Chapitre 23 - Nymphe ou succube

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Voici le début d'un nouvel arc qui s'annonce long, pas moins de dix chapitres.

Bonne lecture à tous !

***

La robe de la Reine d’Hiver pesait lourdement sur le bois. Les arbres arboraient de magnifiques dentelles de stalactites. La méchante divinité égarait constamment ses perles qui, en tombant, créaient de splendides sculptures de givre tenant compagnie aux rochers solitaires. Les autels aux esprits sommeillaient sous une épaisse couverture cristalline, vides d’offrandes car les esprits, à l’image des ours et des écureuils, hibernaient durant la saison morte. Les spectres de l’hiver avaient pris le relais et arpentaient le sous-bois en jouant des tours aux promeneurs hardis qui osaient braver le rire glaçant de la bise.

Parmi ces intrépides que certains qualifieraient de fous s’en trouvait un à part. Pour tout dire, il faisait tâche dans le paysage. Ses joues halées, cuites par le soleil d’été, juraient comme l’encre sur une feuille vierge. L’elfe, car c’en était un, avançait le dos courbé sous le poids d’un énorme sac aux sangles grinçantes et d’un gourdin plus grand que lui. Entre ses mains, il brandissait une baguette de sourcier.

Le regard concentré sous son épais bonnet, il ne vit qu’au dernier instant le félin.

─ Salut toi. À te voir, je doute que tu sois d’humeur à m’aider.

Aucune peur, pas le moindre frisson, ne se lisait dans sa voix rocailleuse, parfaitement adaptée à sa carrure de minotaure. L’énorme chat aux allures de léopard poussa un feulement à glacer le sang. Le pelage semblait tissé à partir de la robe même de la nuit. De grands yeux en diamants découpaient de leur éclat rubis l’elfe avec une avidité cruelle.

La créature, sortie tout droit du plus affreux cauchemar, sauta avec la vivacité de la bise. Une rafale la balaya. C’est avec une violence inouïe qu’elle s’en alla heurter un bouleau voisin dont la blanche écorce éclata en copaux. Des hautes branches, les crocs de glace se détachèrent et embrochèrent la bête étendue dans la neige.

L’elfe observa son agonie sans trace de pâleur sur ses joues dorées, posé sur son épaule, le gourdin triomphant, à qui il offrit un baiser de gratitude. Ses yeux vairons, noir et gris, s’écarquillèrent. Au pied du bouleau malmené ne restaient que les stalactites plantées dans la neige intacte. Pas la moindre trace. Le corps de félin empalé s’était volatilisé comme ombre face au soleil.

L’elfe toussota.

─ Mon cher Peau-de-fer, ces bois ne me paraissent guère accueillants. Plus tôt on sera parti, mieux ce sera.

Au fil de son avancée, guidée par la baguette de sourcier, il tomba sur un ruisseau. À nouveau, ses yeux s’écarquillèrent, et sa mâchoire se détacha. Dans les eaux scintillantes émergeait une silhouette à la grâce divine, entièrement nue, une longue crinière de jais cascadant le long de l’élégante courbure de l’échine. Envoûté, l’elfe s’approcha. Ses pensées ne lui appartenaient plus.

La silhouette se retourna. Le visage, plus lumineux que le soleil du désert, se teinta d’une ombre méfiante.

─ Quel vil esprit ose souiller l’intimité d’une demoiselle qui prend son bain ?

─ Par tout le sable du désert, vous ne pouvez être réelle. Quelle pernicieuse créature êtes-vous à ensorceler ainsi les âmes honnêtes ? Une succube de la forêt ?

La succube partit d’un rire aux notes chantantes et contagieuses.

─ Je suis telle que vous me voyez, dans ma plus pure enveloppe.

Ce disant, elle se mit à tournoyer. Ses cheveux formèrent un tourbillon et des volées de gouttelettes se jetèrent sur le voyageur aux réflexes éteints. Il grimaça.

─ Cette eau glaciale tuerait n’importe quel sang chaud qui s’y baigne.

