Changement de plan

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- Alors mon petit jeu t'intéresse, jeune homme ?

Sa voix était brûlante, son regard étouffant et son aplomb excitant. J'avais l'esprit embrouillé par cette invitation.

- Oui, madame.

- Tu m'en vois toute mouillée, jeune homme. Alors commençons par la chose dont bientôt tu ne pourras plus te passer.

Elle joua avec sa culotte dans la main, la faisant tournoyer entre ses doigts avec une désinvolture calculée. Ses yeux ne quittaient pas les miens, comme pour s'assurer que chaque mouvement, chaque geste, était bien enregistré dans mon esprit. Elle s'approcha lentement, réduisant l'espace entre nous jusqu'à ce que je puisse sentir la chaleur de son corps. Avec un sourire en coin, elle leva la culotte à hauteur de mon visage, me montrant délibérément le côté qui avait été en contact avec son sexe.

- Regarde bien, dit-elle d'une voix basse et rauque. C'est ici que tout commence. L'odeur d'une femme, c'est comme la bière. Au début, ça rebute, c'est étrange, mais ensuite tu deviens accro. Tu me quémanderas mes culottes, tu en voudras toujours plus. Elle est aussi moite et sale que tu peux l'imaginer par ces chaleurs étouffantes d'été.

Elle fit une pause, savourant l'effet de ses paroles sur moi.

- Avec moi, tu ne vas pas découvrir la baise Disney, non. Je vais t'enseigner la baise bien sale, la suintante. Celle qui te marque à jamais. Alors j'espère que tu es prêt, jeune homme, parce que ce voyage ne fait que commencer.

-Oui, enfin je crois, répondis-je, la voix tremblante

- T'en fais pas, je saurai être douce, murmura-t-elle, ses lèvres effleurant presque mon oreille.

D'un pas mouvement rapide, elle plaqua sa culotte moite sous mon nez.

- Mais ce n'est pas dit que je le sois. Maintenant, inspire et laisse-toi aller. Pour ta première fellation, j'avalerai tout.

Deux semaines plus tôt

- Oui allô, Isaac tu m'entends ?

- Oui madame.

- T'as pas de nouvelles de mon Maxou ?

- Non, d'ailleurs il n'est pas connecté sur l'ordi.

- D'accord, dis-moi si t'as des infos, normalement il est déjà rentré à cette heure-là.

- Je vous tiens au courant si j'ai des nouvelles, madame.

- Merci Isaac, au revoir.

C'est vrai qu'après le lycée, en général, Max était connecté avant moi sur l'ordi pour jouer ensemble. C'était la fin de notre deuxième année de première. On s'était mis d'accord pour redoubler la première fois car il y avait de plus grandes vacances l'été et que la vie n'était pas si mal comme ça: lycée, ordinateur, lycée. On était les deux geeks et on n'en avait rien à faire.

Mais là, c'était étrange qu'il ne soit pas encore connecté. En fait, il ne s'était pas connecté de la soirée et à minuit j'ai reçu un autre appel de sa mère.

- Isaac, c'est pour te dire que Maxou est à l'hôpital, il s'est fait percuter par une moto.

Elle qui avait la voix stricte et dure en général semblait déstabilisée. Elle me faisait peur, sa mère.

- Oh merde, rien de grave ?

- D'après le premier examen non, mais il a plusieurs fractures, ils vont devoir faire plus d'analyses.

- Si il faut un truc, vous me dites.

- Non ça ira merci, je te tiens au courant, son téléphone est cassé.

Ça devait bien être la première fois depuis deux ans que je jouais seul à l'ordi toute une nuit. Et la journée au lycée le lendemain etait interminable. Personne à qui parler de jeux vidéo ou de muscu. Personne ne demanda où était Max. En vrai, on était totalement invisibles au lycée. Ça ne nous dérangeait pas, on avait notre vie. On avait quand même calé la salle de sport, en se disant qu'avec ça on serait baraqués pour l’été, et étonnamment on avait gardé le rythme pendant six mois.

Le lycée n'était pas loin de l'hôpital, je m'y suis rendu et notre plan drague sur la plage semblait quelque peu à tomber à l'eau. Max avait les deux jambes fracturées et quelques côtes fêlées.

- Je peux toujours jouer, les bras ne sont pas touchés.

Il n'avait pas perdu le nord en tout cas. Sa mère était dans la pièce à se ronger les ongles, Max était fils unique au père inconnu aux dernières nouvelles.

- Il y a plus simple comme méthode pour sécher la dernière semaine de classe.

- Je vais sûrement être cloué dans mon lit pour presque tout l'été.

- Ça ne devrait pas trop te gêner, ajouta sa mère.

- On avait des plans, man.

- Draguer sur la plage en parlant de League of Legends et Minecraft ? Les chances de réussite étaient faibles les garçons, très faibles, même en ayant fait de la muscu.

Elle n'avait pas entièrement tort sur ce coup-là.

