Le tribut d'une nuit
0: Toujours repartir de 0.
1 : Réveillez mes colocs en pleine nuit à cause de Dvorák
2 : Dire “Bordel de culs”.
3 : Écouter les craquements de la maison à cause du vent.
4 : Manger jusqu’à avoir envie de vomir, mais toujours bien entouré !
5 : Boire jusqu’à avoir envie de vomir, mais toujours bien entouré !
6 : Inhaler du proto jusqu'à avoir envie de reprendre mon souffle à sa bouche.
7 : Me dire qu’elle ne m’aimera jamais et se satisfaire de cette pensée.
8 : Traîner en peignoir samedi ET dimanche. Un bon livre dans une main, un bon vin dans l’autre.
9 : Entendre mes colocs ronfler en haut et être en train de travailler en bas.
10 : Savoir que 10 s’écrit 1010 en binaire.
11 : Hurler “Who let the dogs out, WHOOF, WHOOF, WHOOF, WHOOF” comme un idiot alors que le chien de ces conards de voisins aboie.
12 : Dessiner des grosses bites au crayon à papier comme un collégien. Les montrer à mes amis plus bas dans l’amphi alors que le prof déblatère sur l’algo de Bellman-MesCouilles.
13 : Le son du oud, du café versé et les fins craquements des baklavas entre mes doigts et mes dents.
14 : Apprécier Diogène et se dire qu’il n’est nul “cave canem” à craindre.
15 : Se souvenir de tout, des visages, des noms, des sourires les gestes et savoir pourtant que tout cela n’est rien.
16 : Si ce n’est pas en peignoir, c’est en pyjama totoro !
17 : Faire l’exercice : 7 pas , demi-tour, 6 pas, demi-tour, 5 pas, demi-tour, 4 pas, demi-tour, 3 pas, demi-tour, 2 pas, demi-tour, pas, demi-tour, pas, demi-tour, 2 pas , demi-tour, 3 pas, demi-tour, 4 pas, demi-tour, 5 pas, demi-tour, 6 pas, demi-tour, 7 pas, demi-tour. Réussir. Recommencer.
18 : Comprendre le sens d’une pièce absurde et dire à l’auteur “Va bien te faire enculer sale bâtard” dans sa tête. Et s’endormir. (Marche aussi avec ce petit fils de pute de Poe).
19 : Savoir que j’aime faire au moins 19 trucs. Arriver en bas de page de google docs.
20 : Savoir qu’à cette heure, je suis déjà ivre.
21 : Savoir qu’à cette heure, je dors déjà sur le canapé alors que les invités arrivent.
22 : Savoir qu’à cette heure, elle n’est pas ailleurs qu’ici.
23 : Savoir qu’à cette heure, j’ai tiré quelques lattes, et qu’elle aussi.
24 : Ne plus rien savoir, vomir pour de bon et ramper jusque dans mon lit, puant l’herbe, le shit, la clope, la sueur et la bière.
25 : Raconter que “ l’intelligence, c’est savoir que la tomate est un fruit. la sagesse c’est de ne pas en mettre dans une salade de fruits”.
26 : Voir dans le futur après 750 ml de café. Regretter mon geste et me maudire toute la nuit parce que je ne peux pas fermer l’œil.
27 : Connaître sur le bout des doigts les biographies de Murat, Kléber et Lasalle.
28 : Le Liban ! Suis-je bête. Et savoir le placer sur une carte.
29 : L’arak. Allongé, un volume de sueur pour trois ou quatre d’eau. Et des glaçons, deux pas plus.
30 : Balader les chèvres entres les oliviers et les figuiers. S’épuiser à les suivre et se reposer à l’ombre quelques instants. Recommencer.
31 : Jurer en arabe. “Ma chance est une sœur de salope”.
32 : Se rappeler de son grand père, se demander comme il va. Pleurer un peu.
33 : Aimer en arabe. “Puisses-tu m’enterrer”.
34 : Se rappeler de grand mère, savoir qu’elle ne souffre plus. Pleurer un peu.
35 : “Les mythologies, les mythes et les légendes.” J’ajouterais “et connaître leurs significations”.
36 : La seule Sainte Trinité : Sénèque, Marc Aurèle et Épictète.
37 : L’ataraxie.
38 : Entendre le bruit des dés rouler sur une table en bois brut.
39 : Les longues journées d’été au Liban. L’ombre et l’eau.
40 : Dire pudiquement que “j’ai l’œil qui mouille” quand je lis Gibran. Les textes simples, courts mais puissants.
41 : Dormir sur le canapé parce que j’ai la flemme de monter quatorze marches pour aller dans ma chambre. Être un gentil conard feignant parfois.
42 : Facile : Réponse Universelle !
43 : Sentir son corps endolori. Combattre ce sentiment, poursuivre jusqu’à tomber de fatigue. Vouloir dormir le lendemain alors que le réveil sonne.
44 : Se dire : “Chose promise, chose due”.
45 : Se dire : “Ça, c’est vraiment du travail d’arabe” quand j’ai eu 5 à un partiel. En rire.
46 : Gainsbourg : le jour.
