Chapitre 9

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Je trainai les pieds en longeant les murs pour tenter d'éviter le flot d'élèves qui se déversait des salles de classe. Gabriel me rejoint avec un sourire idiot.

— Tu viens manger avec nous ?

— Je t'ai dit que je ne voulais pas manger avec ça, marmonnai-je avec une mine dégoûté.

— Tu pourrais être un peu plus sympa...

— N'essaie pas de me faire croire qu'ils le sont.

— Bien sûr que si. Si tu prenais le temps d'apprendre à les connaitre, tu verrais que-

— J'ai dit non, je m'en fous de savoir à quel point tu les trouves formidables, je les déteste...

Il prit une moue contrarié.

— Nath...

— Ne m'appelle pas comme ça. Je n'ai pas à me justifier.

— T'es vraiment une tête de mule, souffla-t-il avec un léger sourire que je ne compris pas. Je te rejoins plus tard, c'est bon pour toi ?

— T'es pas obligé de venir m'embêter, tu sais.

Il pouffa mais ne répondit pas et préféra rejoindre son groupe de pote. Je levai les yeux au ciel et retrouvai avec un certains soulagement mon petit coin. En fait, il s'agissait plutôt d'un renfoncement, un peu à l'écart de la cours, ce qui le rendait plutôt calme. J'avais assez de place pour y étendre mes jambes et cela me suffisait amplement. Bien sûr, je devais faire attention aux éventuelles toiles d'araignée et à leurs propriétaires mais j'acceptai volontier de les emmener un peu plus loin si cela me permettait d'avoir un peu la paix. J'ouvrai mon sac et en sortis mon précieux carnet. Je décornai les pages en me mordant l'intérieur de la joue. Heureusement, il n'était pas trop abimé. Je sortis ma trousse et attrapai un stylo au hasard. Peu m'importait la couleur, tant que je pouvai écrire sans être interrompu par un manque d'encre. Je ramenai mes genoux contre mon torse, bougeai un peu pour trouver une position confortable et ouvris une page sans vraiment faire attention aux quelques lignes qui y étaient déjà gribouillées. Je marmonnai quelques phrases, à la recherche d'une rime correcte. Je finis par trouver, et, à partir de ce moment là, rien ne put m'arrêter. Enfin, rien sauf Gabriel, qui fit son apparition avec un air enjoué.

— T'écris encore ?

Je cachai rapidement ma page noircie. Il grogna en marmonnant que ce n'était pas juste avant de s'agenouiller à mes côtés.

— Bon, on bosse ? finit-il par me demander.

J'hochai la tête tout en attrapant mon sac. Je rangeai mon carnet après avoir soufflé sur l'encre fraiche puis sortai mon classeur de physique. Gabriel fit de même, tout en s'installant plus confortablement. Il se pencha sur moi, pour voir où nous en étions rendu. Je me recroquevillai contre le mur, les joues écarlates. Je finis par le repousser, deux mains sur ses épaules. Il gloussa.

— Arrête de me pousser, je vois rien ! se plaigna-t-il sans se départir de son sempiternel sourire idiot.

— Et toi arrête de me coller, marmonnai-je sans grande répartie.

Il me tira puérilement la langue, avec un air joueur. J'ouvris la bouche sans savoir quoi dire, ce qui le fit de nouveau rire.

— Bon, passons, tu ne veux pas faire autre chose que de la physique, on peut attaquer SVT si tu le souhaites, déclara-t-il avec un sourire en coin.

Je m'étouffai avec ma propre salive. Mais qu'est-ce qui lui prenait ! C'était totalement de la drague à ce stade-là. Je tirai nerveusement sur mes manches alors qui s'avachissait un peu plus sur moi. J'étais écarlate, à deux doigts de suffoquer. Il finit par s'écarter. Je m'éloingnai en le guettant avec méfiance mais fus soulagé en me rendant compte que, cette fois-ci, il comptait bel et bien travailler.

Une fois qu'il eut reprit son sérieux, il se pencha sur son cahier en plissant les yeux. Il me pointa une formule du doigt, que je lus avec attention. Il vut mon air perplexe et s'empressa de m'expliquer. J'acquiesçai, un peu surpris de comprendre. Décidément, il semblait connaitre l'entiéreté de ses cours sur le bout des doigts. Je cachai tant bien que mal mon admiration pour son intelligence. Bientôt, il fallut s'arrêter. Je regrettai presque de ne pas avoir plus de temps pour travailler, parce que, pour une fois, mon cerveau semblait pouvoir déchiffrer les expliquations du brun avec une facilitée déconcertante.