Je restais dans sa chambre quelque temps avant de rentrer. Le lendemain, j'ai simulé mon plus beau mal de dos chez le médecin familial pour me faire éviter l'interminable dernière semaine de cours au lycée, sans grande difficulté. Ma famille était VIP chez le docteur Meccard. En même temps, des familles de sept gamins, ça ne court pas les rues. Ma mère a dû passer je ne sais combien de temps dans son cabinet avec notre capacité incroyable à être malades. Et cerise sur le gâteau, c'est lui qui avait fait office de sage-femme pour moi, accouchement express et il était présent. Alors avec moi, il me refusait rarement les arrêts maladie pour l'école, comme le jour de la sortie de l'extension de WoW où j'avais gratté une semaine de geekerie intensive.

L'été dans ma famille, c'était un système étrange. Mes parents partaient avec les trois plus petits un mois au camping, les deux autres étaient relégués chez les grands-parents et moi, avec ma grande sœur, on gardait l'usine à bave qu'était notre berger des Pyrénées. Après, dur de se plaindre quand on a le lac d'Annecy à 20 minutes en vélo. Mais clairement, j'y allais pas souvent avec Max. Notre vie était liée par une connexion internet, un casque avec micro et les jeux vidéo.

Il sortit de l'hôpital après quatre jours, obligé d'être alité et chargé avec des médicaments contre la douleur. Ce con ne pouvait pas s'asseoir sur une chaise, les jeux sur ordi c'était mort. Je devais aller chez Max pour jouer à la console à deux. Sauf qu'il n'avait pas de console et je n'allais pas rester seul à jouer chez moi.

Je récupérai la console de salon chez moi que personne n'utilisait et mon écran d'ordinateur d'une taille proche d'une petite télé. Je fixai le tout dans une valise rembourrée en serviette pour ne rien abîmer, plus des jeux qui se jouent à plusieurs et c'était parti pour vingt minutes de vélo pour rejoindre l'estropié avec mon vélo à l'équilibre des plus douteux. Mais miraculeusement je suis arrivé à sa maison que j'ai toujours trouvée improbable. Sa mère solo est professeur dans notre lycée alors que la maison devait coûter une blinde avec piscine et vue lac au loin. Mais je n'ai jamais cherché à savoir comment, Max non plus d'ailleurs tant qu'internet fonctionnait on avait à peu près tout ce qui nous fallait pour subsister.

J'arrivais à dix heures chez Max, sa mère en maillot de bain deux pièces bronzait au bord de la piscine un catalogue quelconque entre les mains

- Bonjour Isaac. Elle regardait mon convoi douteux attaché à mon vélo.

- Bonjour madame.

- Si vous deux vous mettiez autant d'énergie à l'école que pour trouver des moyens de jouer à des jeux vidéo ensemble vous seriez des génies.

- On doit être des génies incompris.

- Pas qu'un peu alors, il est dans sa chambre.

Je posais mon vélo dans un coin et montais la valise à l'étage dans la chambre immense de Max. Il avait fière allure avec ses plâtres et ses tuyaux dans les bras.

- On va pas se laisser abattre, une Gamecube et Smash Bros d'autre question ?

- Viens prendre ta branlée par un estropier.

Bon d'abord il fallait installer l'attirail, trouver une rallonge qui traîne, brancher les câbles et une fois le tout branché on pouvait commencer à faire ce qu'on savait faire le mieux jouer et dire des conneries sans voir le temps passer.

C'est drôle je lui ai jamais demandé comment il s'était fait percuté ce con, en vrai je m'en foutais et lui aussi à mon avis.

- Putain t'abuses quand même, toute ces séance de sport pour rien, et la whey c'est bien dégueu quand même.

- En vrai on y serait jamais allés a la plage.

- C'est pas faux, putain il est claqué ton perso.

- Tu sais pas jouer c'est tout.

- Tu sais si on passe en terminale t'as mère t'as rien dit ?

- Si normalement on passe, ils sont bien au courant qu'on est juste des branleurs.

- À ce stade on a professionnalisé l'art de rien foutre

Il y'a juste un paramètre que je n'avais pas pris en compte, Max était bourré au médoc et après trois heures à se foutre sur la tronche à Smash Bros il s'endormit complètement claqué.

J'en profitais pour descendre, j'allais rentrer chez moi pour manger puis revenir. Sa mère était dans la cuisine, toujours en maillot sa tenue d'été il semblerait.

- Tu veux manger un truc ?

- Je vais aller chez moi, vous en faites pas.

- Vous connaissant, tu vas rester tout l'été ici avec lui à jouer. Et même si ça me tue de le dire, ça me fait plaisir qu'il ne soit pas seul. Je peux bien te nourrir et t'héberger. Je suis bloquée ici vu son état, alors bon, je vais pas te faire faire des allers-retours pour manger des pâtes avec ta sœur.

Aussi improbable que cela puisse paraître, ma mère s'entendait très bien avec celle de Max et elle était tout à fait au courant de ma situation familiale nombreuse, plus proche de la garderie géante sans trop de règles une fois les huit ans passés.

