Chapitre 1 "Clodoald !"

14 minutes de lecture

……………………………….

chapitre Un

« Clodoald ! »

L'appel venait d'un homme imposant, vêtu d'un tablier de cuir. Il se tenait sur le perron d'une échoppe et il s'adressait à un jeune garçon qui traînait ses guêtres, regardant nonchalamment dans le vague. Celui-ci sembla émerger d'un rêve, ses yeux se fixèrent sur celui de l’homme :

« Oui, père ?

—Viens, suis-moi. »

Ce disant, Clavis le forgeron s'éloigna vers un vieux Chêne isolé au milieu d’un champ, en claudiquant. Sa jambe droite s'arrêtait à son genou. Une vilaine blessure mal guérie causée par un sanglier dont il avait voulu la viande, lui avait valu un pilon. Et une « quille » en bois terminée par une fourche à deux branches avec un coussinet de cuir calée sous son aisselle, pour l'aider à se déplacer.

Clodoald ne connaissait de ses géniteurs que cet homme rustre mais brave. Durant le trajet sur le chemin qui grimpait légèrement sur une centaine de pas, aucun mot ne fut échangé.

Clodoald se tenait en retrait et suivait son père, le regard fixé sur le morceau de liège usé enchâssé au bout du pilon, qui amortissait un peu la dureté du sol dans un bruit mat.

L'homme s'assit lourdement sur une souche large de quatre mains et trois pouces. Le jeune homme s'installa en tailleur sur l'herbe humide de rosée. Il n'avait comme vêtement qu'une longue veste de cuir de chèvre, une culotte de peau rêche, des sandales spartiates dont les lacets remontaient jusqu’aux mollets, les bras et jambes nus. Le soleil se trouvait à environ la moitié d'une main au-dessus du levant. Clodoald aimait savoir compter avec ses mains, ses pas tout ce qui l'entourait. Une façon à lui pour prendre des repères. L'homme soupira, puis :

« Fils. »

Il leva la tête et leurs yeux se croisèrent, s'observant. Les yeux azur comme le ciel du père, sur ceux gris-vert comme la couleur des marais du fils. Ceux de cette jeune villageoise qu’il croisait chaque jour à l’entrée de la forge, là où il apprenait la maîtrise du feu et du fer. Ces yeux-là, il les avait vus briller le jour où elle avait dit « oui ». Ce regard dans lequel il adorait se noyer.

Le jeune homme se permit pour la première fois de couper la parole de son père, règle qu'il savait ne jamais devoir enfreindre.

« Je vais rejoindre l'ost. »

Leurs yeux se mêlèrent, tout le bleu du ciel se reflétant dans le vert gris des marais, irisés par des éclats de lumières ondulants doucement, comme bercés par une brise rasante. Les yeux du père s'embuèrent et pour la première fois, il baissa les paupières devant ce regard bizarrement devenu gris, comme annonciateur d’un orage d’été.

Clavis releva la tête, étira les bras vers le ciel en inspirant longuement. Il souffla et posa ses mains sur son crâne nu :

« Les soldats du comté ont besoin de guerriers, pour défendre les terres et les cultures que d'autres clans veulent nous prendre. À cause des Barbares venus des montagnes Ibère qui volent tout sur leur passage, créant la panique et la famine, dans certaines cités, sans parler des Alamans qui arrivent du Levant.

Puis, il souffla lentement en observant son garçon.

—Ils ne vont recruter que des hommes forts. Je t'ai vu naître, mon fils. Tout comme tes deux sœurs avant toi. Tu es le dernier que ma femme m'a donné. Avant que son dernier souffle ne soit sorti de ce corps que j'ai tant adoré, elle m'a dit ces derniers mots : aime-le comme tu m'as aimé. Les dieux en ont décidé ainsi. Je l'ai accepté. Le gros homme soupira et leurs yeux se retrouvèrent : Je t'ai élevé durement, je sais. Je t'ai frotté le cuir et tu l'as mérité. Mais tu es mon fils, tu portes mon nom et celui de mon père. Et je sais que tu ne peux être un soldat. Tu dois te cacher et...

