VI - Crocs contre griffes : l'agitation d'un entracte [6/9]

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   L'homme aux cheveux d'ambre resta silencieux de longues secondes, adossé contre le mur adjacent à la porte, sans bouger, avant de se décider à briser le silence.

  • Je sais que tu es là., souffla-t-il simplement d'un air neutre., le tutoiement lui venant spontanément.
  • Qu'est ce que ça peut te faire.. Tu ne devrais pas retourner avec cette bécasse idiote ?, Renifla le fuyard avec une colère palpable, laissant tomber à son tour la marque de politesse. Certainement n'en étaient-il plus à cela, désormais.

La comparaison affublée à Layla l'amusa secrètement, même s'il n'en fit rien remarquer. Toujours accoudé au mur – en gardant le mieux possible sa posture élégante, ça allait de soit –, le trentenaire guettait la moindre réponse qui proviendrait du jeune homme. Il commençait à s'impatienter quand une violente quinte de toux se fit entendre derrière la porte, et Alban fronça les sourcils. Il n'essaya pas d'ouvrir la porte, il se doutait bien que l'autre androgyne n'était pas si imbécile, et avait certainement verrouillé pour éviter d'être dérangé. Mais bon, comme une trop grande patience n'était pas son fort, il n'hésiterait pas à la faire sortir de ses gonds si Florence refusait de lui ouvrir.

  • Compte tu finir par m'ouvrir ou vas tu me laisser là attendre comme un gentil chien qui patiente après son maître ?, finit-il par lâcher d'un ton agacé, frustré, après que le silence soit finalement revenu.

Attendre comme ça après quelqu'un avait tendance à facilement porter ses nerfs à vif. Il détestait agir de cette façon. Être comme ça, face à une situation dont l'issu ne dépendait pas de lui le frustrait énormément et pouvait aisément le mettre hors de lui. Et savoir qu'il n'avait aucun moyen d'avoir une quelconque influence sur la personne sur laquelle portait le dit choix l'énervait encore davantage. Malgré tout, le blond essayait de se contraindre au calme pour éviter d'envenimer les choses. Pour le moment du moins. Mais du mouvement derrière la porte se firent enfin entendre et Alban reporta son attention sur celle-ci.

  • Un chien tel que toi aurait besoin d'une muselière et d'un collier étrangleur afin de comprendre qu'il doit rester à sa place., avait répliqué l'insolent, se trouvant vraisemblablement juste derrière la cloison vérouillée.

La réplique vicieusement lâché par l'androgyne eut l'effet d'une bombe sur l'homme d'affaire aux cheveux miel et il retint au maximum les traits de son visage de se tirer, alors même qu'une bouffée de rage l'avait immensément secouée de l'intérieur. Il serra les poings jusqu'à ce que sa peau devienne blanche, mais quand la porte s'ouvrit devant lui, ses traits étaient entre l'impassibilité et la dureté, mais la colère qu'il ressentait et son ego blessé ne transparaissaient pas. Florence ne pouvait pas savoir à quel point il pouvait facilement réussir à malmener ses nerfs fragiles. Mais l'homme semblait véritablement épuisé. Et plus malade encore qu'a leur dernière rencontre, et plus souffrant, plus pâle qu'il y a quelques minutes durant leur courte danse. Pourtant, il ne fit pas le moindre commentaire, se contentant de verrouiller la porte derrière lui et de s'accouder à celle-ci d'un air nonchalant, comme s'il s'ennuyait. La pièce était spacieuse, luxueuse même, et un âtre contenait des flammes qui léchaient mollement les bûches à l'intérieur, conférant à la pièce plongée dans l'obscurité des lueurs orangées.

  • Je ne suis pas du genre à accepter une muselière ou des chaînes sans me battre. Après tout, les loups sont réputés difficiles à mettre en cage, n'est ce pas ?, lança-t-il simplement avec un air condescendant et narquois, cachant habilement ses émotions désordonnées, avant de détailler les traits de son vis-à-vis., Mieux vaut le tuer que l'enfermer.

L'androgyne, qui avait reprit place au fond de la pièce entre temps, vint légèrement pencher la tête sur le côté en levant ses yeux intenses et rougit par les flammes à ses côtés. Il le détaillait simplement, demeurant silencieux, puis siffla avec un air condescendant après quelques instants de silence :

  • On ne les met jamais vraiment en cage. Mais un loup solitaire meurt plus rapidement lorsqu'il n'est pas accompagné.

Son expression changea lentement, devenant amusée, arrogante. Les traits de son visage, écarlates sous les flammes, lui fit un drôle d'effet dans la poitrine, et une étrange image, totalement fantasmé naquit dans son esprit avant qu'il ne la refoule. Le blond était aussi bien trop tordu pour le commun des mortels, il en avait conscience.