A quinze heure, je me précipitai aux toilettes; Gabriel trottina jusqu'à moi, même si j'avais tenté de l'éloigner d'un regard.

— Va-t-en, j'ai pas besoin de toi pour me changer.

— T'es sûr Nath ?

Je lui dissimulai ma gène en m'enfermant dans les toilettes.

— Tu sais qu'il y a des vestiaires et que le prof nous laisse du temps, pour nous changer ?

— Je sais ! braillai-je en retirant difficilement mon jean, une main contre le mur pour ne pas tomber.

— Alors pourquoi est-ce que tu te changes maintenant ?

— Mais parce que ! répondis-je en me débattant avec mon bas.

— T'es complexé ?

— Non, ta gueule !

Je réussis enfin à retirer mon slim et le balançai sur mon sac en marmonnant quelques insultes que le garçon ne put entendre.

— Ne répond pas aussi méchamment, c'était juste une question... souffla le brun.

Je le devinai lever les yeux au ciel avec une moue boudeuse.

— Tes questions débiles, tu te les gardes? concluai-je en enfilant un haut plus approprié au cours d'éducation physique.

Je l'entendis soupirer et je sortis en fourrant mes affaires au fond de mon sac usé par le temps. Le dong retentit lorsque je quittai les sanitaires. Je me dirigeai vers le gymnase à grandes enjambées et bientôt, le reste de la classe nous rejoint. Le professeur nous expliqua les consignes mais je l'écoutai à peine, préférant refléchir à quelques rimes qui me venaient en tête.

— Allez courir.

Ce fut le top départ que j'attendai. Je me redressai et m'étirai un peu avant de m'élancer sur la piste. Je fronçai les sourcils. C'était bien moins intéressant que de courir avec Nina mais puisqu'il fallait le faire, alors je le ferais. Je soufflai à fond et me concentrai pour allonger les foulées au fur et à mesure. Gabriel arriva à mon niveau avec un sourire étonné.

— Tu courres bien, je pensais pas.

Je l'ignorai en secouant la tête. Si je prenais le temps de lui répondre, j'aurais un poing de côté, et je ne pourrai pas courir. Or, ce sport pouvait me rapporter des points faciles, que je n'aurai pas dans d'autre matières. Le garçon ne semblait pas comprendre mes motivations et courrai à mon allure avec un entrain naturel qui ne pouvait que me faire grimacer.

L'instituteur bedonnant ne nous arrêta que longtemps après. Je rejettai mes cheveux trempés de sueur en arrière et essuyai mon visage avec un pan de mon tee-shirt.

— Et mais t'es pas si mal taillé au final, lança une voix à mes côtés.

Je sursautai et ressentis une pointe de soulagement en remarquant que ce n'était que l'insuportable délégué de notre classe. Mais bien sûr, cela ne m'empêcha pas de devenir écarlate et je laissais retomber mon tee-shirt en me rendant compte de ce qu'il avait osé dire.

— Tu es vraiment... bredouillai-je sans réussir à trouver de qualicatif suffisant.

Il rit de mon bégaiement et ébouriffa mes cheveux comme il se plaisait souvent à le faire. Je retrouvai aussitôt l'usage de la parole et lui grognai dessus, sur la défensive.

— Et voilà, tu recommences. Je voulais juste te féliciter pour ta performance d'aujourd'hui !

— Et bien tu l'a fait.

— Un merci te tuerait ?

— Peut-être bien, répliquai-je.

— Tout ça pour une simple remarque sur ton magnifique ventre plat ?

— Tu sais que je déteste ça, réussis-je à répondre malgré ma gène.

Il leva les yeux comme il avait l'habitude de le faire, mais reprit rapidement son sourire joueur.

— T'es mignon quand tu rougis.

— Mais arrête ça ! m'écriai-je en lui flanquant une claque derrière la tête.

Il pouffa en trottinant vers la sortie. Je secouai la tête et renonçai à me changer. Je n'avais pas envie de faire un nouveau passage aux toilettes alors que la fin des cours était si proche et il était hors de question que je rejoigne les brutes qui avaient pris d'assaut les vestiaires. De toute manière, j'étais bientôt rentré. Alors que je passai la grille, Gabriel m'attrappa le poignet.

— Je peux te raccompagner ?

Je secouai la tête, lui arrachant un triste sourire. Je ne comprenai plus rien à son comportement. Tantôt il m'embêtait, tantôt il semblait s'inquièter.

— D'accord, fais attention à toi alors...

J'acquiesçai, ce qui sembla le réconforter, et pris le chemin de la maison d'un pas déterminé, n'ayant qu'une seule envie; celle de me débarasser de toute la crasse accumulé pendant le cours de sport.

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