─ Le froid est le prix de la pureté. Le bois dort et nulle souillure ne se mêle au ruisseau. Autrement dit, aucune bestiole ne pisse ou ne crotte dans l’eau.

─ De bien vilaines formules sur de si délicieuses lèvres.

Lesdites lèvres, bleuies, se courbèrent en un sourire narquois.

─ Ne trouvez-vous pas cette relation injuste ? Vous voyez tout alors que moi je suis réduite à imaginer. Débarrassez-vous donc de cet attirail et venez vous purifiez avec moi.

─ Hélas, gente demoiselle des bois, m’y risquer serait le trépas assuré. Voyez-vous, je suis né sous le soleil ardent du désert et j’ai grandi avec la seule fraîcheur des dunes. Au cours de mes voyages, j’ai connu maints climats, mais jamais, non jamais, je ne me suis habitué à ces hivers qui vous gèlent la morve dans les nasaux.

En guise de réponse, il se retrouva aspergé d’une gerbe glacée. D’ordinaire, il aurait réagi de sorte qu’aucune goutte ne l’aurait frôlé, mais là, il était métaphoriquement, si ce n’était littéralement, envoûté par un charme.

─ Vous faîtes le fier avec votre gourdin, mais vous n’êtes en définitive qu’une petite brindille terrifiée par la bise. Vous avez de la chance, mes cœurs ne connaissent aucune limite. Allons boire un thé chaud chez moi.

Sur ces mots, elle rejoignit la berge. Le voyageur, sans une once de gêne, la détailla dans toute sa splendeur irradiante. Des enfants du génie Beauté, il en avait contemplé un grand nombre au cours de son périple, mais tous ses souvenirs se consumaient désormais face à cette vision émergée tout droit du giron de la Mer des Anges.

─ D’ordinaire, je n’accepte jamais l’invitation d’inconnus. Je me targue d’une volonté de fer. Mais là, je dois l’avouer, je suis désemparé. Vous avez brisé mon rempart. Je suis tout à vous, pour toujours et à jamais. Mon âme, mon cœur et mes pensées vous appartiennent. Je les donne de bonne grâce. Dévorez-les si vous le désirez. Une éternité de damnation auprès de vous sera pour moi un accomplissement.

À nouveau, le rire chantant éveilla le bois sous la musique langoureuse du ruisseau.

─ Votre langue me suffira pour tenir la conversation. Mais passez-moi mes vêtements au lieu de palabrer.

L’elfe mit du temps à arranger sa vue tant elle était brouillée d’images pécheresses. Il finit par repérer le rocher solitaire où étaient étalées, sans un pli, une robe bleu givre et une ceinture bleu nuit.

─ Êtes-vous la sorcière de ces bois ? demanda-t-il sans perdre une miette de la séance de rhabillage.

─ Qu’est-ce qui vous fait penser que je le suis ? rétorqua la succube, un rictus en coin.

─ Qui d’autre pourrait se balader aussi légèrement dans cet enfer froid ?

La demoiselle se garda de répondre et, sans l’attendre, s’éloigna.

La suis pas, Ëjj. C’est forcément un piège. T’as affaire à une succube farceuse. Te laisse pas avoir. T’es plus malin que ça.

Ces pensées, il se les répétait tout en suivant docilement la silhouette aux traînées bleues et couronne noire, tel un chien docile tiré par une laisse invisible.

Le Cœur-du-Bois dormait paisiblement sous son chapeau blanc. Les huttes et tanières des elfes, discrètes au printemps, disparaissaient entièrement durant l’hiver. S’il avait été seul, Ëjj serait passé à coup sûr sans rien remarquer. Sa guide le conduisit devant un couple de frênes entortillés tels des amants. Entre les troncs tordus s’élevait un escalier torve dont le verglas avait recouvert les marches. Tandis qu’elle grimpait, pieds nus, sans encombre, lui manqua plusieurs fois de dégringoler. Une triste fin, de tomber dans un escalier, après tant de dangers affrontés. Une cabane apparut au travers du fourbi de branches nues. Aussitôt passée la porte de lierre, une chaleur moite remplaça le froid mordant, ses serpents de feu s’immisçant sous la peau, dégivrant veines et artères. L’intérieur embaumait d’enivrants arômes. D’élégantes tentures aux motifs chaleureux décoraient les murs tapissés de vigne. Partout, des fleurs séchées embrassaient le mobilier, grinçant sous le poids d’un prodigieux bazar. Flasques, fioles, amphores, bols, timbales et autre bric-à-brac s’amoncelaient en un capharnaüm curieusement réconfortant. L’invité se sentit illico à l’aise dans ce nouveau cadre.