La figure de chanteur était plus pâle, ses traits plus tirés que la dernière fois qu'ils s'étaient vus. La couleur des flammes rendait la chevelure rousse de la silhouette dos à lui flamboyante, comme si elle était en train de s'embraser et que ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne se consume. Ce qui était probablement un résumé fort peu éloigné de la vérité de l'état de santé du jeune malade..

Alban observa sans un mot l'homme déboucher une bouteille de vin - le chanteur obtenait définitivement bien des privilèges -, le son du bouchon parvenant délicieusement à ses oreilles, puis boire plusieurs gorgées au goulot.. La vue d'une âme brisée aurait pu lui être indifférente s'il ne s'agissait pas de Florence. Et accepter cette seule pensée l'exaspérait. L'avouer était pire encore. Il préférait se crever les yeux plutôt que l'admettre. Encore plus au principal concerné.

  • Certes., avoua-t-il, un fin sourire plaqué sur les lèvres en s'approchant pour récupérer la bouteille, portant à son tour le goulot un instant à ses lèvres, avant de la reposer près de l'androgyne., Mais il ne fait pas bon d'ignorer que certains loups parmi les loups sont un danger pour la meute. Le mieux à faire pour la sécurité des petits et des anciens et de procéder à un bannissement. Ou alors de le tuer. En outre, la violence de ce loup fait que toute compagnie et un danger pour lui-même, sans oublier que ça l'est aussi pour la dite compagnie, cela va sans dire.
  • Qui sait.. peut être que la dite compagnie a besoin de la violence de ce loup pour tenir. Et que cet exil, dans tous les cas, leur pend au nez.

Sans même s'en rendre compte, dans un premier temps, l'homme d'affaire rejoint le malade dans son sourire amusé, et entre ses yeux naquit un pli qui trahissait cette pointe d'amusement, en même temps que la lueur rieuse présente au fond des prunelles. On avait beau dire, Florence était pour lui une présence bien plus intéressante que le reste du commun des mortels qui se complaisait dans la niaiserie et l'insouciance idiote. Lui était infiniment plus complexe, plus amusant à étudier. Et pour lui tenir tête encore et encore, plus exaspérant également. Mais c'est ce qui rendait les choses aussi intéressantes, alors..

  • Alors la compagnie fait preuve de beaucoup de beaucoup trop de candeur, probablement devrait-elle apprendre la prudence., dit-il en arborant à nouveau son fin sourire aiguisé., Sûrement seront-ils exilés, en effet. La masse grouillante à tendance à peu apprécier les inadaptés., souffla Alban d'un ton onctueux en reprenant une gorgée de vin.

Il alla reposer son dos contre le mur opposé, gardant toujours un regard scrutateur sur la forme près du feu qui fredonnait avec douceur. Voir le jeune homme glisser çà et là sa main près des flammes refit naître en lui cette étrange excitation – était ce le bon mot qui correspondait à son ressenti ? – dans son estomac. Il s'agissait de l'image parfaite, celle qui correspondait en tout point à l'expression jouer avec le feu. À tout instant, Florence pouvait se brûler, engendrer lui même sa souffrance et sa fin, tel Icare, mais tout ce que ressentait Alban en l'observant, lui et la mélodie qui sortait de ses lèvres, était une incroyable fascination alors que l'androgyne était présentement occupé à effleurer les flammes brûlantes du bout des doigts, comme hypnotisé.

  • Mais de toute évidence, n'est ce pas la dite compagnie qui a choisi de fuir ?, lança soudain Alban comme une dure piqure de rappel de leur nuit des mois passés, n'y tenant plus.

Florence était complètement lunatique. Il le cherchait sans cesse, l'attirait comme un aimant qu'ils auraient en leur âme, pris au piège au creux de leur carcasse, mais dès qu'il s'approchait un temps soit peu, l'androgyne prenait la fuite comme s'il l'avait brûlé.

  • Tu n'étais pas obligé de suivre un fuyard.., répondit-il sans répondre à sa question., Tu devrais retourner avec ces idiots.. Le temps que je trouve le moyen de me tirer d'ici.

Les paroles du chanteur claquèrent comme un coup de fusil dans son esprit, et il sortit de sa contemplation. La fin du rêve et de l'illusion.