Elle sortit du congélateur deux plats congelés.

- Par contre, je ne suis pas la plus grande cuisinière.

- Ça ira très bien, ne vous en faites pas.

Elle sortit deux bières du frigo.

- Je vais pas en prison si je te passe une bière ?

- Aux dernières nouvelles, je suis majeur.

On alla sur la table extérieure en plein soleil et sous une chaleur à crever.

- Tu sais, tu devrais essayer le bronzage. Le blanc cachet d'aspirine, ça fait un peu maladif.

- Ça serait une concurrence déloyale avec vous, je serais trop vite bronzé et le blanc maladif me va bien au teint.

- Je me suis toujours dis que vous êtes des jumeaux égarés avec mon Maxou. Flemmards au possible et un talent inné pour se faire passer pour plus cons que vous ne l'êtes.

- On y travaille dur pour être comme ça, c'est pas de tout repos, je vous assure.

- Je veux bien le croire. Au moins, je suis sûre qu'aucune fille n'entre dans cette maison.

- C'est plus par esprit sportif qu'on fait ça. Si on draguait les filles, les autres n'auraient aucune chance.

Elle rit à mes conneries.

- Il m'a sorti mot pour mot la même phrase y'a pas deux semaines.

- C'est moi qui lui ai dit un soir en jouant, je vais mettre des copyrights.

- J'espère que ça ne gâche pas trop vos plans de cet été. Il n'arrêtait pas de me parler que cette été il allait pécho, un grand naïf mon Maxou, mais j'ai pas à me plaindre, il me parle de tout.

- De tout ?

- Oui, je suis au courant de vos magouilles pour avoir redoublé l'année dernière, de vos plans foireux pour draguer et à peu près tout ce qui se passe au lycée.

- Vous êtes prof, ça aide aussi.

- Aussi, mais je suis contente d'avoir toujours un lien avec mon fils. Ce n'est pas le cas de tout le monde à cet âge-là. Surtout avec des pseudo-adultes qui connaissent mieux Minecraft que comment faire cuire des pâtes.

- C'est facile, ça. On met les pâtes dans une casserole, on attend que ça boue, puis il faut mettre l'eau.

Elle leva les yeux au ciel, l'air amusée. C'est toujours étrange, la relation avec une professeur du lycée. Elle était la définition de la prof que tout le monde déteste : stricte, dure, mauvaises notes à gogo et plutôt intraitable. Alors la voir ici en maillot de bain à me parler normalement était déstabilisant.

- Y'a une chambre d'ami si tu veux dormir ici.

- Merci, mais cette semaine, c'est mon tour de m'occuper de l'usine à bave. Je le sors le matin et le soir. La journée, il fait trop chaud avec sa quantité improbable de poils.

- T'alternes avec tes frères et sœur ?

- Juste ma grande sœur.

- Mon seul regret de pas avoir eu deux enfants pour que Maxou soit moins seul.

- Six frères et sœurs, c'est pas mieux. Après, on est chelous chez moi. Avec ma grande sœur, on a jamais eu aucun lien et ce depuis tout petits, et les autres, bah c'est pareil. On est la fratrie la moins fraternelle au monde, je crois.

- Ça, on choisit pas sa famille, il faut faire avec.

- Je vais pas me plaindre, au moins on est tranquilles.

- C'est une façon de voir les choses. Un dessert ?

- Non, ça ira, merci.

Elle se leva, partie chercher un yaourt, et je ramenais nos assiettes vides que je mis dans le lave-vaisselle. Je fis chauffer une sorte de soupe pour Max, avec ses côtes fêlées, il devait éviter les mouvements de mastication et se contenter de manger liquide.

- Merci pour le repas, je vais Falco Punch encore un peu Max et profiter qu'il soit dans le jus pour lui mettre la pâtée.

- Falco Punch autant que tu veux, dit-elle en retournant sur son transat.

Il fallait avouer qu'avec les médicaments, c'était un peu trop simple de lui mettre la pâtée à Smash Bros. Alors on réfléchit à comment installer nos deux PC, deux écrans, des manettes pour jouer à Minecraft à deux. Le lendemain, j'avais qu'à ramener mon PC pour finaliser notre installation de fortune et de quoi faire un serveur local de jeux. Sa mère n'avait pas tort : pour trouver des moyens de jouer, on pouvait faire preuve d’inventivité.

Je rentrais plutôt tôt, Max était crevé. Je promenais un long moment l'usine à bave qui semblait pas outre mesure emballée par sa balade. Il faisait vraiment trop chaud pour lui et à peine rentré, il retourna à son spot favori, nez face au ventilateur, tête sur le carrelage.

Je préparais un nouveau serveur Minecraft sur mon PC appelé “étéaulit”. Avant de me faire cuire des pâtes et aller me coucher, je reçus un message de la mère de Max :

- Demain matin, je vais faire le plein de plats congelés. T'as des préférences ?

- Je suis pas difficile, ne vous en faites pas, mais j’aime bien la glace vanille.

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