─ C’est très agréable chez vous... ?

─ Niu.

─ Ravi, que dis-je, extasié, Nuit. Je suis Ëjj. Ëjj le semi-elfe.

─ Un semi-elfe ? Tien, tien.

─ Ëjj le Sourcier, je préfère.

─ Un sorcier ? J’ignorais qu’il existait des sorciers.

Sour-cier. Je déniche les sources souterraines. Grâce à ça, dit-il en brandissant sa baguette. C’est du peau-de-fer, un arbre très spécial qui pousse dans mon pays.

─ Et qu’a-t-il de spécial cet arbre ? demanda Niu tout en s’occupant d’allumer le feu.

─ Ah ! s’égaya Ëjj. Le peau-de-fer naît et grandit en plein désert, à l’ombre des dunes. Ses racines creusent en profondeur à travers les sols rocailleux pour glaner de l’eau et son écorce résiste aux tempêtes de sable qui vous désossent n’importe quelle bête ou plante. Son bois est aussi dur que du fer forgé et plus résistant encore que l’acier. Un gourdin comme celui-là vous brise en deux un roc de granite, ou le crâne d’un requin des sables.

─ Charmant !

─ Et ce n’est pas tout. En plus de sa robustesse et de son incroyable longévité, le peau-de-fer repère une source à travers plusieurs couches de terre et de roche, et sur des dizaines de lieues à la ronde. Ses racines se dirigent naturellement vers la nappe souterraine. Les sourciers de mon pays s’en servent comme outil en vue de creuser les puits. C’est la raison pour laquelle le peau-de-fer est l’emblème de nombreux clans du désert.

─ Un tel objet ne te sera guère utile par ici, souligna Niu alors qu’elle plaçait la bouilloire sur la grille au-dessus de l’âtre crépitant.

─ Sache que, dans le cas présent, belle Nuit, je cherche une source, non pas pour boire mais pour apprendre.

─ Voilà que tu joues les mystérieux. Que dirais-tu d’une liqueur de groseille pour te dégeler le gosier ? Il m’en reste un fond, quelque part, attends voir...

Ëjj observa son hôte gigoter ses courbes de nymphe tandis qu’elle farfouillait ses placards en fatras. La bouilloire se mit à siffler.

─ Tiens-moi ça, dit Niu en lui tendant un flacon poussiéreux au fond duquel croupissait un liquide écarlate. Il doit y avoir des tasses propres dans un des tiroirs à ta gauche.

Et elle alla s’occuper d’infuser le thé. Un visiteur qui serait entré à l’improviste n’aurait rien saisi à la situation : deux culs pointés en l’air, le nez dans la poussière, dans un orchestre de métal et de verre heurtés.

─ Je ne trouve paaaa-TCHA !

Aveuglé par les larmes, le semi-elfe laissa son hôte prendre le relais tandis qu’il déballait son imposant sac de voyage en quête d’un mouchoir. Faute d’en trouver, il se rabattit sur une feuille de vigne cueillie sur le mur.

Quelques minutes plus tard, la cabane avait retrouvé son calme. Ëjj sirotait distraitement son sirop bien épais dans un ramequin essuyé au crachat tout en détaillant l’une des chaleureuses tapisseries aux subtiles arabesques.

─ Alors, sourcier, vas-tu me parler de la raison de ta venue en cette saison, ou veux-tu jouer aux devinettes ? l’interpela Niu alors qu’elle versait le thé dans deux tasses en porcelaine fêlées.

─ J’aime les devinettes. Jouons. En tant qu’invité, permets-moi de commencer. Es-tu, oui ou non, la sorcière de ces bois ?

