Chapitre 7 : l'étrange métabolisme (1/3)

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Elear s’était dressée hâtivement avant de quitter l’estrade d’un pas tout aussi vif. Lins ne lui accorda pas un regard, mais la promptitude avec laquelle elle s’en alla ne lui échappa point. Les premiers potentiels avaient franchi la barrière sous de bruyantes acclamations ponctuées d’applaudissement du public, ils furent aussitôt recueillis par des soigneurs et médecins.

Elise, dans les bras protecteurs de l’elfe, somnolait à moitié lorsqu’ils entendirent le brouhaha du peuple. On s’empara immédiatement de la jeune femme, une autre elfe dirigeait l’attroupement qui l’emportait loin de son mentor. Longiligne, mais dotée de formes généreuses, la congénère de Hèros observait le corps meurtri de la recrue assommée. Ses cheveux châtains, fins et soyeux, tombaient en mèches rebelles sur son front et s’échappaient de son chignon strict tandis qu’elle se penchait.


— Que s’est-il passé ? Il est rare qu’une recrue sorte dans cet état. Généralement, ils y restent, demanda-t-elle sans ambages.

— Nous avons rencontré quelques complications et je doute sincèrement que ça soit le fruit du hasard, répliqua-t-il alors qu’il toisait d’une œillade inquisitrice le siège vide de la princesse.

— Tu les soupçonnes ?

— Ils ne jouent pas franc jeu, Lefa. Jamais. Tu es bien placée pour le savoir.

Elle acquiesça d’un hochement avant de lui enserrer l’épaule dans sa chaude poigne.

— Sur ce, je te laisse j’ai une patiente à rafistoler. Encore, lança-t-elle un sourire canaille sur les lèvres.

— Vas-tu t’en occuper personnellement ?

— Tu es son mentor, je tiens à ce qu’elle survive. Elle te met hors de ta coquille frigide et rien que pour ça, elle vaut mon temps. Et puis, tu as l’air d’y tenir.


Elle ponctua sa parole d’un clin d’œil tacite. Tandis qu’il s’apprêtait à répliquer, elle disparaissait déjà parmi la foule des soigneurs dont les tentes blanc cassé démarquaient l’horizon. Le regard de Hèros s’était arrêté sur le symbole de médecine qui les flanquait : une étoile à huit branches croisée d’un cercle et surmontée d’un cône ouvert.



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À chacune de ses inspirations, une odeur végétale entêtante s’engouffrait en son être, répandant une fraîcheur bienvenue dans son sillage. À l’exception de ses narines, Elise était engourdie de la tête aux pieds. Ses membres étaient bandés de manière suffisamment ferme sans pour autant lui couper la circulation ; elle aurait pu aisément se mouvoir si elle n’était point ankylosée.

— La six-trois est réveillée, annonça une voix masculine étouffée par l’épaisseur du bandage.

L’inconnu, qu’Elise supposait être un soigneur, semblait surpris par sa constatation. Elle orienta l’oreille dans sa direction dans l’espoir de mieux percevoir les conversations qui avaient lieu autour d’elle.

— Eh bien ! Quelle résistance, chantonna une voix gracieuse et familière.

— Nous lui avions administré une dose capable d’assommer plus de dix hommes du double de sa carrure. Elle n’aurait pas dû s’éveiller avant au moins une semaine ! ponctua une énième voix inconnue.

— Ce n’est rien Delia, je m’en occupe ! Charge-toi des blessés à la situation urgente, cette demoiselle est hors de danger pour l’instant.


Elise entendit des pas sourds s’éloigner et d’autres approcher sa couche.

— Il va falloir qu’on se donne rendez-vous ailleurs, vous ne croyez pas ? lança l’inconnue à la voix familière d’un ton enjoué presque déplacé.

— Je vous connais, n’est-ce pas ?

— Rafistoler quelqu’un, cela rapproche. Laissez-moi examiner vos yeux.


Elise esquissa un léger sursaut lorsque les mains froides de la soigneuse entrèrent en contact avec ses tempes. Cette dernière défit le bandage d’une main vive et experte, palpa le front et le cuir chevelu à certains endroits et ce faisant éveilla une légère douleur qui arracha un sifflement de désapprobation à la blessée.

— Pardonnez-moi, mais je devais vérifier. Voyons voir, n’ayez pas peur d’ouvrir les paupières. Nous avons méticuleusement nettoyé et soigné vos yeux.


Peu rassurée, Elise entrouvrit tout de même les paupières. Une sensation de gêne papillonnait entre chacun de ses battements de cils, mais l’engourdissement la rendait supportable. Elle put enfin mettre un visage sur la voix de l’inconnue : elle était « Lefa », l’amie et connaissance de Hèros. Une elfe également d’après ses traits caractéristiques et ses oreilles anguleuses.

— Vous pensez être capable de les ouvrir davantage ? Non ? Je m’en occupe. Ne vous inquiétez pas, je sais être délicate et précise : pas de doigt dans l’œil, aujourd’hui, dit-elle un sourire ravissant sur les lèvres.

Elise ne résista pas et exécuta les moindres demandes de sa guérisseuse. Elle se détendait naturellement en sa présence.

— Regardez à gauche. À droite, maintenant. Vers le haut... Vers le bas, je vous prie. Voilà j’ai fini.

L’elfe cessa de se pencher et se dressa de toute sa hauteur, elle paraissait si grande avec ses jambes interminables. Elle arbora un air satisfait tandis qu’elle s’adressait à la blessée.

— Bonnes nouvelles : vos yeux retrouvent leur couleur et la muqueuse s’humidifie à nouveau. Il n’y a plus de traces d’échardes ni d’injection sanguine. Vous allez, cependant, devoir poursuivre l’hydratation à l’aide d’eau d’aloe hydre sous forme de gouttelettes que je vous fournirai, plus tard. Jetons un œil aux autres blessures.


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