L’autel de calcaire qui prônait dans le petit sanctuaire était le lieu favori de l’haruspice, qui y faisait l’office. Ainsi, seigneurs, princes et rois se fiaient, eux et leurs peuples, aux fantaisies et aux interprétations. "Absurde" pensa-t-elle, avec raison.

 L’augure, fier de ses élucubrations ne prit pas la peine de sacrifier une bête. Il fouilla les entrailles puantes d’un animal ayant déjà servi, ce qui lui permis de justifier sa mauvaise lecture. "Voleur" pensa-t-elle, avec raison.

 La grande place et ses rues adjacentes étaient bruyantes. Les habitants y faisaient leurs emplettes, les éleveurs leurs échanges et les marchands usaient de belles paroles dans l’espoir de truander leurs pairs. Voilà ce que cachait tout ce tumulte. "Pas pour moi" pensa-t-elle, avec raison.

 Que faire ? sans orientation, sans possibilité. Allait-elle s’en aller, rejouer la fille de l’air, s’enfuir, battre le pavé des rues marchandes puis prendre la route, une nouvelle fois, pour aller se perdre dans le désert ? Que fuyait-elle ? La question trouva vite sa réponse : la brutalité, la bêtise et la soumission. "Oui, continue" pensa-t-elle, avec raison.

 Alors une fois de plus, elle s’en alla, dépassant une fois de plus les hautes murailles, une fois de plus, elle marcha, seule, de village en village, le corps meurtri et les lèvres sèches. "Les dieux t’aideront" pensa-t-elle, avec raison.