L’elfe, les traits indéchiffrables, lui tendit sa tasse fumante peinte de quelque créature tirée de lointaine contrée, une sorte d’homme-oiseau cornu dansant au milieu d’un parterre de fleurs jaunes. Elle but dans la sienne, une gorgée, puis deux, la posa délicatement sur ses genoux, par-dessus sa robe soigneusement plissée, et plongea son intense regard émeraude dans ses yeux vairons.

─ Imaginons que je suis celle que tu cherches. Que me veux-tu ?

─ Je ne peux le dire que si je suis certain que c’est bien toi, affirma-t-il avant de goûter le liquide brun.

La saveur de l’automne, le musc et l’écorce mêlés aux épices. Un torrent de chaleur qui lui rappela ses cœurs battant dans sa poitrine et ses poumons insufflant l’air vital à ses organes. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait plus embrassé pareille plénitude, et encore plus ancien le moment, si ancien que sa mémoire l’avait effacé, où il s’était retrouvé en si délicieuse compagnie. Pour la peine, il lampa une seconde gorgée, une troisième, avant de poursuivre le jeu des devinettes.

─ Je sais de source sûre qu’une puissante sorcière vit par ici. À te voir, mes doutes se sont éveillés. Et maintenant, à te parler, ils tendent à se muer en certitude.

─ Que sais-tu des sorcières ? interrogea Niu, ses lèvres réchauffées, légèrement rosées, arquées en un sourire malicieux.

─ Ce sont des êtres puissants, œuvrant à la frontière du vivant et du monde des esprits. Leur savoir est incommensurable. Les dieux eux-mêmes les craignent. Elles sont sources d’effroi et de jalousie. Certaines sont cruelles, d’autres timides. Elles aiment se faire désirer. Le désir est leur arme primaire. Elle l’attise chez les mâles malléables. Elles font d’eux des jouets dont elles se servent allègrement jusqu’à se lasser, puis s’en débarrassent sans une once de remords. Ce sont des succubes au physique de nymphes, des esprits insatiables, à l’appétit dévorant pour le pou...

Il s’interrompit face à l’hilarité soudaine de son interlocutrice. Ce rire mélodique, aussi entêtant qu’un parfum et qui emmêle le fil des pensées.

─ C’est bon, je crois que j’ai saisi l’idée que tu te fais des sorcières. Si tu désires mon honnête avis, tu as parlé l’idiot plus que le savant. À présent, imaginons que je ne sois pas la sorcière du bois, que suis-je selon toi ?

─ Une succube ou bien une nymphe. L’une des deux.

L’elfe à la robe bleue battit des paupières avec ostentation.

─ Tu me flattes. Tes mots ne sont que miel. Je me laisserais aisément enrober par eux tant ils sont doux et sucrés.

─ C’est que, au cours de mes voyages, j’ai appris à bien les manier. Un individu de mon statut, source de mépris et de défiance, doit savoir utiliser toutes les armes à sa portée pour se gagner la faveur d’autrui.

─ Hélas, oui, l’esprit du monde est ainsi fait, faux et tortueux, soupira Niu.

─ À t’entendre, belle Nuit, tu sembles me comprendre.

─ Cela t’étonnes ? Tu penses sans doute que ma beauté suffit à me gagner tous les cœurs. En réalité, les femmes elfes me jalousent et les garçons, eux, se méfient, comme toi en cet instant. Mais ne crois pas que je me plains. Je chéris la vie au-delà de l’amour-propre. Mon esprit vole libre. À l’image du tien m’est avis.

Les nœuds des muscles d’Ëjj se détendirent sans pour autant se détacher.

─ Il me semble que nos liens se renforcent à mesure que nos mots les tissent.

─ Vraiment ? Je me sens plutôt comme la femme démunie, seule en compagnie d’un inconnu armé à l’inquiétant aspect.

─ Tu n’as rien à craindre de moi, la rassura le semi-elfe en tâchant de modeler son timbre rêche. Je n’attaque que pour me défendre. Sinon, je suis aussi doux qu’un chèvrerat.

─ Un quoi ?