47 : Brassens : quand j’en pince ?
48 : L’esprit de escalier (en colimaçon). Je finis toujours par me casser la gueule en bas…
49 : Dire “C’est du vice” en parlant des choses.
50 : Dire “C’est un appel au crime” en parlant des femmes.
51 : Réunir mes amis, lancer des grivoiseries à tout-va. Pizzas, bières, jeux vidéo. À l’étage, c’est l'olympe, nectar et ambroisie.
52 : Savoir que quelque part dans ma chambre, j’ai ma cartouche avec les 151 pokémons.
53 : Voir qu’il est déjà tard. Se dire “Deux mots : Balais, Couilles”.
54 : Prokofiev, Mussorgsky, Saint-Saëns, Schubert. Faites de beaux rêves.
55 : Savoir que le mont chauve, ce n’est pas une station de ski…
56 : Remarquer qu’à 51, je n’ai pas fait de blague sur le pastis. Le regretter, le goût de l’anis dans la bouche.
57 : Se demander pourquoi on s’appelle comme ça. Se souvenir que c’est une blague entre mes deux parents. Sourire quand même.
58 : Se soustraire aux salamalecs, aux congratulations et aux politesses mondaines. Je sais me faire jouir tout seul.
59 : Mucha ! Voilà un homme amoureux !
60 : Mon premier larcin ! De l’argent aux parents, ils le cherchent encore d’ailleurs.
61 : Comprendre le sens d’une pièce en plein milieu de sa représentation. Merde, je suis sur scène.
62 : Apporter de la nourriture à table en disant : “ Prenez et mangez, ceci est mon corps donné pour vous”. Rire et blasphémer, c’est être malin par deux fois !
63 : Ma trop forte propension à crier “Comme ma bite”. Suis-je puéril ?
64 : Ma prime jeunesse passée devant une nintendo avec mon meilleur ami. Nous avions élevé la glande au rang d’art. Que reste-t-il aujourd’hui ? Des souvenirs forts comme l’airain !
65 : Je n’ai pas souvenir d’avoir bu quelque chose de plus fort !
66 : Mon sac à dos. Ma seconde peau.
67 : Et mon écharpe. Avec ça, à moi le monde !
68 : Merde j’ai oublié mon casque et mon livre !
69 : Héhéhéhé. J’ai bien 6 ans d'âge mental.
70 : Les lendemains de soirée. Même si elle n’est plus là.
71 : Passer le balais parmi les cadavres, la bouche encore pâteuse.
72 : Coder pendant des heures. Compiler et voir si ça fonctionne. Célébrer intérieurement et poursuivre.
73 : Le premier métro de la journée. Luxe antépénultième !
74 : S’endormir en musique. Luxe pénultième !
75 : Ne pas connaître son numéro de portable. Luxe ultime !
76 : Entendre son cœur battre parce qu’il est 4h du matin et que tout le monde dors. Enfin presque.
77 : Parler avec des étrangers. Non ! Préférez la formule : Parlez avec des étrangers.
78 : B.I.T.E. : Brigade d'Intervention Théâtrale Étudiante !
79 : Se poser des questions très très cons comme par exemple : ” Personne n’a eu l’idée de faire un yaoi avec Chirac et Raffarin ?”
80 : 1,2,3,4,5,6,7,8,9,A, B, C, D, E, F. Prends toi ça dans la gueule Franklin !
81 : Réveiller ses colocs en ouvrant violemment leur porte et gueuler : “Ma bite sur ton front sale bâtard”.
82 : Parier des restaurants sur les performances sexuelles de ses colocs et manger à l’œil. Ne pas oublier de remercier le pauvre bougre en l’appelant Lucky Sperm, l’homme qui éjaculait plus vite que son ombre.
83 : Hurler de rire sans aucune raison à cause du proto.
84 : Faire la cuisine. Pour un comme pour plusieurs.
85 : Crier “CHAMPION !” Lorsqu’un coloc emmène une fille dans sa chambre.
86 : La discrétion et l’ironie.
87 : Le beer pong. Le sport des champions… et des ivrognes.
88 : Le parfum de la femme qu’on aime.
89 : Chanter la digue du cul, fanchon et l’internationale une fois ivre. Dans l’ordre !
90 : Quand les gens se souviennent de toi mais pas l’inverse. Accuser l’alcool.
91 : Avoir l’impression d’être alcoolique en écrivant un texte.
92 : Le suc des figues qu’on ouvre en deux avec les pouces.
93 : Discuter des heures. Penser à demain. Ne jamais se contenter d’un “Ça pourrait être pire” et répondre “Ça pourrait être bien mieux”.
94 : L’enthousiasme.
95 : Savoir que tout est éphémère, que tout a une fin. Mais vivre quand même.
96 : Penser aux autres mais pas à tout !
97 : Ne pas être fier de ce que j’ai mais heureux de ce que j’ai vécu.
98 : Remarquer que la phrase précédente est bien trop sérieuse.
99 : Le tarbouche qui m’a été offert. Symbole simple et honnête comme le paysan libanais qui le portait avant moi.
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