—Si je vais me cacher, ils vont te mettre en geôle. Ils vont te torturer, te punir à ma place. Et tu crois que je pourrai accepter ce fait ? Et, est-ce que Ma Rielle ou Ta Tine saura faire le feu pour forger et fondre, marteler longuement ou faire l’acément qui durcit le fer ? Et tu vas devoir trouver un apprenti, père.

Le jeune homme se releva et étira ses bras à son tour :

— Père, ils vont venir demain avant que le Galle (le Coq Gaulois, le Gallus romain) ait chanté. Je vais t'aider pour finir le fer à forger, ce jour. Il s’accroupit, les bras croisés sur les genoux, ses yeux cherchant ceux de son père. Je vais œuvrer avec toi et si le travail n'est pas à son terme, je continuerai après le coucher du Soleil. Je ne devrais avoir à faire que la pierre tendre et le lustrage à froid, si on travaille tout le jour sans répits. Peut-être même à enchâsser les lames dans leurs manches.

L'homme fixa son garçon, le menton dans le creux d'une main. Il ne put retenir un sourire en disant ces mots :

« Le moulinier raconte à qui veut l'entendre, que les soldats vont passer par les villages en bas de la montagne et auront assez d'hommes pour défendre les grandes cités. Les champs devront être défendus par ceux qui les cultivent, qui en vivent. Et ceux qui les mangent, aussi.

Clodoald ricana avant de pincer les lèvres soudainement. Puis, les deux hommes éclatèrent de rire brusquement.

— Le moulinier raconte à qui veut bien le croire, surtout, répondit le jeune homme.

Le père sourit :

— Ce que tu dis est vrai, fils. Il raconte trop beaucoup d'histoires pour qu'elles soient toutes vraies.

Une voix s'éleva du hameau, cent cinquante pas plus bas. Ils sourirent en reconnaissant la voix de Ta Tine appelant les Poules, pour les nourrir :

Quiqui, quiquiii ! Quiquiqui, quiquiiiiiiii !

Comme si ce fut un signal mettant fin à la conversation, le gros homme se releva en ahanant. Son fils se précipita pour lui porter assistance, le soulageant de son poids en le prenant sous les aisselles. Clavis prit la « quille » que Clodoald lui tendit :

— Ma Rielle a fait sa soupe pour le déjeuner.

Viens, allons-nous restaurer avant d'aller à la forge. J'ai allumé le feu et préparé le charbon, pour l’acément. Il sera à la bonne chaleur quand on aura fini le fromage et le vin.

Arrivés devant les premières maisons du hameau, une jeune dame aux cheveux noirs comme les ailes d’un corbeau jetait des restes de légumes dans la cour. Des poules accouraient en caquetant, se disputant chaque morceau avec vivacité. Elle s’adossa contre un pilier et attendit que les deux hommes la rejoignent. Elle s’adressa à l’aîné :

« La soupe est sur la table, père. Je vais porter les fagots pour faire le charbon, dans la réserve ?

Le gros homme posa une main sur l’épaule de la jeune dame :

— Tu es brave, ma fille. Je sais que tu es levée depuis longtemps. Va plutôt aider la fille du moulinier. Elle et sa mère ne pourront pas ensacher toute la farine que le moulinier aura passée sous la meule, cette nuit. Et si on en croit les rumeurs, les soldats arriveront affamés demain matin. Ils auront besoin de réserves.

Ta Tine sembla s’élever du sol lorsqu’elle s’élança d’un pas léger vers le moulin, qui se dressait fièrement sur la rive. En contrebas, la roue à aubes tournait lentement au rythme du courant de l’Estey. Clodoald la suivit du regard tandis qu’elle franchissait le pont de pierres, jusqu’à ce que la bâtisse l’engloutît.

« Tu viens, fils ?

Ces trois mots le tirèrent d’un songe. Il sursauta, soupira doucement, et accompagna son père vers la cuisine qui jouxtait la forge. Un doux ronronnement leur parvenait de l’atelier : le feu y dormait encore, prêt à œuvrer le fer et le cuivre.

