Fuir l'Inévitable

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Le carreau de la fenêtre laissait filtrer la lueur pâle de la lune, suffisante pour distinguer la scène macabre dans la pièce. Son corps gisait, inerte, sur le sol. Le silence régnait, rompu seulement par le doux chuchotement du vent nocturne.

J'avais commis l'irréparable, un acte que je ne pourrais jamais effacer. Le crâne fracassé, Kerin ne se relèverait jamais. Je ne voulais pas en arriver là. Oh mon Dieu, c'était une erreur. Je voulais simplement qu'il comprenne la douleur que j'avais ressentie cette nuit-là, la nuit où il avait abusé de moi. Il allait me tuer si je ne portais pas ce coup fatal. Personne ne me croirait, je le savais, car j'avais déjà tenté de déposer plainte plusieurs fois, en vain. J'étais piégée, confrontée à un choix qui déterminerait le reste de ma vie : la perpétuité dans une cellule de 10 mètres carrés derrière les barreaux ou la fuite.

La panique me submergea, mais je savais que je devais agir rapidement. Sans perdre de temps, je me précipitai chez la seule personne qui pourrait m'aider à échapper à ce cauchemar, ma sœur, Lena. L'horloge murale indiquait 1h23, une heure où la prudence était de mise. Je n'osai pas appeler, car chaque appel laisserait des traces indélébiles.

Arrivée devant la porte de sa maison, mon cœur battait à tout rompre. Je sonnai frénétiquement, espérant qu'elle me pardonnerait l'intrusion à une heure aussi indue. La porte s'ouvrit lentement, et une silhouette en peignoir apparut, les yeux encore embrumés de sommeil.

– « T'es dingue ou quoi, t'as vu l'heure ? » s'exclama-t-elle d'une voix endormie, mélange de colère et de surprise.

Sous le faible éclairage de l'entrée, son visage prit une expression mêlée d'inquiétude et de scepticisme. Le peignoir légèrement dévoilé laissait deviner une tenue de nuit, et ses cheveux en désordre trahissaient son réveil précipité.

Je la suivis tout en prenant soin de vérifier que personne ne m'avait vue avant de fermer la porte à clé.

– « S'il te plaît, écoute-moi », dis-je d'une voix fébrile, le visage baigné de larmes, tout en essayant de contenir ma nervosité grandissante. « Je ne voulais pas le faire. Il allait me tuer si je ne le faisais pas. Il faut que tu me croies, Lena. Je n'ai nulle part où aller, nulle part où me cacher. J'ai besoin de ton aide. »

Elle cligna des yeux, peut-être en essayant de comprendre ce qui se passait. Elle balbutia :

– Qui ça... qui il ? Tu parles de qui, Claire ? Réponds-moi tout de suite !

– Kerin...

– Kerin ? Oh mon Dieu, qu'est-ce qui s'est passé ? Il t'a fait quoi, ma puce ? Il t'a touchée ?

– Kerin est mort, Lena, dis-je en sanglotant.

– Oh non... Raconte-moi ce qui s'est passé.

J'enchaînai rapidement, expliquant les circonstances qui m'avaient conduite à sa porte à cette heure tardive, la bagarre qu'il y avait eue entre nous jusqu'au moment fatal.

Alors que je parlais, son expression passa de l'incrédulité à la compassion. Elle comprenait la gravité de la situation et pouvait voir la détresse dans mes yeux.

La nuit avançait, et notre conversation était entrecoupée de longs silences. Quand j'eus enfin tout raconté, elle prit une profonde inspiration.

– « Nous allons devoir être prudents », dit-elle. « Mais je vais t'aider. Nous trouverons un moyen de résoudre cette situation. »

Les heures s'écoulèrent, tandis que nous élaborions un plan pour échapper à la justice et éviter d'éveiller les soupçons. Elle me fournit un changement de vêtements, de l'argent liquide, et m'expliqua comment me déplacer discrètement dans la ville sans laisser de trace.

« Ne te montre à personne, reste dans l'ombre », me recommanda-t-elle avec un air sérieux. « Et ne retourne jamais sur les lieux du crime. »

Je hochai la tête, consciente des conséquences irrévocables si je commettais la moindre erreur.

« Prends soin de toi », dit-elle en me serrant la main. « Nous ne nous reverrons peut-être jamais, mais je veillerai à ce que tu sois en sécurité autant que possible. »

J'acquiesçai, puis m'éloignai dans les rues encore endormies, les battements de mon cœur en rythme avec les pas de ma fuite. Je savais que le chemin à parcourir serait difficile, que la poursuite de la liberté serait semée d'obstacles insurmontables. Mais une partie de moi était heureuse, heureuse d'avoir rendu justice à ma manière, même si elle était sombre.

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