille t’a déjà tout expliqué.

– Pas faux. Il acquiesce. J’aimerais savoir comment tu te sens. Tu n’avais pas l’air dans ton assiette.

– Je me sens bien. Me transformer en phénix a été une expérience surréelle, c’est tout.

– Okay.

Je ne dis plus rien et frissonne sous le vent. J’espère que nous irons à une autre région d’Ocmundi la prochaine fois. Mon corps est encore habitué au climat Californien.

– Walter ? Je peux te poser une question ?

– Tout sauf une question personnelle, il répond.

– C’est ce que j’avais prévu. Je voulais te demander combien de petites amies tu as eu, je dis avec un rire.

Il secoue la tête mais je vois un sourire en coin.

– Sérieusement, demande-moi.

– Tu sais vraiment beaucoup plus de choses que les gauchers élémentaires qui viennent de la surface ? Est-ce que tu as un avantage réel par rapport à nous ?

– J’ai un avantage c’est sûr. J’ai grandi ici, j’ai vu les pouvoirs des quatre éléments depuis petit. Je connais les règles, notre société. Mais la majorité des gauchers élémentaires proviennent de la surface. Souvent, les naissances ici ne donnent pas des gauchers élémentaires. Mes parents étaient en extase lorsque le test ADN a prouvé que j’allais être choisi par Gaia et avoir des parents.

– Et qu’est-ce qu’il se passe pour les autres enfants ?

– Ils peuvent rester ici et trouver un boulot comme toute personne normale. Mais ils ont aussi l’option d’aller vivre à la surface.

Je hoche la tête. Il n’est pas si spécial que ça alors, pensai-je.

– Tu es déjà allé à la surface ? Je dis surface pour me faire comprendre. Pour moi, c’est mon monde, je précise.

– Je suis allé une fois. C’est cool. Tu viens d’où ?

– Californie. Et cool est trop faible pour la décrire, je dis un sourcil levé.

Il rit doucement.

– Tu as raison. Pour moi c’est une évidence d’appartenir à Ocmundi mais je peux comprendre que pour d’autres, ça ne l’est pas.

Il passe une main dans ses cheveux.

– Je m’y plais de plus en plus, je dis.

– Ravi de l’entendre.

Jenny revient et nous attendons que les autres passent leur transformation. Nous revenons à la villa et c’est au tour des Terrans. Georgia part la tête haute et je sais pleinement que sa transformation sera épique.

[…]

Nous revenons au terrain après deux heures intenses et éprouvantes. Nous allons commencer un entrainement physique et sous la forme de notre Aneique la semaine prochaine. Je me douche et nous dinons avec Scott, Jim, Douglas et Ernesto. Tout est encore nouveau avec Jim. Il est assis à coté de moi et sa jambe frôle constamment la mienne. J’ai envie d’être seule avec lui et l’embrasser. Je lui ai tout raconté. Je compte lui dire après sur l’implication de mon retard sur la transformation. Je profite pour le regarder, me noyer dans ses yeux. Je sens quelques regards dans la pièce, probablement des personnes de son année. C’est évident que nous sommes ensemble. Nous entrelaçons nos mains dès qu’on peut, il m’enlace souvent, et m’embrasse sur la joue. Il est très tactile. J’aimerais qu’il le soit moins pour ne pas penser à lui sexuellement. En ce moment même il caresse ma queue de cheval. J’écoute distraitement les autres. Sa main descend à ma nuque et je frissonne. Je dois lui dire. Mes yeux croisent soudainement ceux de Walter. Je détourne le regard.

– C’est quoi déjà le nom de famille de Walter ? je demande à Jessica.

– Pills je crois.

– Vous connaissez Walter Pills ? Ou sa famille, je demande au groupe.

– Ça me dit quelque chose, dit Douglas. Je crois un membre du Conseil a le même nom de famille.

– Ça doit être son père, je dis.

– Pourquoi tu demandes ? dit Scott ?

Je m’apprête à répondre mais Georgia me coupe.

– C’est son ami.

– Nous ne sommes pas amis, je réponds rapidement.

Jim me lance un regard interrogateur.

– On a eu un malentendu tu te souviens ?

– Ouais mais maintenant vous parlez, elle renchérit.

– On s’entend bien finalement. Ça m’étonne parce qu’il est particulier.

– Il vient d’où ? demande Jim.

– Il est né ici, il vient d’une famille d’Ocmundi, je dis.

Il acquiesce.

– Je suis curieuse sur sa vie, rien de plus. On parle de ça.

Je hausse les épaules. Je finis mon repas, délicieux d’ailleurs. Jim est silencieux.

– Tu es jaloux ? je souffle, mi taquine.

– Non pas du tout. Tu as le droit à avoir des amis.

– Tu es libre demain ? On pourrait avoir une date ? Enfin trainer ensemble, je dis le cœur battant.

– Je suis libre, il murmure.

Il me caresse la joue délicatement. Je me sens heureuse.

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