Ils s’assirent de part et d’autre d’une solide table en bois de châtaignier. Un gros pain entamé trônait en son centre, et deux écuelles de terre cuite étaient remplies d’une soupe fumante et parfumée. Des morceaux de lard séché reposaient sur des tranches de pain frotté d’ail et d’oignon, arrosées d’un filet d’huile. Clodoald attendit que son père croque dans sa tartine avant de se servir à son tour. Il dégusta le potage à la cuillère de bois, alternant avec les bouchées de pain au lard.

Une fois le fromage et le vin terminés, ils se levèrent et gagnèrent la forge. Là, ils se mirent à l’ouvrage, activant le vieux soufflet craquelé pour ranimer le feu. Ils martelèrent ensemble le fer chauffé à blanc, l’aplatissant sans relâche, faisant voler la calamine pour révéler peu à peu une véritable lame. Le métal encore rougeoyant était ensuite plongé dans un seau d’eau froide : un nuage de vapeur s’élevait, flottant un instant avant d’être emporté par un souffle d’air.

Ils travaillèrent jusque dans la fin d’après-midi.

Le soleil était encore à deux mains et demie au-dessus du couchant lorsque le polissage des pièces métalliques prit fin. Les lames n’attendaient plus qu’à être fichées dans leurs manches de bois ciselé, et cerclées de bagues de cuivre décorées du Tau du comté de Tolosa. Parfois, Clavis obtenait une pierre irisée qu’il sertissait dans la poignée, sur commande. Mais en ces temps incertains, il devenait difficile de se procurer le fer de Tolède, si prisé pour forger des lames solides. Les pierres, quant à elles, étaient devenues accessoires et hors de prix.

Clavis ôta son lourd tablier de cuir, noirci par tant d’heures passées à cuire devant les flammes. Il le suspendit à un crochet que son fils avait forgé lui-même, au début de son apprentissage. C’était le signal que la journée s’achevait.

Le jeune homme regarda longuement son père. Sous la lueur tremblante de la chandelle suspendue au plafond, son crâne nu brillait légèrement. Une brume dorée flottait autour de lui. Une boule se forma dans la gorge du garçon, comme une certitude amère. Ces moments seraient peut-être les derniers qu’il partagerait avec lui.

Une gourde en peau de chèvre trempait dans un baquet d’eau, contenant un vin de pêche aigri mélangé à un peu d’eau et de miel. Elle dégoutta lorsque Clavis la sortit du bain. Il arracha le bouchon de liège et but une longue rasade avant de tendre le sac ruisselant à son fils.

Il faisait une chaleur d’enfer dans cette forge, et malgré les deux battants ouverts sur la fraîcheur du soir, l’air restait lourd, asséchant le gosier. L’eau du baquet gardait la boisson fraîche. Le vin aigri masquait le goût animal de la peau qui le contenait. Clodoald fit couler le liquide directement dans son gosier, sans qu’une goutte ne dégoutte sur son menton. Il balaya la forge du regard, comme à chaque fin de journée, cherchant un outil égaré, un brandon encore brûlant tombé à terre, un objet qui ne serait pas à sa place. Il se remémorait alors ce que son père lui répétait pendant son apprentissage :

« Mieux sera rangé ton atelier, plus tu gagneras de temps pour travailler sereinement. »

Pendant que son père, Clavis, allait s’asseoir dans la cuisine pour rejoindre Ma Rielle, déjà au fourneau, le jeune homme sortit et déambula dans l’allée menant au ruisseau, qui grondait en bas du talus.

Il s’éloigna des maisons et longea l’Estey jusqu’à un saule dont les fines branches penchaient vers l’eau, comme pour s’y désaltérer. Deux autres garçons, de son âge approximatif, y étaient déjà. L’un d’eux, trapu, massif, à la chevelure marron en bataille, se tourna vers Clodoald. Un sourire étira ses lèvres, et il cria pour couvrir le doux grondement du ruisseau :

« Le Boiteux a fini son œuvre ? »

