Chapitre 5

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Je fis tourner mon stylo entre mes doigts avec ennuis. C'était officiellement ma dernière heure, puisque le professeur d'histoire n'était pas là, et je commençai à regretter d'avoir pris philosophie. J'aimai cette matière, vraiment mais quoi de plus frustrant qu'une panne d'inspiration au beau milieu d'une dissertation. Pourtant, j'avais tout soigneusement planifié mais voilà, la tournure de cette phrase ne me plaisait pas et j'étais incapable de trouver quelque chose de convenable...

Je rageai et consultai l'écran de mon téléphone avant de soupirer que seulement deux petites minutes s'étaient écoulé. Heureusement, il ne restait plus qu'un laps de temps assez court avant la sonnerie. Je jouai encore un instant avec mon bic et cela suffit à m'occuper jusqu'à l'heure de la pause midi. J'empaquetai tranquillement mes affaires et sortis en regardant mes pieds. Je me cognai contre un torse massif. Je relevai la tête, presqu'assommé et esquissai une moue blasée. Je reculai d'un pas et esquivai la main, prête à ébouriffer mes mèches bleus.

—Heureux de me voir ?

—Pas vraiment... marmonnai-je assez bas pour qu'il ne puisse pas m'entendre.

—Tu as réfléchi, pour ma proposition ? On finit tôt, aujourd'hui, ça serait l'occasion de travailler un peu !

—Laisse-moi encore un peu de temps...

—C'est d'accord ! Tu manges ici ?

—Non, je rentre...

—Fais attention à toi, sur la route.

Je bégayai que même si j'aurais voulu me faire écraser, je n'aurai pas pu, à cause de la lenteur du trafic campagnard. Il rit fort, je dirai même à gorge déployée et les regards sur nos personnes me mit mal à l'aise. Le paysan au corps d'Apollon essuya une larme, dû à son fou rire.

—T'es drôle, pour un gars de la ville. Et mignon, de surcroît !

Je détournai les yeux avec mon habituel air blasé mais sentis mes joues s'empourprer.

—J'y vais... bredouillai-je

Ma réaction fit de nouveau rire le garçon et j'en profitai pour m'éclipser, le visage écarlate et la tête basse. L'adolescent m'emboita le pas, sans lâcher l'affaire.

—Eh !

Je m'arrêtai à contre-cœur et me tournai vers lui.

—Lundi, tu seras là ?

J'haussai un sourcil et tirai sur les manches, nerveusement.

—Pourquoi ?

—On a histoire et, tu sais, le prof est un peu particulier alors...

—Je serais avec le CPE la première heure, si c'est ça qui t'inquiètes.

Il soupira avec un soulagement non dissimulé.

—À lundi alors !

Je l'observai curieusement. Il me répondit avec un sourire enjôleur. Je repris mon chemin avec une certaine hésitation. Après avoir fait quelques mètres, j'attrapai mon téléphone et mes écouteurs, dans mon sac. Je lanças ma playlist et allongeai mes foulées, pour arriver plus rapidement à la maison. Lorsque ma rue, désormais familière, se profila devant mes yeux, je ne pu m'empêcher d'esquisser un sourire. Je m'abaissai, pour caresser ma chienne qui me faisait la fête. Je m'emparai de la petite clé, sous le tapis et l'insérai dans la serrure. Je poussai la porte et invitai la chienne à entrer en souriant. Elle ne se fit pas prier et me suivis jusqu'à ma chambre où je déposai mes affaires. Je baillai, m'étirai, fatigué par cette matinée et ouvris la fenêtre, pour aérer. En voyant une fine couche de poussière sur mon bureau, je me dis qu'un nettoyage était nécessaire. Mentalement, je le repoussai à ce week-end et préparai quelques affaires pour aller courir dans l'après-midi.

Une fois en bas, je mis une casserole sur le feu, ainsi qu'un paquet de saucisses de Strasbourg dans le micro-onde. Je mis la table, bien qu'il n'y ai que moi et changeai la gamelle d'eau de ma chienne. Celle-ci attendait, couchée, sur le canapé que le repas finisse de chauffer. Je levai les yeux au ciel, avec un rictus amusé. Cette bête-là était intelligente, en plus d'être belle et c'est là ce qui me plaisait le plus chez elle. Elle savait déjà que, dans quelques minutes, je partagerai le repas en deux, pour qu'elle ait sa part. Dès que le plat fut prêt, je lui donnai sa pitance, mélangé avec quelques croquettes. Elle me remercia d'un regard puis baissa la tête pour manger

De mon côté, je ramenai l'eau, le sel et le poivre avant de m'installer. Je soupirai tristement. Je détestai manger seul, c'était déprimant. Je me forçai à porter ma fourchette à ma bouche et ce fut ainsi jusqu'à la fin du repas. Je débarrassai la table et fis toute la vaisselle qui avait dans l'évier avant de m'autoriser à monter me changer, pour mon footing.

J'enfilai un jogging assez épais et un manches courtes, en espérant que ma course me réchaufferait rapidement. Je nouai soigneusement mes cheveux en une queue basse, pour ne pas être gêné pendant ma petite séance de sport. J'attrapai la laisse de Nina dans l'étagère qui lui était dédié et descendis en appelant la chienne. Elle me rejoint joyeusement, la langue pendante. Elle s'assit gentiment, pour que je l'attache puis attendis patiemment sur le seuil de la porte que je prenne mon téléphone, mes écouteurs et que je ferme la maison. Je passai la laisse autours de mon poignet, branchai mes écouteurs et n'attendis pas d'être au bout de la rue pour commencer ma course. Nina trottinait tranquillement à mes côtés, ayant désormais l'habitude de venir courir avec moi. Je levai la tête pour observer les nuages gris, qui laissaient filtrer quelques maigres rayons de soleil et priai pour qu'il ne pleuve pas. Je ne m'aventurai pas trop loin, par peur de me perdre mais pu tout de même courir deux bonnes heures en faisant quelques pauses près des petites fontaines que possédait le village.

