Le tambour
La peau du tambour
Résonne clairement
Dans l’eau du thé encore tiède du jour
Dans les buissons d’épines et dans les braises orangées
Des braséros mordorés qui nourrissent le ciel de fumée
Autour d’une source des hommes hachent les souches
Du vieil acacia mort ils feront des calumets
Qui fumeront en rêvant aux dents sans bouches
Vautours dont le sang gris fait crisser les racines
Profondes comme les sacs
Que les dos fessus épuisent sur le sol
Sur cette terre ligneuse et crevassée
La peau tendue de l’abdomen
Assoupie sous la lumière des lampes à arc
Résonne sourde sous la cognée
Alors que l’adolescent bande l’arc des sourcils
Vers le ciel au crépuscule crépu
Ecoutant le vent pleurnicher dans les bambous
Comme le fouet du maître cingle de son ire le fainéant
Hérissant le dos bossu des maisons de boue
Les enfants s’éparpillent devant les buts du terrain sec
Cimetière rempli de leurs dribbles inachevés
Comme les grains de maïs hors des calebasses brunes
Emportés par les bras fourchus d’une mère
Comme un tas de pommes de terre qui dévale la pente
Dans un vent de chants fuligineux
Ils s’en vont en sifflant les vieux airs de la guerre du père
Entre les flamboyants le linge humide et la rivière courent
Comme des éléphants après un ballon céleste
Tout au bas d'une vallée aux collines bleues innommées
Quand le cuir des morts enflammés se détend
Le tambour bourdonne au loin là-haut comme un essaim
Il est la parole rebondie du temps
Cherchant son lieu dans le creux d'une paume
Il est la couleur oubliée du sang
Dans le blanc de l'oeil de la nuit
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