L’autre marmonna quelque chose d’à peine audible. Mais Clodoald n’avait pas besoin d’entendre : il connaissait ces deux-là par cœur. Il savait que Marcus, le plus sec des deux, venait de réprimander son ami Solfhir. Solfhir avait toujours le mot pour rire, sans méchanceté, mais ses plaisanteries pouvaient parfois blesser. Clodoald n’aimait pas que son père soit réduit à « Le Boiteux » ou « Le Gros ». Son père avait un rôle important dans le hameau, pour ses habitants, qui avaient besoin de fourches, de lames pour les faux, ou de socs pour les charrues. Sans parler des commandes spéciales pour armer les soldats du comté de Tolosa, défendre les terres et les cultures. Par respect, ils pourraient au moins l’appeler par le nom que lui avait donné le père de son père : Clavis.

Clodoald serra les poings, ses yeux verts des marais devenant gris acier, avec des étincelles crépitant comme des reflets sur leur surface.

« Tu sais que je n’aime pas que tu dises ça, Solfhir. Conscient d’avoir dépassé les bornes, Solfhir se tassa sur lui-même, jambes écartées, poings serrés, prêt à en découdre.

— Je suis plus fort que toi, Clodoald.

Une voix tonna du saule :

— Paix, vous deux !

Marcus s’approcha lentement, sa démarche lente, ses maigres jambes de faucheux, et s’interposa :

— Vous n’allez pas vous battre aujourd’hui. Le soleil est trop bas pour que je voie qui triche.

Solfhir sembla se détendre, laissant tomber les bras le long du corps. Marcus avait ce pouvoir sur lui. Clodoald arracha une longue tige d’herbe et en suça l’extrémité, appréciant le goût légèrement sucré.

— Je n’ai aucun besoin de tricher pour ridiculiser cette masse de muscles ! Il est trop lent et manque de souplesse. Le ton calme de Clodoald décontenança son ami d’enfance. Les trois jeunes hommes avaient grandi ensemble, et Solfhir ne s’était jamais risqué à aller plus loin que la menace, se méfiant de la force du jeune forgeron malgré son allure fluette.

« La masse de muscles » s’assit en tailleur dans l’herbe, tête penchée en arrière, et répondit :

— Si tu veux gagner un combat, tu es forcé de tricher. Tu es trop bête pour savoir te battre, et ce n’est pas avec tes petits muscles de jeune jouvencelle que tu peux espérer gagner contre moi.

Clodoald s’assit à son tour, rejoint par Marcus qui soupira en s’asseyant à côté. Il fixa son ami :

— Solfhir, il faut que tu arrêtes sur-le-champ de parler de Clavis comme tu le fais. Ce n’est pas respectueux. Pour ça, je serai toujours du côté de Clodoald.

Celui-ci commença à dire :

— Son p... »

Mais s’interrompit aussitôt lorsque Marcus tourna brusquement la tête vers lui, son regard sombre plongeant dans les yeux couleur des marais, comme s’il voulait s’y enfouir et sonder son esprit. Un léger malaise s’empara de Clodoald, comme si sa tête devenait trop petite. Marcus avait ce don : d’un simple regard, il pouvait faire cesser un combat, rompre toute envie belliqueuse et apaiser une situation qui aurait pu tourner mal.

Solfhir regarda Clodoald et demanda :

— Que feras-tu demain ?

Clodoald mâchouilla son herbe, la retira de sa bouche, l’observa comme s’il cherchait une réponse. Puis leva la tête vers le ciel et soupira :

— Je ferai comme vous autres. Avancer d’un pas quand les soldats le demanderont, et partir avec tous les hommes.

Il étendit ses jambes nues, ressentant des picotements lui monter aux mollets.

— Soit dans une caserne vers les montagnes Ibères pour repousser les Maures. Ou alors dans l’ost de la cité de Tolosa pour lutter contre les Alamans au Levant, à l’Est. Peu importe où nous serons envoyés.

Solfhir se releva, étira ses bras musculeux et les fit tournoyer. Il s’approcha de Clodoald et posa une main large comme un battoir sur son épaule chétive, qu’il pourrait broyer s’il en avait la fantaisie.
« Et ton père, comment il va se débrouiller à la forge ? »

— C’est ce qui me perturbe, répondit le jeune homme. Depuis que le Galle a chanté, nous avons œuvré et terminé les pièces que le comte avait demandées. Comme il avait payé en monnaie d’argent, mon père a le temps de voir venir. Le plus dur sera de trouver un jeune qui voudra apprendre la forge. En attendant que je revienne.