─ Une petite biquette du désert qui broute le charonce. Les requins des sables les adorent. Il n’est pas de viande plus tendre.

─ Je serais curieux d’en voir un. Mais je doute qu’ils te ressemblent.

─ Ah ! C’est que le soleil et les vents ont mangé mon beau visage. Si tu m’avais connu jeune, je mettrai ma main aux requins, tu m’aurais confondu avec un satyre.

─ Tu as de la chance, Ëjj. J’apprécie les gens qui ne s’embarrassent pas de modestie.

L’intéressé apprécia le compliment durant un court silence.

─ Ah, mes espoirs se meurent, soupira-t-il. Il ne m’est plus possible de croire que tu sois la sorcière.

─ Et pourquoi cela ?

─ Tu as de l’esprit, tu es drôle, sage et enfantine, tu manies la prose avec le talent d’un poète des sentiers et, par tous les dieux, aussi torves qu’ils soient, à l’image de tes escaliers, ils n’auraient jamais pu enfermer le malin dans une si... idéale, incomparable enveloppe.

Un chahut hilare secoua la cabane perchée. Les pépiements d’oiseau de Niu et les éclats rauques d’Ëjj se mélangeaient aussi bien que l’huile et l’eau.

─ Par les poils rayonnants du Roi-Père-Dragon, je préfère cet accueil à celui que j’ai reçu un peu plus tôt, déclara l’invité, tasse brandie pour que son hôte la remplisse.

─ Tes yeux se sont posés sur un autre visage avant le mien ? Je suis déçue.

─ Ne le sois pas. Ce visage-là n’avait rien d’attachant. Rien qu’un gros chat aux yeux vilains. Il n’a guère apprécié la rencontre avec Peau-de-fer. Une pluie de glace l’a achevé. Du moins, c’est ce que j’ai pensé. Mais il a disparu. Envolé, pfiu ! Comme rosée au zénith, sans laisser la moindre trace de son passage.

─ Un gros chat aux yeux vilains, dis-tu.

Niu plongea dans ses pensées.

─ Sais-tu de quoi il s’agissait ? tiqua Ëjj.

Elle fit mine de plisser sa robe vierge de plis, puis avala, avec lenteur, une gorgée tiède de thé.

─ Ces bois grouillent de vie et d’une foultitude d’esprits en tout genre dont j’ignore le quart de la moitié. À moins que tu aies simplement halluciné après d’être cogné avec ton gourdin, ou que la Sorcière d’Hiver t’ait gelé les neurones.

Le semi-elfe s’anima soudain comme mordu par une guêpe-fauve.

─ Cette Sorcière d’Hiver, tu la connais ?

─ Quoi ? sursauta Niu. Non. (Elle pouffa) C’est le surnom que les gens du bois donnent à l’une des quatre reines divines qui occupent à tour de rôle le Trône des Saisons.

─ Je vois, se renfrogna Ëjj, un chouïa gêné. Mais tu connais la sorcière du bois, mon instinct me trompe-t-il ?

─ Il ne se trompe pas. Et je suis prête à te conduire à elle.

─ Maintenant ?

─ Non. Bien sûr que non. La nuit ne va plus tarder, et tu ne veux pas arpenter le bois d’hiver dans les ténèbres, crois-moi. Ton gourdin te servirait autant qu’un cure-dent. Nous irons demain.

Ëjj n’avait jamais été doué dans l’art de la patience, mais ne voyait pas d’autre solution. Il s’agissait de son unique piste.

─ Marché conclu. Une simple question.

─ Oui ?

─ Où vais-je dormir ? La pièce est étroite et je ne vois qu’un seul lit.

─ À ton avis ? Pourquoi t’ai-je invité ?

─ J’aimerais juste savoir si je dois m’attendre demain à servir le petit-déjeuner ou servir de petit-déjeuner.

─ Tu aimes les devinettes. Et le goût du risque ?

À l’instant, Ëjj le semi-elfe aurait été bien incapable de déchiffrer la grimace qui lui était destinée. Tous d’un seul coup, ses nœuds intérieurs se délièrent, et il ferma les yeux.

─ Je le savoure.

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