  • Un fuyard qui, bien malgré lui, sait m'évoquer plus d'intérêt que la totalité des sous-merdes qui se trouvent dans cette salle là-bas. Non, non, je préfère rester ici pour le moment. Autant éviter un scandale de quelque nature que ce soit, notamment sur ma possible nature irresponsable à laisser filer une pauvre demoiselle en détresse que j'aurai fais fuir quelques minutes plus tôt.., dit-il avec un sourire joueur.
  • Cette demoiselle en détresse aurait pu se sentir véritablement mal sans une présence.., Mais la phrase de Florence se coupa net, fronçant les sourcils. Son nez, saignant comme à leur dernière rencontre, s'était manifesté., ..Telle que la tienne.., conclut-il néanmoins.

Le plus âgé fronça à son tour les sourcils, une étrange sensation le prenant au tripes en observant le sang qui coulait en quantité suffisante pour que ce soit inquiétant. Dans une autre situation, voir le sang couvrir délicieusement le visage de Florence aurait pu être source d'une profonde excitation, mais là, son ventre se tordait incompréhensiblement.

  • Cela arrive t-il souvent, les saignements ? Peut-être devrais-je te raccompagner ?, demanda-t-il, sans même qu'il n'ait vraiment autorisé cette curiosité soudaine à se manifester.

Sans répondre, le jeune homme se contenta de secouer la tête, lui signifiant bien qu'il ne souhaitait pas son aide. Le trentenaire sentit malgré tout son corps se crisper légèrement, se ventre remuant violemment en lui quand le chanteur malade retira sa crinière rousse de son crâne bel et bien dégarni. Ceci expliquait donc cela.. Son état semblait réellement bien plus grave que la dernière fois. Il le regarda sans dire un mot, son visage lisse de toute expression désormais. Avec ou sans, les traits du visage de Florence, eux, restaient fidèles à eux-mêmes, fins et doux, malgré l'air maladif qu'il affichait. Quand bien même son acolyte restait agréable à regarder, c'était avant tout l'aura ; le caractère de lion ; ses regards acérés, presque autant que les siens ; ses sourires, rusés ; ses mots, condescendants, qui le rendait si attractif à ses yeux. Et peut être, fort probablement aussi, cette ombre de mort qui planait au dessus de sa tête, pouvant s'abattre comme un fléau sacré à tout moment. Toujours aussi irrésistiblement proches de Thanatos. Non, Alban n'était décidément pas fait pour penser à la manière du pathétique de ses insipides congénères.

  • Peu importe. Je suis content, soulagé même, de te voir ce soir., murmura le jeune homme en frottant son nez, la voix faible.

La suite lui laissa une impression mitigée qui s'ancra jusque dans son âme. Les mèches factices explosant en brasier dans le feu quand Florence y balança la perruque, remuèrent en lui une sensation fascinante au sein de sa poitrine. Mais celle des larmes qui se mirent subitement à couler sur le visage de son vis-à-vis le serra douloureusement. Le choc de ces deux émotions indescriptibles et opposées le rendirent fébrile. Mais ce sont véritablement ses paroles qui manquèrent de le faire vaciller, bien qu'il resta fermement ancré sur ses jambes. Pour la première fois de toute sa vie, du moins, aussi loin que sa mémoire ne l'autorisait, les mots de l'androgyne parvinrent, d'une façon ou d'une autre à le toucher. Ce n'était que des petits mots, rien de bien significatif ni incroyable, mais une émotion plus brute le secoua alors et il lutta pour garder un visage impassible.

Toutefois, son corps se crispa à nouveau devant la soudaine pâleur et faiblesse plus prononcée de Florence, avant que sa tête ne se laisse tomber sur son épaule. Il venait sans nul doute de perdre conscience. Dans le doute, il s'approcha un instant pour le secouer, mais comme il le pensait, ça n'agissait pas.

Alors, après un juron, il prit la décision d'aller chercher sa voiture et de la garer près de la sortie annexe qui se trouvait à quelques mètres de ces salles. Au moins, il n'aurait pas besoin de traverser la salle de réception bondée avec le malade.. Avec un soupir, il suivit ce plan, puis, après quelques minutes, il coupa le moteur près de la sortie de secours, le parking y étant relié étant heureusement vide. Traversant à pas rapide les couloirs, il revint chercher la silhouette inconsciente qu'il avait étendu le dos contre le mur et la pris sans ses bras.

  • Alban..

La voix faible du jeune malade, qui avait repris connaissance mais que les yeux vitreux fixaient sans vraiment voir, lui retourna l'estomac dans une sensation qu'il avait toujours du mal à comprendre mais qu'il savait, ressentait, comme négative. D'ailleurs, sa réaction aussi lui faisait incompréhensiblement mal. Florence semblait tout juste réussir à rester conscient alors que son corps était en train de l'abandonner sans le moindre état d'âme, forçant son esprit à lentement, douloureusement, dériver.. Mais pour une raison que l'homme d'affaires ne s'expliquait pas, il n'avait pas envie que ça s'arrête maintenant.

