XX
C'était, après les torrents,
Après l'ascension des cieux,
Après le béant cratère
Aux fumerolles serpents
Une veine de feu bleu.
Un fleuve ; marée solaire.
Par ses moires envoûté
À en oublier le soufre
Érodant mes mains tendues
J'y ai supplié toucher
La flamme. Le fond du gouffre
Ce bout d'illusion perdue.
Lune imposait son reflet
Étirait la nuit mourante
Face à l'éveil de l'aurore ;
Empris les astres luttaient
Entre l'encre et l'ombre ardente,
Malsaine, sélène d'or.
Les nues n'en pouvaient tarir
L'empyr menaçant, l'hybris
D'usurper la Dïestelle ;
Elle a tué leurs soupirs.
Son halo était abysse,
Et son abysse cïel.
Un cri porté d'hors, du vide
Élan de toute radiance !
Embrassait, en incendie,
Les nimbus, toiles livides ;
Tressant fières flamboyances
Feu ; un cocon d'ambre ourdi.
Ainsi les astres rivaux
Dans leur lutte millénaire
Pesaient. Infimes étoiles,
Infime moi, chétifs halos
Piégés ; bien veules poussières.
Lune enfin perdait son voile.
Un tombeau de vapeurs
Émanations de l'abîme
Achevait, dans le lac cyan
Sourd, d'engloutir son ardeur.
Soleil, dans l'éther sublime
Annonçait règne volcan.
Déjà tuaient ses rayons
Fuyaient les hères, ses dards
Plantés projetaient nos spectres
Nos silhouettes, oraisons,
Dessus l'écran des brouillards ;
Tous prosternés pour l'Électre
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