Marcus s’était approché, à son tour.

— Et tu vas faire comment, pour revenir ? L’interrogea-t-il. Comme beaucoup de jeunes de notre âge, tu seras sur un terrain de guerre. En première ligne, sur un front à devoir te battre. »

Les deux autres soupirèrent. Leur copain avait certainement raison. Le père de Marcus voyageait beaucoup, pour aller chercher ou vendre des pierres. Il travaillait à la construction de bâtiments militaires et glanait des informations au fil de ses relations commerciales.

Le soleil déclinait sur l’horizon, donnant le signe de départ. Ils marchèrent en silence, se séparant chacun dans sa direction après s’être salués.

Clavis avait laissé la lanterne allumée, afin que son fils ne bute pas dans l’obscurité de la forge. Une faible lueur émanait du fourneau, issue des braises rougeoyantes qui perdureraient jusqu’au petit matin, prêtes à repartir pour forger le fer et le cuivre, les deux métaux que son père parvenait à obtenir pour fabriquer lances, casques, plastrons et spathas (glaives, ou lames plates en latin). Le fer de Tolède, indispensable pour forger de bonnes épées, était difficile à obtenir, et cher.

Il devina les sacs de sable dans un coin, les brocs de charbon plus loin. Il soupira, éteignit la chandelle et pénétra dans la cuisine. Il voulait boire un verre de vin avant de rejoindre la pièce borgne où il s’était installé.

Ses deux sœurs avaient besoin d’intimité, et la chambrée était devenue trop petite pour lui.

Une bougie éclairait la pièce ainsi que sa sœur, Ta Tine. Elle était assise, buvant dans un godet. Le jeune homme fut surpris : c’était la première fois que sa sœur aînée n’était pas déjà endormie à cette heure.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-il doucement, un ton inquiet dans la voix.

Ta Tine le regarda, lui adressa un sourire triste :

— J’ai peur pour demain. Tu vas devoir suivre ces soldats, te battre je ne sais où.

Elle reposa son godet sur la table, lentement, le

tenant un moment entre le pouce et l’index, faisant valser le liquide.

— Tu vas pouvoir ?... Je veux dire...

Sa phrase resta en suspens.

Clodoald s’assit sur le banc en châtaignier, à côté de sa sœur, et montra le récipient du doigt :

— C’est la poire ?

Le sourire qu’elle lui adressa voulait tout dire. Le godet en étain contenait une liqueur distillée par leur oncle, le frère de leur mère, une sorte de vagabond sédentaire. Il distillait, pour s’occuper, toutes sortes d’herbes, de feuilles, d’écorces et de fruits. Il en donnait à son beau-frère, qui buvait très peu, pour conserver un lien entre deux hommes ayant aimé la même femme, l’un en tant qu’époux, l’autre en tant que frère.

Clodoald demanda :

— Je peux ?

Elle opina silencieusement. Il porta doucement le gobelet sous son nez, huma les senteurs boisées et alcoolisées, puis laissa glisser un peu de liqueur entre ses lèvres. Le liquide légèrement ambré lui brûla un peu la langue, le palais, et enflamma son gosier. Ce n’était pas la première fois qu’il goûtait cet alcool de poire, mais il était à chaque fois surpris des nouvelles nuances que la liqueur développait au fil du temps. Clodoald sentit la chaleur descendre dans son estomac, laissant un goût fruité dans sa bouche.

Ils discutèrent une bonne partie de la nuit, et lorsque Ta Tine en fut à son troisième bâillement qu’elle chercha à dissimuler de sa main, ils se séparèrent, chacun rejoignant sa chambrée.

Le jeune homme eut du mal à trouver le sommeil, se tournant et se retournant dans son lit. Son esprit s’obstinait à penser aux lendemains, à comment son père et ses sœurs allaient faire tourner l’atelier.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire LeRikou ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0