Il le refusait totalement. À l'intérieur de lui, son esprit semblait marteler qu'il souhaitait encore continuer ses joutes verbales piquantes à souhait et acérées comme le tranchant d'une lame, avec l'androgyne ; voir ses regards si condescendants, ses sourires arrogants qui le rendaient si attractifs, entendre ses paroles affreusement exaspérantes. Pouvoir le dominer, lui montrer qu'il était le plus fort. Se sentir aussi bien que durant cette nuit qu'ils avaient passés ensemble. Écarter ses démons, définitivement. Des motifs franchement égoistes, mais il n'en avait cure.

Soit, le propre de l'homme était d'être égocentrique, or, l'absence du jeune chanteur lui manquerait s'il venait à disparaître, même si ça lui arrachait la langue de l'admettre, lui qui ne s'attachait à quiconque. Enfin, ce n'était pas vraiment de l'attachement, non ? Tout juste une légère.. tolérance ? N'est-ce pas ? Évidemment. Décidément, Florence avait un don certain pour embrouiller ses sens.

Alban baissa finalement son regard vers les prunelles dérivantes et devenant lentement vitreuses, floues. Il ne put s'empêcher de serrer la mâchoire. Il devait absolument se dépêcher, heureusement il atteint à ce moment la porte de secours sans avoir croisé personne. Ouvrant le côté passager avant, il installa le malade le plus délicatement possible sur le siège avant de l'attacher, puis au pas de course, il rejoignit le côté conducteur et démarra la voiture. Leurs soirées semblaient décidées à se produire de manière bien chaotique.. Il semblerait qu'un nouvel aller vers l'hopital soit nécéssaire, et définitivement pour de vrai, cette fois-ci. La première qu'il avait passé en compagnie de l'androgyne avait manqué de s'y finir et celle-ci prenait fatalement la même voie. Le trentenaire se demandait s'il ne devait pas y voir un quelconque signe obscur du destin.. Enfin, c'est sûrement ce qu'il se serait dit s'il croyait.

Alors qu'il roulait très légèrement au delà des limites réglementaires, l'homme d'affaire jetait de temps à autres des coups d'œil vigilants sur la silhouette en train de s'affaisser le long du siège un peu plus à chaque seconde. Le pincement dans son estomac à chaque fois qu'il posait les yeux sur le malade le mettait à bout de nerfs. Alban maugréa d'un air mauvais alors qu'il lâcha, irrité :

  • Eh !

Arrivée à la dernière intersection avant celle de l'hôpital, il passa le feu rouge en trombe, excédé par la simple existence de la machine en cette soirée, et ignora les bruits ambiants de la ville en pleine excitation, il n'y fit même pas attention, en vérité, son attention entière était focalisée sur l'androgyne.

  • Eh !, répéta-t-il plus fort.

Mais visiblement, ça n'eut pas vraiment d'effets puisque Florence continuait a fixer le vide d'un œil absent. La sensation néfaste dans sa poitrine s'accentua et il rehaussa Florence plus haut sur son siège, relâchant par ce biais, la pression de la ceinture sur lui. L'unique bonne chose était le tarissement du saignement de nez du jeune homme.

  • Eh ! Je t'interdis de me laisser en plan, tu m'entends !, Lâcha-t-il excédé, en proie à une émotion qu'il avait depuis bien longtemps oublié. Un sentiment qu'il s'amusait à faire naître chez les larves, mais qu'il s'était pourtant juré de ne plus jamais ressentir : la peur. Celle-là était bien trop ancrée dans ses gènes pour qu'il n'en oublie rien, ni son nom, ni ses sensations, ni son emprise sur son esprit.

Comment s'était-il retrouvé dans cette situation, déjà ?!

  • Florence ! Continua-t-il avec férocité avant, en désespoir de cause, de mettre une gifle sur sa joue pâle et froide., Ne t'endors pas, on est presque arrivés !, cria le blond.

Les nerfs à vif, il s'arrêta devant l'entrée des urgences. Il avait espéré ne pas avoir à faire ça, mais la vie de Florence était en jeu, alors.. Il sortit son téléphone, tapant le numéro du médecin qui lui devait toujours un foutu service, et il comptait bien lui faire honorer leur marché.

Après quelques petites minutes qui lui semblèrent bien trop longues, l'homme lui fit signe à l'entrée annexe et il porta le malade jusqu'à lui. Après ça, le médecin, faisant fit de ses protestations, l'envoya à l'accueil pour attendre parmi le reste de la détestable vermine patientant aux urgences, le temps qu'il s'occupe de l'androgyne. Statut privilégié ou pas, Florence lui en devrait une belle pour le forcer à attendre avec la masse de cloportes abrutie.

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