Dans ce musée perpétuel d'horreurs intrinsèques

Dans les sérigraphies des mots intemporels

Sur le clocher verni d'une église profane

Sur les peupliers géants d'une époque caduque

Dans les flots voyageurs d'une mer sans scrupules

Je récidive

Dans cet antre garni de gravures rupestres

Dans cette jungle éprise d'alchimie

Dans ces maisons hantées (non pas par des fantômes mais par des fantasmes)

Devant des cheminées sans feu ni flammes

Dans ces caves à vin où les rats s'entrechoquent

Dans tes cheveux perdus

Je récidive

Dans cette galerie aux dix mille couloirs qui mènent nulle part

Devant ces tableaux morts vides de toute expression corporelle

Sous les injures de la foule qui cherche son Sultan

Dans les rues chaudes et froides d'une Lisbonne antique

Aux coins des angles arrondis

Je récidive

Ma mie pour tes yeux de platine

Pour tes cheveux d'azur et tes mains qui s'animent

Ma mie pour tes seins de poupée

Je récidive

Dans les couloirs frileux d'une antichambre noire

Sous les roses d'été au diapason mortel

Sur le quai d'une gare égarée par mégarde

Sur les rives d'un lac sans cygnes et sans remords

Sur les sommets enneigés frappés d'ostracisme

Dans les rues adjacentes à ma peine plénière

Je récidive

Dussé-je mille fois frappé d'éternité revivre tes départs

Je récidiverai ma mie comme un seul homme