Courir me faisant penser à ma mère et c'est avec nostalgie que, souvent, je sortais trottiner avec Nina.

La femme qui m'avait mis au monde était autrefois une bonne joggeuse, enfin, selon les dires de mon père, puisque j'étais trop jeune pour m'en souvenir. Mon père ne parlait que très peu de ma mère, estimant que le mieux était de museler ses souvenirs la concernant. C'était donc par hasard que j'avais découvert cette révélation. C'était lors de notre dernière semaine en ville. La situation était terriblement tendue et la seule échappatoire que j'avais trouvé était de sortir courir. C'est ce que j'avais fait, après une énième dispute, des plus éreintantes.

Mon père m'avait trouvé en train d'enfiler mes chaussures, à la hâte.

—Tu vas courir ?

—Hm...

—Tu me fais penser à ta mère, avant.

J'avais relevé la tête, à la recherche de réponses.

—Tu sais, avant ça, elle allait souvent courir.

—Ah bon ?

—Oui, avait-il simplement répondu, avant d'ébouriffer mes cheveux, encore verts menthes à cette époque.

Il avait quitté le vestibule et j'avais su qu'il ne dirait plus rien.

C'était étrange, d'avoir quelque chose en commun avec ma mère, elle qui m'avait toujours ignorée ou rabaissée. Au début, je m'en étais voulu, par peur de devenir comme elle. Puis, j'avais réfléchi et je m'étais rendu à l'évidence; ce n'était sans doute pas ça qui l'avait rendu comme elle était à présent..

Je fis une énième pause, le souffle haché et décidai de rentrer en sentant le ciel s'assombrir un peu plus et l'atmosphère se rafraichir. Epuisé, je renonçai à trottiner jusqu'à chez moi et trainai le pas dans les ruelles, la chienne à mes côtés. J'aperçu le 4X4 de mon père, garé dans l'allée et me mis à courir en direction de la maison, toute mon énergie retrouvée. L'homme d'âge mur recula de quelques pas lorsque je me jetai sur lui, un peu surpris par mon entrain.

—Bonjour Nathanaël, commença-t-il en m'offrant une ébauche de sourire.

Je me pressai contre lui, ce qui le fit froncer le nez. Il m'écarta gentiment et s'abaissa pour caresser la chienne mais aussi la détacher.

—Tu as fini à quelle heure ?

—Midi, le professeur d'histoire n'était pas là.

Il acquiesça et je sus qu'il avait pris ma réponse en compte, même s'il n'ajouta rien.

—Va donc te laver, je vais commencer le repas.

—Papa... est-ce que... tu as des nouvelles de maman ? hasardai-je avant de monter.

Il eut un air contrarié et son absence de réponse me fit baisser la tête.

—Ça veut dire non, n'est-ce pas...?

J'abandonnai tristement en devinant qu'il ne répondrait pas. Il ne voulait pas me briser le cœur plus que nécessaire. Je me mordis l'intérieur de la joue, pour ne pas me laisser submerger par cette vague de tristesse et montai me doucher. Je pris quelques affaires dans ma chambre puis m'enfermai à double-tour. Je détachai mes cheveux en plantant mon regard dans celui de mon reflet. Une perle salée roula sur ma joue. Je posai mon téléphone et mes écouteurs sur le bord de l'évier et sortis une serviette propre du meuble. Je fis chauffer l'eau de la douche tout en me déshabillant, les yeux mi-clos, la respiration profonde. Je posai un pied dans la douche, puis l'autre et me laissai asperger par le jet tiède. Je pris ma tête dans mes mains et l'espace d'un instant, je laissai libre court à mes larmes.

Pourquoi est-ce qu'elle ne donnait pas de nouvelles ? J'étais son fils ! Encore une fois, elle m'ignorait, se foutait de moi et me laissait au bord du désespoir sur le bas-côté. Je n'en pouvai plus, de me sentir si seul et délaissé...

Est-ce que c'était à cause de moi ? Je me comportai mal ? J'étais trop chiant ? Anormal ? Comment est-ce qu'il était possible de s'attacher sans crainte après tout ça ? Après avoir été abandonné par sa propre mère ?

Je maltraitai ma lèvre, dans l'espoir de mette fin à cette effusion de larmes et y parvenai, difficilement. Je sortis et m'habillai, la gorge nouée et le cœur au bord des lèvres. En arrivant dans ma chambre, mon père était là, sur mon lit. Il m'invita à venir m'asseoir à côté de lui. Je m'exécutai. Il me prit dans ses bras et caressa mes cheveux humides avec douceur.

—Nathanaël...

—C'est bon papa...

Je me laissai cajoler sans rien dire puis décrétai que j'allai me coucher. Mon père acquiesça et me ramena Nina. Je me couchai contre la chienne, qui me lécha la joue avec enthousiasme. J'attendis que mon père ferme la porte pour allumer ma petite lampe et attraper mon carnet. Je trouvai une page vide et commençai à griffonner. Et ceux, jusqu'aux alentours de trois heures où je tombai de fatigue.

->Hello ^^

Les cinq premiers chapitres sont maintenant postés, j'attend votre avis avec impatience sur ceux-ci !

Je ne sais pas encore si je vais continuer de la poster ici : tout dépend de vos demandes et de la manière dont je vais réogarniser cette saga ^^'

Merci à tous ceux qui prendrons le temps de me lire et de me donner votre avis !

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