Arf je ne sais pas
Un jour, on a demandé à Keanu Reeves ce qu’il y avait après la mort.
Il a répondu : « Ceux qui nous aiment vont nous manquer. »
Cette phrase m’est restée.
Pas pour ce qu’elle dit de la mort, mais pour ce qu’elle révèle de la vie.
Ce besoin de croire qu’on laissera quelque chose derrière. Une empreinte. Un vide.
Quelqu’un, quelque part, pour qui notre absence aurait un poids.
C’est peut-être ça, le moteur.
Pas la peur de mourir, mais la peur d’être effacé.
La peur que tout ce qu’on est, tout ce qu’on a été, disparaisse sans un écho.
Qu’un jour, il n’y ait plus personne pour se souvenir, plus personne pour pleurer.
Et pourtant, c’est cette idée-là — celle qu’on puisse manquer à quelqu’un —
qui me donne, parfois, la force de continuer.
Comme si l’amour des autres pouvait repousser, un instant, le néant.
Alors peut-être que le néant, ce n’est pas un lieu.
Peut-être que le néant, c’est juste ça :
une absence d’amour.
Un vide interminable, sans regard posé sur nous, sans voix pour nous nommer.
Un silence si profond qu’on en vient à douter d’avoir existé.
Mais parfois, au creux de cette obscurité, quelque chose revient.
Un souvenir. Une main. Un rire.
Et l’écho fragile d’un moment où quelqu’un nous a aimés.
Et c’est là que tout bascule.
On réalise qu’on n’a pas été rien.
Qu’on a compté. Ne serait-ce qu’une fois. Pour une personne.
Et peut-être que ça suffit.
Peut-être que c’est ça, notre lumière contre le néant.
Une seule trace d’amour.
Infime. Mais réelle.
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